Le paysage de la retraite pour les aînés canadiens s’est transformé de façon spectaculaire au cours de la dernière décennie. Entre la flambée des coûts de logement dans les grands centres urbains et l’inflation persistante qui gruge les revenus fixes, de nombreux Canadiens âgés se retrouvent confrontés à des défis financiers qu’ils n’avaient jamais anticipés pour leurs années dorées.
Lors d’un récent forum communautaire à Burlington, en Ontario, j’ai observé Maria Delgado, une enseignante retraitée de 72 ans, décrire son anxiété grandissante à l’idée de survivre à ses économies. « J’ai tout fait correctement, du moins je le pensais, » a-t-elle confié à l’assemblée qui hochait la tête. « Maintenant, je me demande si mon bas de laine durera encore une décennie. »
Maria n’est pas seule. Selon le dernier rapport de Statistique Canada, près de 15% des aînés canadiens vivent sous le seuil de pauvreté, les femmes de plus de 75 ans étant les plus à risque. La sécurité financière pour laquelle beaucoup ont travaillé pendant des décennies semble de plus en plus fragile pour un segment croissant de Canadiens âgés.
Après avoir discuté avec des conseillers financiers, des spécialistes de la retraite et des aînés de tout le pays, j’ai identifié cinq erreurs financières critiques qui peuvent compromettre la sécurité de la retraite. Plus important encore, j’ai recueilli des solutions pratiques qui peuvent aider les Canadiens âgés à protéger leur bien-être financier.
La première erreur importante est de sous-estimer les coûts des soins de santé. Bien que nous ayons la chance de bénéficier d’un système de santé universel, de nombreux Canadiens ne budgétisent pas les dépenses importantes non couvertes par les régimes provinciaux. Les médicaments sur ordonnance, les soins dentaires, les aides à la mobilité et les modifications domiciliaires peuvent rapidement épuiser les économies.
« Beaucoup de mes clients sont choqués par les sommes qu’ils doivent dépenser en soins de santé, » explique Samira Khalid, planificatrice financière certifiée avec trente ans d’expérience en planification de retraite. « Un aîné moyen peut s’attendre à dépenser entre 5 000 $ et 7 000 $ par année en frais médicaux non couverts par son régime de santé provincial. »
La deuxième erreur courante concerne les décisions en matière de logement. De nombreux aînés s’accrochent à des maisons familiales surdimensionnées longtemps après qu’elles soient devenues peu pratiques, créant un fardeau financier par les coûts d’entretien, les taxes foncières et les services publics.
Robert Chen, un ancien comptable de 68 ans de Winnipeg, a admis avoir attendu trop longtemps pour réduire ses dépenses. « Ma femme et moi avons gardé notre maison de quatre chambres pendant des années après le départ des enfants. Avec le recul, nous avons dépensé près de 80 000 $ en réparations et taxes foncières qui auraient pu augmenter notre revenu de retraite si nous avions déménagé plus tôt. »
La troisième erreur critique implique une protection inadéquate contre la fraude et les abus financiers. Selon le Centre antifraude du Canada, les Canadiens âgés perdent environ 300 millions de dollars chaque année à cause d’escroqueries financières.
« L’impact psychologique de la fraude financière sur les aînés peut être dévastateur, » note la sergente Teresa Wong de la GRC, spécialisée dans la prévention des fraudes contre les aînés. « Au-delà de la perte financière, les victimes éprouvent souvent une profonde honte et une détérioration de leur santé suite à ces incidents. »
La quatrième erreur est de ne pas adapter les stratégies d’investissement à la longévité. Avec des Canadiens qui vivent plus longtemps que jamais – un Canadien moyen de 65 ans peut maintenant espérer vivre bien au-delà de 80 ans – de nombreux aînés maintiennent des approches d’investissement trop conservatrices qui ne génèrent pas des rendements suffisants pour dépasser l’inflation.
« Je vois trop de retraités passer entièrement au revenu fixe à 65 ans, garantissant pratiquement qu’ils perdront du pouvoir d’achat sur une retraite de plus de 20 ans, » explique David Johnston, gestionnaire de portefeuille dans une grande société d’investissement canadienne.
La cinquième erreur, peut-être la plus conséquente, est une mauvaise planification fiscale. De nombreux retraités ne parviennent pas à structurer leurs revenus et leurs retraits pour minimiser les implications fiscales, laissant potentiellement des milliers de dollars sur la table chaque année.
« Une planification fiscale stratégique peut faire la différence entre une retraite confortable et un stress financier constant, » affirme Janet Williams, spécialiste en fiscalité qui travaille principalement avec des retraités.
De retour au forum communautaire de Burlington, j’ai observé l’expression de Maria Delgado passer de l’inquiétude à un espoir prudent lorsque les conseillers financiers ont présenté des mesures pratiques pour renforcer sa situation financière. « J’aurais aimé savoir certaines de ces choses il y a dix ans, » a-t-elle dit, « mais je suis reconnaissante qu’il y ait encore des choses que je puisse faire maintenant. »
Pour la population croissante d’aînés au Canada, la sécurité financière ne se produit pas par accident. Elle nécessite une planification proactive, une réévaluation régulière et parfois le courage d’apporter des changements difficiles. La bonne nouvelle est qu’avec les bonnes informations et le bon soutien, de nombreuses erreurs financières peuvent être corrigées avant qu’elles ne compromettent la sécurité de retraite que nos aînés ont travaillé si dur pour atteindre.