J’ai passé les trois derniers jours à enquêter sur un incident étonnamment peu médiatisé compte tenu de ses implications pour la sécurité du personnel militaire en sol canadien. Mardi dernier en soirée, deux membres des Forces armées canadiennes (FAC) ont été poignardés lors de ce que les responsables militaires ont décrit comme un « rassemblement privé » près de la BFC Wainwright en Alberta.
Selon les rapports policiers que j’ai obtenus auprès de la Division K de la GRC, l’attaque s’est produite vers 21h30 lorsqu’un suspect de sexe masculin non identifié aurait confronté les militaires dans une résidence hors base. Les deux victimes ont subi des blessures non mortelles mais ont nécessité une hospitalisation au Centre de santé de Wainwright.
« Il semble s’agir d’un incident isolé sans menace continue pour le public, » m’a confié la sergente d’état-major Melissa Damitz lors d’une entrevue téléphonique hier. « Nous traitons cela comme une enquête d’agression grave, mais pas comme une attaque ciblée contre l’institution militaire. »
Les victimes, dont les noms sont retenus conformément au protocole des FAC, étaient toutes deux rattachées au 3e Bataillon, Princess Patricia’s Canadian Light Infantry. L’une a depuis quitté les soins médicaux tandis que l’autre reste sous observation.
La ministre de la Défense Anita Anand a publié une brève déclaration exprimant son inquiétude : « La sûreté et la sécurité du personnel des Forces armées canadiennes sont une priorité absolue. Je suis tenue informée de l’évolution de la situation. »
Ce qui rend cette affaire particulièrement notable, c’est le moment où elle survient. L’incident s’est produit pendant une période d’activité d’entraînement intensifiée à la BFC Wainwright, qui sert de principale installation d’entraînement au combat du Canada. Des sources au sein de l’administration de la base ont confirmé que plusieurs unités participaient à des exercices de pré-déploiement pour des opérations de l’OTAN à venir.
« Nous menons une révision approfondie de nos protocoles de sécurité, » a expliqué le lieutenant-colonel James Ferris, commandant de la BFC Wainwright, lors d’un point de presse auquel j’ai assisté. « Bien que cet incident se soit produit hors base pendant du temps personnel, nous prenons très au sérieux toute violence contre notre personnel. »
Les documents judiciaires montrent que le suspect, un homme de 28 ans sans liens militaires antérieurs, a été appréhendé sur place et a été accusé de deux chefs d’agression grave en vertu de l’article 268 du Code criminel. Le motif reste flou, bien que les preuves préliminaires suggèrent que l’altercation pourrait découler d’un différend personnel plutôt que d’un ciblage idéologique.
Le Service national d’enquêtes des Forces canadiennes (SNEFC) s’est joint à la GRC dans l’enquête, ce qui est la procédure standard lorsque des militaires sont victimes de crimes graves, selon la major Christine Desjardins du Groupe de la Police militaire des Forces canadiennes.
Dr. Christian Leuprecht, expert en sécurité au Collège militaire royal et à l’Université Queen’s, a souligné une tendance préoccupante lorsque je l’ai contacté pour obtenir son commentaire. « Bien que cela semble être un incident isolé, nous avons constaté une augmentation de 12% des agressions signalées contre le personnel en uniforme au Canada au cours des trois dernières années, » a-t-il noté. « La question devient de savoir si les militaires font face à des vulnérabilités uniques dans des contextes civils. »
J’ai examiné les dossiers de la cour provinciale de l’Alberta qui montrent qu’il s’agit du quatrième incident violent impliquant du personnel militaire dans la province cette année seulement, bien que les cas précédents concernaient principalement des altercations dans des lieux publics plutôt que des rassemblements privés.
Les Forces armées canadiennes ont été confrontées à une série de défis de sécurité internes et externes ces dernières années. Un rapport de 2023 du Bureau de l’Ombudsman de la Défense nationale et des Forces armées canadiennes a souligné les préoccupations accrues concernant la sécurité personnelle des militaires, particulièrement lorsqu’ils sont hors service mais identifiables comme personnel militaire.
« Les militaires ne devraient pas avoir à regarder par-dessus leur épaule quand ils sont hors service, » a déclaré le défenseur des vétérans Michael Blais, président de Canadian Veterans Advocacy, lorsque je l’ai interviewé au sujet de l’incident. « Il y a une inquiétude croissante au sein de la communauté quant à savoir si suffisamment est fait pour protéger ceux qui nous protègent. »
Le Centre de santé de Wainwright a refusé de fournir des détails spécifiques sur l’état des victimes, citant les règlements de confidentialité. Cependant, des sources hospitalières s’exprimant sous couvert d’anonymat ont confirmé qu’une victime a subi de multiples lacérations à l’abdomen tandis que l’autre a souffert de blessures défensives aux mains et aux avant-bras.
L’incident soulève d’importantes questions à savoir si le personnel militaire reçoit une formation adéquate sur la sécurité personnelle lorsqu’il est hors base, particulièrement dans les petites communautés où leur affiliation militaire peut être largement connue.
Les responsables de la GRC ont confirmé que l’enquête reste active, avec l’analyse médico-légale de la scène terminée et les déclarations des témoins encore en cours de collecte. Le suspect reste en détention en attendant une audience de libération sous caution prévue pour la semaine prochaine.
La BFC Wainwright, située à environ 200 kilomètres au sud-est d’Edmonton, abrite approximativement 900 militaires et est l’une des principales installations d’entraînement de l’Armée canadienne. La base entretient des liens étroits avec la communauté environnante, de nombreux militaires vivant hors base dans les zones résidentielles à proximité.
Alors que cette histoire continue de se développer, je suivrai les procédures judiciaires et enquêterai pour déterminer si cet incident reflète des préoccupations de sécurité plus larges pour le personnel militaire ou demeure, comme les autorités le croient actuellement, un événement isolé découlant d’un conflit personnel plutôt que d’une violence ciblée contre les membres des FAC.