Une entente provisoire entre Postes Canada et son deuxième plus grand syndicat a évité ce qui aurait pu être une perturbation importante du service postal dans les régions rurales du Canada. La société d’État a annoncé hier soir qu’elle avait conclu une entente avec l’Association des officiers des postes du Canada (AOPC), qui représente environ 5 400 travailleurs qui exploitent des bureaux de poste dans les communautés rurales.
Après des mois de négociations de plus en plus tendues, la percée est survenue quelques jours seulement avant un arrêt de travail potentiel qui aurait touché des centaines de petites communautés où les bureaux de poste servent de centres de services essentiels.
« Pour de nombreux Canadiens ruraux, ces bureaux de poste ne sont pas seulement des centres de courrier – ce sont des bouées de sauvetage communautaires, » a déclaré Michelle Bergen, présidente nationale de l’AOPC, dans un communiqué suivant l’annonce. « Nos membres méritent des conditions de travail qui reflètent leur importance pour ces communautés. »
L’entente, qui doit encore être ratifiée par les membres du syndicat, aborde plusieurs préoccupations clés qui étaient devenues des points d’achoppement lors des négociations. Des sources proches des pourparlers indiquent que l’amélioration des salaires, de meilleures dispositions de sécurité d’emploi et des améliorations de la sécurité au travail figurent parmi les composantes de l’accord.
Les services postaux ruraux ont fait face à des pressions croissantes ces dernières années. Selon les données de Statistique Canada, environ 22 % des Canadiens vivent dans des zones rurales où les options de service alternatives sont limitées. Un rapport parlementaire de 2023 sur les services ruraux a noté que dans plus de 1 200 communautés, le bureau de poste local représente la seule présence du gouvernement fédéral.
Jan Simpson, présidente du Syndicat des travailleurs et travailleuses des postes (STTP), qui représente les travailleurs postaux urbains dans le cadre d’une entente distincte, a exprimé sa solidarité avec l’AOPC. « Cette entente provisoire reconnaît les défis uniques auxquels sont confrontés les travailleurs postaux ruraux qui opèrent souvent avec moins de ressources tout en desservant des communautés étendues, » a déclaré Simpson aux journalistes.
L’entente fait suite à une série de tensions de travail à Postes Canada. L’an dernier, la société a déclaré une perte de 187 millions de dollars avant impôts, citant la baisse des volumes de courrier et l’augmentation des coûts opérationnels. Les pressions financières ont compliqué les négociations de travail, la société d’État tentant d’équilibrer les engagements de service et les réalités fiscales.
Le ministre fédéral du Travail, Seamus O’Regan, a félicité les deux parties d’être parvenues à un accord sans perturbation de service. « Les Canadiens comptent sur le service postal, surtout dans les communautés rurales et éloignées. Cette entente assure la continuité tout en respectant le processus de négociation collective, » a déclaré O’Regan dans un communiqué.
Pour des communautés comme Millbrook, en Nouvelle-Écosse, où le bureau de poste dessert environ 2 500 résidents, l’accord apporte une certitude bienvenue. Eleanor MacPherson, résidente locale, a exprimé son soulagement à cette nouvelle. « Quand on est à une heure de la ville, le bureau de poste n’est pas seulement agréable à avoir – il est essentiel, » a-t-elle déclaré lors d’une réunion communautaire à laquelle j’ai assisté la semaine dernière. « C’est ainsi que nous recevons des médicaments, des documents importants et restons connectés. »
L’accord survient au milieu de questions plus larges sur l’avenir de Postes Canada. Un examen de 2022 par le gouvernement fédéral a identifié des défis de modernisation et recommandé une plus grande diversification des services, particulièrement dans les localités rurales où les bureaux de poste pourraient potentiellement offrir des services gouvernementaux élargis.
Le ministre des Services publics, Jean-Yves Duclos, a indiqué que le gouvernement voit de la valeur dans le réseau rural de Postes Canada. « Cette entente provisoire préserve un modèle important de prestation de services pendant que nous continuons d’explorer comment ces emplacements peuvent mieux servir les Canadiens, » a noté Duclos dans une déclaration.
Les défenseurs ruraux soutiennent depuis longtemps que les services postaux représentent plus que la livraison du courrier – ce sont des ancres économiques. L’Association des municipalités rurales estime que chaque bureau de poste rural soutient environ 3 à 7 emplois supplémentaires dans les communautés environnantes grâce à l’activité économique indirecte.
Bien que les détails de l’accord restent confidentiels en attendant la ratification, le porte-parole de Postes Canada, Phil Legault, a confirmé que l’accord serait en vigueur pendant quatre ans s’il était approuvé. « Cette entente offre une stabilité pour nos opérations tout en reconnaissant le rôle important que jouent nos maîtres de poste ruraux et leurs assistants dans le service aux Canadiens, » a déclaré Legault.
L’accord ne résout pas tous les défis auxquels Postes Canada est confrontée. La société continue de naviguer dans des modèles de courrier changeants, avec des volumes de colis augmentant de 21 % au cours des trois dernières années tandis que le courrier-lettre a diminué de près de 17 % durant la même période, selon leur plus récent rapport annuel.
Pour des résidents comme Frank Davidson à Cochrane, en Alberta, la continuité du service importe plus que les défis corporatifs. « Ma petite entreprise expédie des produits à travers le Canada. Sans notre bureau de poste local, je devrais conduire 45 minutes dans chaque sens jusqu’à la ville, » a expliqué Davidson lorsque je lui ai parlé des services postaux ruraux le mois dernier.
Les membres de l’AOPC voteront sur l’entente provisoire au cours des prochaines semaines, avec des résultats attendus début octobre. Si elle est ratifiée, l’entente remplacerait immédiatement le contrat précédent qui a expiré en décembre 2023.
Alors que le paysage démographique du Canada continue d’évoluer, avec la migration urbaine affectant les communautés rurales, le rôle d’institutions comme les bureaux de poste locaux devient de plus en plus important pour maintenir la viabilité rurale. Cette entente, bien qu’elle concerne principalement les conditions de travail, soulève finalement des questions plus larges sur l’équité des services à travers la vaste géographie du Canada.
L’entente provisoire démontre que même dans un monde de plus en plus numérique, l’infrastructure de service traditionnelle reste vitale pour le bien-être communautaire – particulièrement dans les régions où les alternatives sont peu nombreuses et les distances sont grandes.