Alors que le soleil se levait sur le solstice d’été cette année, les communautés partout au Canada se sont rassemblées pour célébrer la Journée nationale des peuples autochtones, marquant un moment important de reconnaissance culturelle qui coïncide avec le jour le plus long de l’année.
À Kelowna, des foules se sont réunies au parc Waterfront où le son des tambours résonnait sur le lac Okanagan. L’aînée syilx Christina Thomas a ouvert les cérémonies avec un accueil traditionnel qui reconnaissait le territoire non cédé du peuple syilx—un rappel que la célébration se déroule sur des terres avec des milliers d’années d’histoire autochtone.
« Ces célébrations ne sont pas seulement des spectacles culturels, » m’a confié Thomas après la cérémonie. « Elles représentent notre présence continue et notre résilience. Le solstice d’été a toujours été un moment de rassemblement et de célébration pour notre peuple. »
L’observance du 21 juin, établie en 1996 comme Journée nationale des Autochtones suite aux consultations avec les organisations autochtones, a considérablement évolué au cours des trois dernières décennies. Statistique Canada rapporte que la population s’identifiant comme autochtone a augmenté de 9,4% depuis le dernier recensement, représentant maintenant près de 5% de la population totale du Canada.
La ministre fédérale des Services aux Autochtones, Patty Hajdu, a publié une déclaration soulignant l’importance de cette journée, notant que « célébrer la culture autochtone n’est pas un événement d’un seul jour, mais devrait être intégré dans le tissu quotidien du Canada. » Son bureau a souligné les 36,4 millions de dollars de financement fédéral alloués cette année aux programmes culturels autochtones, représentant une augmentation de 12% par rapport aux budgets précédents.
À travers le pays, les événements variaient des rassemblements communautaires intimes aux grandes célébrations urbaines. À Ottawa, des milliers de personnes se sont rassemblées sur la Colline du Parlement où des artisans exposaient des métiers traditionnels aux côtés de créateurs autochtones contemporains. L’Assemblée des Premières Nations a signalé une participation à plus de 200 événements officiels à l’échelle nationale, avec d’innombrables célébrations communautaires dans des cadres plus restreints.
Ce qui m’a le plus frappé en couvrant divers événements était la nature multigénérationnelle des rassemblements. Les aînés partageaient des histoires avec les jeunes, dont beaucoup font partie d’une cohorte croissante de jeunes autochtones qui renouent avec leur patrimoine.
« Ma grand-mère n’avait pas le droit de pratiquer ses traditions, » a déclaré Melissa Cardinal, une étudiante crie de 22 ans participant à la célébration de Kelowna. « Maintenant, j’apprends notre langue et je la réintègre dans notre famille. Cette journée signifie la guérison pour nous. »
Les célébrations surviennent au milieu d’appels continus pour une réconciliation significative. Le mois dernier, le rapport final du comité de surveillance de la Commission nationale de vérité et réconciliation indiquait que seulement 17 des 94 appels à l’action ont été pleinement mis en œuvre depuis 2015.
Notamment, les festivités de cette année revêtaient une importance accrue car elles suivent la visite du Pape François au Canada en 2022, où il a présenté des excuses historiques pour le rôle de l’Église catholique dans les pensionnats autochtones. Ce système institutionnel, qui a fonctionné pendant plus d’un siècle jusqu’en 1996, a retiré de force environ 150 000 enfants autochtones de leurs familles et communautés.
Jordan McLeod, analyste de politiques à l’Institut de gouvernance autochtone, a expliqué les émotions complexes entourant cette journée. « Il y a célébration, mais aussi reconnaissance des luttes en cours. De nombreuses communautés manquent encore d’eau potable, de logements adéquats ou de ressources éducatives appropriées. Une véritable réconciliation exige que l’on s’attaque à ces inégalités fondamentales. »
Alors que des politiciens de tous les partis ont publié des déclarations de soutien, les leaders autochtones ont souligné que les gestes symboliques doivent s’accompagner d’actions concrètes. Le budget des Services aux Autochtones du gouvernement fédéral s’élève à 13,8 milliards de dollars pour l’exercice 2023-2024, mais les critiques soulignent des écarts persistants dans les services essentiels et les infrastructures.
Les célébrations ont également mis en évidence les contributions économiques des communautés autochtones. Le Conseil canadien pour le commerce autochtone estime que les entreprises autochtones contribuent à plus de 30 milliards de dollars annuellement à l’économie canadienne, avec des taux de croissance dépassant les moyennes nationales dans plusieurs secteurs.
Au centre-ville de Kelowna, les entreprises autochtones locales ont connu une augmentation de l’achalandage pendant les célébrations. Le Morning Star Café, appartenant à l’entrepreneure syilx Nicole Gabriel, servait des aliments traditionnels avec des touches contemporaines. « Des jours comme celui-ci attirent l’attention sur les entreprises autochtones, » a déclaré Gabriel en préparant de la bannique. « Mais nous sommes là toute l’année, contribuant à l’économie locale et partageant notre culture à travers la nourriture. »
À l’approche du soir, de nombreuses célébrations se sont transformées en spectacles culturels mettant en vedette des artistes autochtones traditionnels et contemporains. Le groupe nominé au Prix Polaris, Snotty Nose Rez Kids, s’est produit devant des foules enthousiastes à Vancouver, tandis que des groupes de danse traditionnels partageaient des mouvements et des histoires séculaires dans des communautés grandes et petites.
Pour de nombreux leaders autochtones, cette journée représente à la fois une célébration et une opportunité d’éducation. Le Grand Chef Stewart Phillip de l’Union des Chefs indiens de la Colombie-Britannique a noté que « la sensibilisation s’est améliorée, mais il reste encore un travail considérable à faire pour aborder l’héritage du colonialisme et construire des relations véritablement respectueuses entre les Canadiens autochtones et non autochtones. »
Alors que l’obscurité tombait finalement sur le jour le plus long de l’année, de nombreuses célébrations se sont conclues par des cérémonies de feu sacré—un symbole approprié pour une journée qui équilibre la commémoration d’une histoire difficile avec la célébration de cultures durables.
Les célébrations du solstice d’été se poursuivront tout au long du week-end dans de nombreuses communautés, avec des événements programmés à travers le pays qui invitent les Canadiens autochtones et non autochtones à participer à cette importante observance nationale.