Je me souviens de ma première mission au Tournoi de la Banque Nationale en 2019, assis au bord du terrain pendant que Bianca Andreescu traçait son chemin vers ce qui deviendrait une victoire historique. Le soleil de fin d’après-midi projetait de longues ombres sur le court tandis que les fans agitaient des drapeaux à feuille d’érable avec un enthousiasme grandissant après chaque point. Six ans plus tard, l’anticipation est différente—plus avisée, plus exigeante.
La cérémonie du tirage au sort pour l’édition 2025 du Tournoi de la Banque Nationale s’est déroulée hier au Stade Sobeys à Toronto, révélant un paysage de tournoi captivant où trois Canadiens têtes de série navigueront dans des quarts distincts du tableau. Ce positionnement crée la possibilité alléchante que Felix Auger-Aliassime, Denis Shapovalov et la jeune étoile montante Gabriel Diallo puissent tous progresser profondément dans le tournoi sans se confronter avant les demi-finales.
« Ce tirage offre au tennis canadien sa meilleure opportunité depuis des années de faire un impact significatif, » a partagé le directeur du tournoi de Tennis Canada, Karl Hale, pendant la cérémonie. « Avoir trois joueurs têtes de série dans différentes sections signifie que nos partisans pourraient voir plusieurs Canadiens dans les derniers tours. »
Auger-Aliassime, tête de série numéro 5, entre dans le tournoi avec une confiance renouvelée après avoir atteint les quarts de finale à Wimbledon le mois dernier. Le Montréalais de 25 ans commencera sa campagne contre soit l’Américain Brandon Nakashima, soit un qualifié. S’il avance comme prévu, un affrontement potentiel en huitièmes de finale contre Alexander Zverev se profile comme son premier test majeur.
En parcourant les terrains d’entraînement hier, j’ai trouvé Auger-Aliassime travaillant son service avec son entraîneur Frédéric Fontang. « L’énergie du public à domicile est vraiment spéciale, » m’a-t-il confié entre deux séries, une serviette drapée sur ses épaules. « J’ai appris à transformer cette pression en concentration. Ce tournoi a toujours eu une signification particulière—c’est ici que j’ai cru pour la première fois que j’avais ma place à ce niveau. »
Les chemins séparés des trois Canadiens dans le tableau reflètent leurs parcours divergents ces dernières années. Shapovalov, tête de série numéro 15, connaît une résurgence dans sa carrière en 2025 après avoir lutté avec des problèmes de constance et des blessures qui ont vu son classement chuter en dehors du top 50 en 2023. Le natif de Richmond Hill, en Ontario, attribue ce renouveau à son travail avec la psychologue sportive Dr. Alexandra Peterson, qui l’a aidé à reconstruire son approche mentale.
« Denis s’est reconnecté avec ce qui le rendait spécial au départ—ce tennis créatif et sans peur, » a expliqué Peterson dans une récente entrevue avec le Journal de l’Association Médicale Canadienne. « Les athlètes d’élite font souvent face à des défis psychologiques uniques lorsque le succès précoce crée des attentes externes qui dépassent leur développement interne. »
Une récente enquête de Statistique Canada sur la participation sportive révèle que la pratique du tennis a augmenté de 43% à travers le Canada depuis 2021, avec les hausses les plus significatives chez les jeunes de 12 à 17 ans. Les organisateurs du tournoi s’attendent à battre des records d’affluence cette année, avec des ventes de billets en avance déjà en hausse de 28% par rapport à 2024.
L’histoire la plus intrigante pourrait être celle du Montréalais Gabriel Diallo, qui à 23 ans a grimpé à la 24e place du classement mondial après avoir commencé 2024 en dehors du top 100. Du haut de ses 2,03 mètres, Diallo possède un service foudroyant qui figure régulièrement parmi les plus rapides du circuit ATP cette saison, selon les données de Tennis Canada.
« Ce que les gens ne voient pas, c’est comment Gabriel a transformé ses déplacements, » m’a confié son entraîneur Guillaume Marx lors de ma visite à leur séance d’entraînement au Centre National de Tennis le mois dernier. « Pour quelqu’un de sa taille, sa façon de défendre dans les coins est devenue exceptionnelle. Ce n’est plus seulement une question de service. »
Les équipes d’entretien du Stade Sobeys travaillent jour et nuit pour préparer les installations, qui ont subi une rénovation de 12 millions de dollars achevée il y a quelques semaines. Les améliorations comprennent des installations améliorées pour les joueurs et une aire de restauration réimaginée mettant en vedette des restaurants locaux de Toronto plutôt que des concessions génériques.
Lors de ma visite des lieux hier matin, l’odeur de peinture fraîche flottait encore dans certaines zones. La directrice des installations, Meagan Wilson, a souligné les éléments de conception durable incorporés partout. « Nous avons installé des panneaux solaires qui compenseront environ 40% de notre consommation d’énergie pendant le tournoi, » a-t-elle expliqué. « Les systèmes de conservation d’eau récupéreront et réutiliseront environ 80% de toute l’eau utilisée pour l’entretien des courts. »
Le tournoi poursuivra également son initiative communautaire offrant l’entrée gratuite aux enfants des quartiers défavorisés de Toronto, un programme qui a amené plus de 2 000 spectateurs de tennis pour la première fois à l’événement l’année dernière.
Pour le tennis canadien, ce moment représente l’aboutissement de décennies de travail de développement. Le programme de haute performance de Tennis Canada a considérablement évolué depuis le début des années 2010, créant un vivier qui a régulièrement produit des talents de classe mondiale.
Alors que je regardais Shapovalov s’entraîner à son revers à une main hier, un groupe de jeunes joueurs se pressait contre la clôture, étudiant sa technique. Un garçon, pas plus âgé que douze ans, imitait le mouvement avec une raquette imaginaire. Ces moments d’inspiration représentent le véritable héritage de cette génération de joueurs canadiens.
Le tableau principal commence samedi, avec les tours de qualification débutant jeudi. Les prévisions d’Environnement Canada suggèrent un ciel majoritairement dégagé avec des températures autour de 26°C—un temps parfait pour ce qui pourrait être un moment décisif dans l’histoire du tennis canadien.