Alors que les autobus scolaires jaunes s’apprêtent à reprendre la route en septembre, une tempête se prépare dans les couloirs de la Commission scolaire de Kawartha Pine Ridge. Ce qui a commencé comme des discussions budgétaires s’est transformé en un différend public entre le Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP) section locale 1453 et les responsables de la commission scolaire concernant l’avenir des postes d’aide-éducation.
« Nous avons reçu des avis indiquant que 28 postes d’aide-éducation seront éliminés, » affirme Rebecca Rowe, présidente du SCFP 1453, qui représente près de 900 travailleurs de l’éducation dans la région. « Cela signifie que 28 élèves vulnérables n’auront pas le soutien dont ils ont désespérément besoin. »
Le syndicat a sonné l’alarme après avoir reçu ce qu’ils décrivent comme des « avis de déplacement » pour les aide-éducation la semaine dernière. Ces membres du personnel spécialement formés offrent un soutien individuel essentiel aux élèves ayant des besoins particuliers, allant des handicaps physiques aux difficultés d’apprentissage.
Les responsables de la commission présentent une version différente. « Il n’y aura absolument aucune réduction du nombre d’aide-éducation soutenant nos élèves ayant des besoins particuliers, » réplique Rita Russo, directrice de l’éducation pour la Commission scolaire de Kawartha Pine Ridge. « Ce que nous observons est une redistribution des ressources basée sur l’évolution des besoins des élèves dans nos écoles. »
Ces récits contradictoires ont laissé des parents comme Martha Jennings confus et inquiets. Son fils Tyler, élève de 4e année atteint d’autisme, s’est épanoui grâce au soutien d’une aide-éducation. « L’aide-éducation de Tyler sait exactement comment le rediriger quand il se sent dépassé, » explique Jennings lors d’une réunion communautaire à la salle Victoria de Cobourg. « Je n’imagine pas à quoi ressemblerait l’école pour lui sans ce soutien. »
Selon les directives du ministère de l’Éducation, le financement de l’éducation spécialisée passe par le mécanisme des subventions à fins particulières, avec des allocations basées sur les besoins documentés au sein de chaque commission scolaire. Les données provinciales récentes montrent une augmentation de 4,7 % des élèves nécessitant un soutien spécialisé à travers l’Ontario, ce qui ajoute une pression sur des ressources déjà limitées.
Les représentants du SCFP soutiennent que le budget de la commission, approuvé en juin, ne reflète pas ces besoins croissants. « Quand on examine les postes budgétaires, le soutien à l’éducation spécialisée est resté stable alors que les coûts administratifs ont augmenté, » note Rowe, faisant référence aux états financiers publiés par la commission.
Ce différend met en lumière une tension plus large dans le système éducatif ontarien, alors que les commissions scolaires luttent pour équilibrer les contraintes financières avec la demande croissante de services spécialisés. L’Association des conseils scolaires publics de l’Ontario rapporte que 72 % des commissions membres identifient les lacunes de financement en éducation spécialisée comme une « préoccupation importante ou critique. »
À l’école publique Northumberland Hills, Diane Williams, aide-éducation, a constaté l’impact de première main. « Il y a dix ans, je soutenais peut-être deux élèves au cours de ma journée. Maintenant, c’est souvent quatre ou cinq, parfois plus, » dit-elle. Williams craint qu’étirer davantage ces ressources nuise aux élèves les plus vulnérables.
La commission maintient que les avis représentent des ajustements normaux de personnel qui se produisent chaque année. « Les besoins des élèves changent d’une année à l’autre, et certaines écoles peuvent voir des réductions tandis que d’autres voient des augmentations, » explique Michael Andrews, surintendant de l’éducation spécialisée. « Notre effectif global d’aide-éducation augmente légèrement pour la prochaine année scolaire. »
Cette explication n’a pas satisfait le syndicat. « S’il n’y a pas de réduction, pourquoi des avis de déplacement sont-ils envoyés? » questionne Rowe. « Et pourquoi la commission refuse-t-elle de nous fournir le plan d’allocation détaillé pour l’automne? »
Les parents se sont rapidement mobilisés, formant la coalition « Soutenons nos élèves » et recueillant plus de 600 signatures sur une pétition exigeant la transparence de la commission. La pétition, qui circule en ligne et dans les commerces locaux, demande une divulgation publique des allocations d’aide-éducation par école.
Le député provincial David Piccini est intervenu dans la mêlée, organisant une réunion entre les responsables de la commission et les représentants des parents pour la semaine prochaine. « Le soutien à l’éducation spécialisée n’est pas un luxe—c’est une infrastructure essentielle pour un système éducatif inclusif, » a déclaré Piccini dans un communiqué de presse de son bureau de circonscription.
Ce différend survient dans le contexte du cadre de financement plus large de l’éducation en Ontario, qui a connu une restructuration sous l’actuel gouvernement progressiste-conservateur. La Fédération des enseignantes et des enseignants de l’élémentaire de l’Ontario rapporte que le financement de l’éducation spécialisée n’a pas suivi l’inflation au cours des quatre dernières années.
Des données récentes de People for Education, une organisation indépendante de défense de l’éducation, indiquent que 67 % des écoles élémentaires signalent un soutien insuffisant pour les élèves ayant des besoins en éducation spécialisée. Leur enquête annuelle auprès des écoles ontariennes a révélé que les directeurs comptent de plus en plus sur des horaires créatifs et le partage des ressources pour répondre aux besoins des élèves.
Pour l’instant, la situation reste non résolue. La commission a promis une annonce détaillée sur la dotation en personnel début août, tandis que le SCFP a déposé un grief formel alléguant des violations de leur convention collective concernant les périodes de préavis pour le déplacement du personnel.
À l’approche de septembre, des parents comme Jennings restent pris au milieu. « Tous ces va-et-vient administratifs n’aident pas mon fils, » dit-elle. « Nous avons juste besoin de savoir qu’il y aura suffisamment de soutien en place lorsque l’école recommencera. »
Pour les élèves qui comptent sur ces soutiens, les adultes devront trouver un terrain d’entente—et rapidement—avant que les cloches d’école ne sonnent à nouveau.