J’ai commencé à examiner cette affaire la semaine dernière lorsqu’un agent retraité de la GRC en Nouvelle-Écosse a fait face à une nouvelle accusation d’agression sexuelle. Le gendarme Yannick Fréchette, qui a servi dans plusieurs communautés de la Nouvelle-Écosse jusqu’à sa retraite en 2022, fait maintenant face à une troisième accusation concernant des incidents remontant à 2013.
Les accusations révèlent un schéma troublant s’étendant sur plusieurs années. Les documents judiciaires que j’ai examinés montrent que Fréchette faisait déjà face à deux accusations antérieures d’agression sexuelle pour des incidents distincts survenus en 2021 et 2022 dans les communautés où il travaillait. Selon les déclarations de la GRC publiées mardi, la dernière accusation découle d’une inconduite présumée à Liverpool, en Nouvelle-Écosse.
« L’accusé était membre de la GRC au moment des incidents signalés, » a confirmé le porte-parole de la GRC, le caporal Guillaume Tremblay, lorsque je l’ai contacté pour un commentaire. L’enquête a été menée par l’Équipe d’intervention en cas d’incident grave de la province (SiRT), un organisme indépendant qui enquête sur les allégations graves impliquant des policiers.
Ce qui ressort dans cette affaire, c’est que les incidents présumés se sont produits alors que Fréchette était en service actif comme agent. Au cours de mon enquête, j’ai découvert que Fréchette a travaillé dans plusieurs détachements de la Nouvelle-Écosse, notamment dans les comtés de Queens et de Lunenburg, entre 2012 et sa retraite.
Le calendrier soulève d’importantes questions sur les mécanismes de surveillance au sein de la GRC. J’ai parlé avec Elizabeth Sheehy, professeure émérite à l’Université d’Ottawa et experte en droit des agressions sexuelles, qui a exprimé son inquiétude concernant cette affaire.
« Lorsque des agents chargés de faire respecter la loi sont eux-mêmes accusés de violations graves, cela crée une profonde rupture de la confiance du public, » a expliqué Sheehy. « Ces cas exigent une enquête rigoureuse et transparente précisément en raison des dynamiques de pouvoir impliquées. »
Les registres judiciaires indiquent que Fréchette a été arrêté la semaine dernière et libéré sous conditions. Il doit comparaître devant le tribunal provincial de Liverpool le 31 juillet pour faire face à cette dernière accusation.
Ce qui rend cette affaire particulièrement préoccupante, c’est qu’elle s’inscrit dans des schémas plus larges. Les données de la Commission civile d’examen et de traitement des plaintes relatives à la GRC montrent que les plaintes contre les agents sont restées relativement constantes ces dernières années, les inconduites sexuelles représentant une catégorie d’allégations petite mais grave.
J’ai contacté des groupes de défense des victimes qui ont souligné le courage nécessaire aux plaignants pour se manifester, surtout lorsque les accusations impliquent les forces de l’ordre. Jennifer Flanagan du Réseau de soutien aux victimes d’agression sexuelle de la Nouvelle-Écosse m’a dit: « Signaler une agression sexuelle est déjà difficile pour les survivants. Quand l’accusé est en position d’autorité, cette barrière devient encore plus haute. »
La GRC a mis en œuvre ces dernières années des politiques pour lutter contre l’inconduite sexuelle dans ses rangs. Son programme de prévention du harcèlement en milieu de travail, établi après plusieurs affaires très médiatisées et des recours collectifs, vise à traiter les inconduites internes. Cependant, des cas comme celui de Fréchette soulèvent des questions quant à savoir si ces mesures vont assez loin.
L’avocat de la défense James Ross, qui a représenté des clients dans des affaires impliquant des fautes policières, a noté les défis particuliers que présentent ces cas. « Le système judiciaire doit démontrer qu’il peut tenir tout le monde responsable de manière égale, quelle que soit sa position, » a déclaré Ross lorsque je l’ai interviewé sur la nature générale de telles affaires. « C’est fondamental pour maintenir la confiance du public. »
La GRC a confirmé que Fréchette a pris sa retraite avant le dépôt des premières accusations. Ce timing a suscité un débat sur les mécanismes de surveillance des agents qui quittent la force pendant une enquête. Selon les documents de politique de la GRC que j’ai examinés, les enquêtes internes cessent généralement une fois qu’un agent prend sa retraite, bien que les enquêtes criminelles se poursuivent.
L’implication du SiRT fournit une certaine assurance de surveillance indépendante. L’agence, établie en 2012, enquête sur les incidents graves impliquant la police dans toute la Nouvelle-Écosse. Son mandat comprend les allégations d’agression sexuelle, garantissant que les enquêtes restent à distance de l’employeur de l’agent accusé.
L’affaire de Fréchette va maintenant suivre son cours devant les tribunaux. S’il est reconnu coupable, il risque des peines potentiellement importantes en vertu du Code criminel du Canada, qui traite l’agression sexuelle comme une infraction grave avec des peines maximales allant de 10 ans à l’emprisonnement à vie selon les circonstances spécifiques.
Pour les communautés où Fréchette a servi, ces allégations ont suscité des conversations difficiles. Les responsables locaux que j’ai contactés ont exprimé leur choc tout en soulignant l’importance d’une procédure régulière. Le maire de Liverpool, David Dagley, a déclaré: « Notre communauté mérite à la fois justice et guérison, quel que soit le résultat de ces procédures. »
L’affaire continue d’évoluer alors que les enquêteurs déterminent s’il pourrait y avoir d’autres plaignants. La GRC a établi une ligne dédiée pour que les témoins potentiels ou les victimes puissent se manifester avec des informations liées à l’enquête.
Bien que Fréchette ait droit à la présomption d’innocence jusqu’à preuve du contraire, l’affaire souligne l’importance critique des systèmes de responsabilisation au sein des forces de l’ordre. À mesure que cette affaire progresse devant les tribunaux, elle mettra à l’épreuve la capacité du système judiciaire à traiter les allégations contre ceux qui sont chargés de faire respecter la loi.