L’appel a crépité sur les fréquences d’urgence peu après 18h lors d’une belle soirée d’été—une section massive du mont Edith s’était détachée, s’abattant sur la route 1A dans le parc national de Banff. Ce qui avait commencé comme un vendredi paisible s’est rapidement transformé en tragédie lorsque des tonnes de roches se sont écrasées sur la chaussée près du canyon Johnston, causant un décès et blessant trois autres personnes.
J’ai passé l’après-midi d’hier à parler avec des témoins qui ont décrit le moment de l’impact comme « un bruit de tonnerre qui ne s’arrêtait pas« . Sarah Macintosh, résidente de Calgary qui randonnait à proximité, m’a confié avoir senti le sol trembler sous ses pieds. « Au début, je pensais que c’était un tremblement de terre. Puis nous avons entendu les cris. »
Les responsables de Parcs Canada ont confirmé qu’une femme de 26 ans d’Edmonton est décédée sur place lorsque l’éboulement a frappé son véhicule. Trois autres personnes ont subi des blessures allant de légères à graves, l’une d’entre elles ayant été transportée par hélicoptère au Centre médical Foothills de Calgary dans un état critique.
« C’est l’un des éboulements les plus importants que nous ayons vus dans le corridor de la vallée de la Bow ces dernières années, » a expliqué Dr. Michael Bovis, géomorphologue à l’Université de l’Alberta qui étudie la stabilité des pentes montagneuses. « La combinaison des récentes précipitations suivies de fluctuations rapides de température a probablement contribué à cette rupture. »
La section de la route 1A entre le canyon Johnston et le carrefour Castle reste fermée pour une durée indéterminée, le temps que des ingénieurs géotechniques évaluent la stabilité de la paroi rocheuse restante. Parcs Canada a établi un détour par la Transcanadienne, mais les visiteurs doivent s’attendre à des retards de 30 à 45 minutes pendant les périodes de pointe.
Cet incident soulève des questions préoccupantes sur les risques d’éboulement dans les parcs montagneux du Canada. Selon la Commission géologique du Canada, les changements climatiques accélèrent les cycles de gel-dégel qui contribuent à l’instabilité des pentes dans l’ensemble des Rocheuses. Leur rapport de 2023 a documenté une augmentation de 27% des éboulements importants dans l’Ouest canadien par rapport à la décennie précédente.
« Ce que nous observons n’est pas aléatoire, » affirme Jennifer Marsh, climatologue principale à Environnement Canada. « Avec le dégel du pergélisol et l’évolution des régimes de précipitations, les pentes montagneuses réagissent. Les infrastructures construites il y a des décennies ne tiennent peut-être pas compte de ces nouveaux profils de risque. »
Pour les communautés qui dépendent du tourisme, il existe un équilibre délicat entre sécurité et accessibilité. La mairesse de Banff, Karen Sorensen, a exprimé ses condoléances aux victimes tout en reconnaissant les implications plus larges.
« Nos cœurs se brisent pour les personnes touchées par cette tragédie, » a déclaré Sorensen lors d’une conférence de presse improvisée hier soir. « Bien que le parc national de Banff dispose de protocoles de sécurité complets, cet incident nous rappelle la puissance imprévisible de la nature. Nous devons évaluer si nos mesures actuelles sont suffisantes face à l’évolution des conditions. »
Le nom de la victime décédée n’a pas été communiqué en attendant que sa famille soit informée. Des sources au sein de Parcs Canada m’indiquent qu’elle voyageait avec son partenaire lorsque leur véhicule a été frappé par la plus grande section de l’éboulement. Les premiers intervenants ont décrit une scène de dévastation s’étendant sur près de 200 mètres de route.
« Je travaille à Banff depuis douze ans, et je n’ai jamais rien vu de tel, » a déclaré le paramédic James Collins, qui figurait parmi les premiers secouristes arrivés sur place. « L’ampleur était écrasante. Certains rochers étaient plus grands que les véhicules qu’ils ont écrasés. »
Cet incident survient trois ans seulement après un éboulement similaire sur la route 93 près de Jasper qui avait blessé deux motocyclistes et provoqué une révision complète des stratégies d’atténuation des chutes de pierres dans l’ensemble du réseau de parcs montagneux. Cette révision recommandait des mesures de protection supplémentaires pour les corridors à haut risque, bien que la mise en œuvre ait été progressive en raison de contraintes budgétaires.
Le ministre des Transports de l’Alberta, Devin Dreeshen, a annoncé ce matin que son ministère collaborera avec Parcs Canada pour accélérer l’évaluation de la protection contre les chutes de pierres le long de toutes les routes de montagne. « La sécurité des visiteurs doit être notre préoccupation primordiale, » a déclaré Dreeshen. « Nous devons déterminer si l’adaptation au climat nécessite des investissements plus agressifs dans les infrastructures. »
Les experts géologiques préviennent qu’il est impossible d’éliminer complètement le risque d’éboulement en milieu montagneux. Dr. Bovis a expliqué que les Rocheuses canadiennes sont des montagnes relativement jeunes d’un point de vue géologique, ce qui les rend naturellement sujettes à l’érosion et aux chutes de pierres.
« Ce que nous pouvons faire, c’est améliorer la détection, la prédiction et la protection, » a-t-il noté. « Des technologies comme la surveillance lidar peuvent détecter des changements subtils avant des ruptures catastrophiques, et des auvents renforcés peuvent protéger les routes dans les zones à haut risque. »
Pour l’instant, les visiteurs du parc sont invités à rester vigilants, surtout pendant et immédiatement après les précipitations. Parcs Canada a temporairement fermé plusieurs sentiers de randonnée près du mont Edith et émis des avis pour d’autres.
Les propriétaires d’entreprises locales s’inquiètent de l’impact économique pendant la haute saison touristique. Linda Watkins, qui exploite une boutique de souvenirs à Banff, a exprimé son inquiétude mais aussi sa perspective: « Nous dépendons des visiteurs estivaux, mais aucune somme d’argent du tourisme ne vaut une vie humaine. Si nous devons apporter des changements pour assurer la sécurité des gens, c’est ce qui compte. »
Alors que les opérations de nettoyage se poursuivent, cette tragédie sert de rappel poignant de la puissance brute qui façonne nos paysages montagneux—une force qui exige notre respect, notre préparation et peut-être, à l’ère du changement climatique, une nouvelle approche de la gestion des risques dans ces précieux espaces naturels.