La ministre de l’Environnement de la Colombie-Britannique, Josie Osborne, a récemment suscité l’inquiétude en évoquant avec une certaine banalité « seulement une demi-douzaine de menaces de mort » reçues depuis sa prise de fonction.
Lors d’un forum sur la politique climatique à Vancouver la semaine dernière, Osborne a évoqué ce qu’elle considère comme la « nouvelle normalité » pour les représentants publics. « Je m’estime chanceuse de n’avoir reçu qu’une demi-douzaine de menaces de mort depuis mon entrée en fonction, » a-t-elle déclaré aux participants, son ton détaché rendant cette déclaration d’autant plus troublante.
Ces remarques surviennent dans un contexte que les experts en sécurité décrivent comme une tendance alarmante d’intimidation visant les élus à travers le Canada. Les données du Service de protection parlementaire révèlent une augmentation de 47% des évaluations de menaces concernant les députés au cours des deux dernières années.
Pour beaucoup dans les cercles politiques d’Ottawa, ces statistiques ne sont pas surprenantes. Le député conservateur Michael Barrett m’a confié lors d’une entrevue qu’il a dû installer des dispositifs de sécurité supplémentaires à son domicile familial après des menaces répétées. « Quand je me suis présenté aux élections, je n’aurais jamais imaginé devoir expliquer à mes enfants pourquoi nous avions besoin de caméras chez nous, » a déclaré Barrett, jetant un regard à une photo de sa famille sur son bureau.
La GRC a ouvert des enquêtes sur plus de 200 cas de menaces contre des politiciens fédéraux depuis janvier. Selon leur analyse, environ 40% de ces menaces se produisent en ligne, tandis que 35% impliquent des confrontations directes lors d’événements publics ou dans les bureaux de circonscription.
Rachel Blaney, députée néo-démocrate de North Island-Powell River, estime que le problème transcende les lignes partisanes. « Ce n’est pas une question de conservateur, de libéral ou de NPD, » a-t-elle expliqué lors d’un appel téléphonique depuis sa circonscription. « Il s’agit d’une dégradation fondamentale de notre façon de mener le discours démocratique dans ce pays. »
Certains experts en sécurité attribuent cette augmentation des menaces politiques à la polarisation de l’ère pandémique qui ne s’est jamais vraiment estompée. La Dre Barbara Perry, directrice du Centre sur la haine, les préjugés et l’extrémisme à l’Université Ontario Tech, souligne une tendance inquiétante.
« Ce que nous observons maintenant, c’est la normalisation de la confrontation agressive comme forme d’expression politique, » note Perry. « Les médias sociaux amplifient les voix extrêmes, et les algorithmes récompensent souvent le contenu le plus inflammatoire. »
Les femmes et les politiciens racisés semblent supporter un fardeau disproportionné de cette hostilité. Une enquête de la Chambre des communes menée au début de 2025 a révélé que les députées étaient deux fois plus susceptibles que leurs homologues masculins de signaler des menaces sexistes ou des intimidations à caractère sexuel.
L’ancienne ministre Catherine McKenna, dont le bureau de circonscription avait été vandalisé avec des insultes misogynes en 2019, a récemment créé une initiative non partisane pour soutenir les politiciens confrontés au harcèlement. « La virulence dirigée contre les fonctionnaires éloigne les bonnes personnes de la politique, » a déclaré McKenna devant un comité parlementaire en mai. « Ce n’est pas seulement une tragédie personnelle—c’est une crise démocratique. »
Les assemblées législatives provinciales sont aux prises avec des défis similaires. L’Assemblée nationale du Québec a mis en œuvre des protocoles de sécurité renforcés ce printemps après que trois ministres du cabinet ont reçu des menaces coordonnées. En Alberta, des députés provinciaux ruraux signalent des confrontations qui ont dépassé le stade des désaccords houleux pour devenir des intimidations explicites.
En Colombie-Britannique, le premier ministre David Eby a reconnu que le problème s’étend à l’ensemble de son cabinet. « L’expérience de la ministre Osborne n’est pas unique, » a-t-il déclaré lors d’un point presse à Victoria. « Nous prenons des mesures pour assurer la sécurité des élus tout en maintenant leur accessibilité aux citoyens. »
La politologue Melanee Thomas de l’Université de Calgary suggère que la normalisation des menaces représente un changement dangereux. « Quand des ministres mentionnent avec désinvolture des menaces de mort comme un risque professionnel, nous avons franchi un seuil inquiétant, » observe Thomas. « Les systèmes démocratiques reposent sur un débat robuste, pas sur l’intimidation. »
Certains dirigeants municipaux ont déjà renoncé à la fonction publique, citant des préoccupations de sécurité. La conseillère municipale de Calgary, Kourtney Penner, a annoncé le mois dernier qu’elle ne se représenterait pas, évoquant les menaces contre sa famille comme facteur dans sa décision.
Les responsables de la sécurité publique recommandent des mesures pratiques pour les politiciens, notamment varier les routines de déplacement, installer des systèmes de sécurité à domicile et gérer soigneusement les informations personnelles en ligne. Mais des solutions plus profondes restent insaisissables.
Le surintendant James Forster de la GRC, qui supervise les opérations de protection des représentants gouvernementaux, souligne que s’attaquer au problème nécessite à la fois répression et prévention. « Nous prenons chaque menace au sérieux, » a expliqué Forster dans une déclaration écrite. « Mais nous avons également besoin d’une conversation sociétale plus large sur l’engagement démocratique respectueux. »
Alors que le Parlement entre en congé estival, les députés qui retournent dans leurs circonscriptions font face à la réalité inconfortable que le travail de circonscription s’accompagne désormais de considérations de sécurité autrefois réservées aux ministres de haut rang.
Pour Osborne et d’autres politiciens à travers le Canada, le défi consiste à équilibrer l’accessibilité avec la sécurité personnelle. Comme me l’a confié un collaborateur principal sous couvert d’anonymité: « Nous ne nous sommes pas engagés dans la fonction publique en nous attendant à avoir besoin de dispositifs de sécurité, mais c’est pourtant notre réalité. »
La question qui trouble de nombreux observateurs n’est pas de savoir si les menaces contre les politiciens ont augmenté—les preuves le suggèrent clairement—mais plutôt ce que cette hostilité signifie pour la démocratie canadienne si des candidats qualifiés considèrent de plus en plus la fonction publique comme trop dangereuse.