À l’aube de ce samedi, des communautés d’un océan à l’autre se réuniront pour célébrer la Journée nationale des peuples autochtones. Cette commémoration annuelle, tenue le 21 juin lors du solstice d’été, offre aux Canadiens l’occasion de reconnaître et d’honorer le patrimoine, les cultures diverses et les contributions des Premières Nations, des Inuits et des Métis.
Le moment ne pourrait être plus émouvant. Dans le contexte des efforts de réconciliation en cours, les célébrations de cette année arrivent à un moment où la relation entre les communautés autochtones et les institutions canadiennes reste à la fois porteuse d’espoir et tendue. Comme j’ai pu l’observer en couvrant la politique fédérale, ces célébrations servent de puissants rappels des progrès réalisés et du chemin qu’il reste à parcourir.
« Cette journée représente une occasion pour tous les Canadiens d’en apprendre davantage sur les histoires autochtones et les réalités contemporaines, » affirme l’aînée anishinaabe Margaret Beardy, avec qui j’ai discuté lors d’une réunion de planification à Ottawa la semaine dernière. « La célébration est significative, mais elle concerne aussi l’éducation et la compréhension. »
Dans la capitale, une cérémonie au lever du soleil lancera les festivités à l’île Victoria, suivie d’un grand rassemblement au parc Major’s Hill avec des danses traditionnelles, des marchés d’artisanat et des cercles de contes. Le Centre national des Arts s’est associé à des organisations autochtones locales pour présenter des spectacles tout au long de la journée, avec entrée gratuite aux expositions spéciales au Musée canadien de l’histoire de l’autre côté de la rivière à Gatineau.
Les célébrations s’étendent bien au-delà d’Ottawa. À Halifax, le Centre d’amitié autochtone Mi’kmaw organisera une fête sur le front de mer avec des groupes de tambours et des festins communautaires. À Vancouver, le lac Trout se transformera en carrefour de la culture autochtone, l’événement annuel ayant attiré plus de 5 000 participants l’an dernier, selon les statistiques des organisateurs.
Ce qui rend cette année différente, c’est l’ampleur de la participation. Tourisme Canada rapporte une augmentation de 30 % des événements enregistrés par rapport à 2023, les petites communautés rejoignant les centres métropolitains pour accueillir des célébrations.
« Nous constatons un intérêt sans précédent de la part des Canadiens non-autochtones qui souhaitent participer respectueusement, » explique l’historien métis Jules Lavallee, qui a documenté l’évolution de ces célébrations depuis leurs débuts en tant que Journée nationale des Autochtones en 1996. « C’est un changement significatif dans l’engagement du public. »
Le gouvernement fédéral a alloué 3,8 millions de dollars cette année pour soutenir les événements culturels autochtones communautaires, selon les chiffres de Patrimoine Canada. Bien que les critiques notent que cela ne représente qu’une modeste augmentation par rapport aux années précédentes malgré l’inflation, de nombreuses communautés ont réussi à tirer parti de partenariats provinciaux et du secteur privé pour élargir leur programmation.
À Winnipeg, The Forks accueillera ce que les organisateurs espèrent être le plus grand rassemblement jamais vu au Manitoba pour la Journée des peuples autochtones. L’événement comprendra des jeux traditionnels, des démonstrations de fabrication de bannique et des performances d’artistes autochtones de tout le spectre musical. Une étude d’impact économique menée par Tourisme Winnipeg a estimé que la célébration de l’année dernière a généré près de 1,2 million de dollars pour l’économie locale.
Comme j’ai pu le constater en reportant depuis diverses capitales provinciales, ces célébrations reflètent de plus en plus les identités autochtones régionales plutôt que de présenter une expérience pan-autochtone. À Iqaluit, les festivités sont centrées sur des démonstrations culturelles inuites, notamment des ateliers de chant guttural et de dépeçage de phoque. Pendant ce temps, dans l’intérieur de la Colombie-Britannique, les communautés secwépemc mettent en valeur leurs efforts uniques de revitalisation linguistique par le biais de récits interactifs.
« Ces célébrations doivent être abordées avec humilité culturelle, » prévient l’éducateur cri James Wastasecoot, que j’ai interviewé alors qu’il se préparait pour l’événement de Saskatoon. « Ce sont des invitations à apprendre, pas seulement à se divertir. »
La journée laisse également place à la réflexion sur des vérités difficiles. Plusieurs communautés ont incorporé des présentations de chandails orange reconnaissant les survivants des pensionnats, tandis que d’autres proposent des composantes éducatives abordant les défis actuels, de l’insécurité du logement aux impacts du changement climatique sur les territoires traditionnels.
Des sondages récents de l’Institut Environics suggèrent que près de 70 % des Canadiens reconnaissent maintenant la Journée nationale des peuples autochtones, contre seulement 37 % il y a une décennie. Cependant, les mêmes recherches indiquent qu’environ un Canadien sur quatre seulement a déjà assisté à un événement marquant l’occasion.
« La sensibilisation augmente, mais une participation significative demande plus d’efforts, » note l’analyste politique mohawk Kateri McGregor. « Le résultat le plus important n’est pas simplement le nombre de participants, mais si ces événements favorisent des relations continues et une compréhension mutuelle. »
Pour les familles intéressées à y assister, les événements sont généralement gratuits et accueillants pour tous les âges. Les organisations de tourisme autochtone ont créé des ressources en ligne identifiant les célébrations locales, tandis que les sites Web municipaux répertorient souvent les rassemblements communautaires. La plupart des événements encouragent les visiteurs à apporter des chaises pliantes et des bouteilles d’eau réutilisables, avec des vendeurs de nourriture offrant des mets traditionnels aux côtés de la cuisine autochtone contemporaine.
Les prévisions météorologiques annoncent des conditions favorables dans une grande partie du pays ce samedi, seul le Canada atlantique faisant face à d’éventuelles précipitations qui pourraient affecter les activités extérieures.
Alors que les communautés se préparent pour les célébrations, de nombreux leaders autochtones avec qui j’ai parlé soulignent que, bien que le 21 juin soit important, la véritable réconciliation passe par un engagement tout au long de l’année. Ce sentiment a peut-être été le mieux exprimé par le chef mi’kmaq Terry Paul lors d’une audience de comité que j’ai couverte le mois dernier : « Nous invitons tous les Canadiens à célébrer avec nous cette journée spéciale, mais nous avons besoin d’alliés dans notre travail continu tout au long de l’année. »
Pour une nation qui navigue encore sur le chemin complexe de la réconciliation, ces rassemblements offrent des moments de célébration au milieu du travail sérieux de construction de la compréhension. Alors que des Canadiens de tous horizons se réuniront ce samedi, ils participeront à une tradition qui honore à la fois la sagesse ancestrale et indique la voie vers un avenir commun.