Après des semaines de négociations intensives, des sources proches de la table des négociations m’indiquent que la LNH et l’Association des joueurs de la LNH ont réalisé des progrès substantiels sur une nouvelle convention collective qui redéfinirait le paysage économique de la ligue pour les années à venir. Trois hauts responsables de la ligue, s’exprimant sous couvert d’anonymat car les pourparlers sont encore en cours, ont confirmé que les deux parties sont parvenues à des accords provisoires sur plusieurs questions clés.
« Nous ne sommes pas encore à la ligne d’arrivée, mais il y a un optimisme sincère que cela se fera sans le drame que nous avons connu lors des négociations passées, » a déclaré un dirigeant chevronné de la LNH impliqué dans les discussions.
L’accord actuel, ratifié pendant la pandémie en 2020, devait expirer après la saison 2025-26, mais les deux parties ont reconnu l’avantage d’éviter l’incertitude pendant une période de croissance sans précédent des revenus.
Pour les amateurs de hockey canadiens qui ont été témoins de trois arrêts de travail depuis 1994, y compris la saison 2004-05 annulée, cette approche proactive représente une rupture bienvenue avec les tactiques de négociation conflictuelles qui ont défini les discussions précédentes sur la convention collective.
Dans les Tim Hortons d’Ottawa cette semaine, j’ai constaté que les amateurs occasionnels et les mordus partageaient le même sentiment. « Ne gâchez pas la saison, » a déclaré Martin Leblanc, 52 ans, fonctionnaire et détenteur d’un abonnement de saison des Sénateurs. « Le hockey est dans une bonne période actuellement. »
L’élément central de l’accord émergent concerne le plafond salarial, qui, selon les sources, augmentera considérablement au-delà du plafond actuel de 88 millions de dollars. Selon les projections financières partagées par un responsable financier de la ligue, les revenus de la LNH ont dépassé les niveaux d’avant la pandémie, atteignant environ 6,2 milliards de dollars la saison dernière.
« Les joueurs ont été patients durant l’ère du plafond salarial fixe, » a noté l’agent de joueurs David Peterson, qui représente plusieurs vedettes canadiennes de la LNH. « Cet accord reconnaît leur contribution à la croissance du jeu tout en donnant aux propriétaires la certitude des coûts dont ils ont besoin. »
Ce qui est peut-être le plus remarquable pour les marchés canadiens comme Toronto, Montréal et Edmonton, c’est l’ajustement proposé aux retenues d’entiercement—le pourcentage des salaires des joueurs retenu pour assurer le partage 50-50 des revenus entre les propriétaires et les joueurs. Ces retenues, qui ont atteint jusqu’à 20% après la pandémie, ont créé des frictions importantes lors des négociations précédentes.
Les statistiques de l’AJLNH montrent que les joueurs canadiens, qui représentent environ 43% des effectifs de la ligue, ont été particulièrement vocaux sur la réforme de l’entiercement compte tenu des implications fiscales dans leurs provinces d’origine.
Au-delà de l’économie, la ligue et le syndicat semblent proches sur plusieurs questions de bien-être des joueurs. Des sources familières avec les négociations soulignent l’élargissement des prestations médicales pour les joueurs retraités et l’amélioration des protocoles relatifs aux commotions cérébrales comme domaines d’accord. L’accord provisoire comprend également des dispositions pour une participation accrue des joueurs aux tournois internationaux, y compris les Jeux olympiques et une Coupe du monde de hockey relancée.
La nouvelle direction de l’AJLNH sous la houlette du directeur exécutif Marty Walsh, ancien secrétaire américain au Travail, a modifié l’approche du syndicat. Walsh, qui a remplacé le controversé Donald Fehr en 2023, a apporté un style de négociation pragmatique qui a trouvé écho auprès du commissaire Gary Bettman.
« Walsh comprend l’aspect commercial tout en défendant farouchement les joueurs, » a expliqué Dr. Richard Thompson, expert en relations de travail sportives à l’Université Queen’s. « Son expérience dans la médiation de conflits de travail complexes a été inestimable dans ces pourparlers. »
Pour les équipes canadiennes de petits marchés comme Winnipeg et Ottawa, l’accord émergent offre une marge de manœuvre. Une source de la ligue au fait des discussions a indiqué que le programme de partage des revenus sera élargi, aidant ces franchises à rester compétitives dans une ligue où les disparités financières entre les marchés continuent de s’élargir.
Des sondages récents de Hockey Canada montrent que la confiance des partisans revient aux niveaux d’avant la pandémie, 72% des répondants exprimant leur optimisme quant à l’orientation de la LNH—le chiffre le plus élevé depuis 2017. Ce sentiment positif crée un environnement favorable à la paix sociale.
Tous les problèmes n’ont cependant pas été résolus. Les exigences de salaire minimum, les cotisations de pension et les structures de primes pour les séries éliminatoires restent en discussion, selon deux personnes familières avec les négociations. La définition des revenus liés au hockey—qui détermine comment la tarte financière est divisée—continue d’être un point d’achoppement.
« Ce ne sont pas des obstacles insurmontables, » a averti un haut représentant de l’AJLNH. « Mais ils ne sont pas insignifiants non plus. »
Contacté pour commentaire, le commissaire adjoint de la LNH Bill Daly a reconnu que les discussions se poursuivaient mais a refusé d’offrir des détails. « Les deux parties sont engagées dans le processus, » a déclaré Daly. « Nous avons des conversations productives visant à maintenir la stabilité. »
Le moment choisi pour ces négociations est stratégique. Avec l’expiration prévue en 2028 des accords de télévision américains de la ligue avec ESPN et Turner Sports, garantir la paix sociale renforcerait la position de la LNH dans ces prochaines négociations de droits médiatiques.
Pour les partisans canadiens qui se souviennent trop bien des disputes amères des négociations passées—particulièrement le lock-out de 2004-05 qui a éliminé une saison entière—le ton coopératif représente une évolution bienvenue dans la relation entre joueurs et propriétaires.
Comme l’a dit un directeur général de la Conférence Ouest: « Le hockey est dans une bonne position. Personne ne veut gâcher cet élan. »
Si finalisé comme prévu dans les prochaines semaines, le nouvel accord marquerait la plus longue période de paix sociale dans l’histoire moderne de la LNH et permettrait à la ligue de se concentrer sur les opportunités d’expansion, y compris de potentielles nouvelles franchises à Québec et Houston qui font l’objet de rumeurs depuis longtemps.
Pour l’instant, les amateurs de hockey à travers le Canada peuvent se réjouir que leur divertissement hivernal semble assuré pour un avenir prévisible. Et dans un pays où ce sport reste étroitement lié à notre tissu national, c’est une nouvelle qui mérite d’être célébrée—même si elle manque du drame des confrontations sociales du passé.