Le soleil d’été venait à peine de se lever sur la rivière Wabigoon samedi dernier lorsqu’une tragédie a frappé le nord-ouest de l’Ontario. La police provinciale enquête maintenant sur la noyade de deux enfants près de Dryden, marquant ce que les habitants décrivent comme une « perte indicible » pour cette communauté très unie.
Selon la Police provinciale de l’Ontario, les services d’urgence ont répondu à un appel peu après 10h concernant deux jeunes enfants tombés dans la rivière Wabigoon. Malgré l’intervention rapide des ambulanciers et des pompiers, les deux enfants ont été déclarés morts sur place.
« Quand quelque chose comme ça arrive, surtout impliquant des petits, ça touche tout le monde, des premiers intervenants aux voisins, » a déclaré le sergent Kerry Schmidt, qui a confirmé les détails lors d’une brève conférence de presse hier. « C’est le pire cauchemar de tous les parents. »
Les membres de la communauté se sont rassemblés spontanément dimanche soir sur le bord de l’eau à Dryden, déposant des peluches et des notes manuscrites sur un mémorial improvisé. Martha Keewatin, résidente locale présente à la veillée, a décrit le chagrin palpable qui planait sur la foule.
« On n’entendait que des pleurs étouffés et le bruit de l’eau, » a confié Keewatin. « Tout le monde se connaît ici. Ces enfants appartenaient à nous tous, d’une certaine façon. »
La noyade s’est produite près d’une section de la rivière populaire auprès des familles locales pendant les mois d’été. Bien que généralement considérée comme sécuritaire pour les loisirs supervisés, les fortes pluies récentes avaient considérablement fait monter le niveau de l’eau, créant des courants plus forts que la normale selon le ministère des Richesses naturelles et des Forêts.
Le grand chef Alvin Fiddler de la Nation Nishnawbe Aski, qui représente 49 communautés des Premières Nations du nord de l’Ontario, a publié une déclaration appelant à l’amélioration des ressources de sécurité aquatique dans les régions éloignées.
« Beaucoup trop de nos enfants ont été perdus dans des incidents de noyade évitables, » a souligné Fiddler. « Nous avons besoin de programmes dédiés qui respectent les relations traditionnelles avec l’eau tout en enseignant les compétences essentielles en matière de sécurité. »
Les statistiques de la Société de sauvetage du Canada montrent que la noyade est la principale cause de décès par blessure non intentionnelle chez les enfants canadiens de moins de 5 ans, les enfants autochtones étant particulièrement à risque. Entre 2018 et 2022, le nord-ouest de l’Ontario a enregistré 17 décès par noyade, dont près d’un tiers concernait des mineurs.
Le maire de Dryden, M. Wilson, s’est abstenu de commenter les circonstances spécifiques entourant la tragédie de samedi par respect pour l’enquête en cours, mais a souligné l’engagement de la ville à revoir les protocoles de sécurité du bord de l’eau.
« Nous examinons tout, des panneaux de signalisation au placement des équipements de sauvetage, » a expliqué Wilson lors d’une réunion d’urgence du conseil. « Un seul décès est déjà trop, et nous devons tirer des leçons de cette tragédie tout en soutenant les personnes touchées. »
Les écoles locales ont mis des conseillers en deuil à disposition, les écoles primaires de Dryden organisant des assemblées spéciales lundi matin pour aider les camarades de classe à gérer cette perte. Les enseignants ont créé des « espaces de souvenir » où les élèves peuvent partager leurs souvenirs ou dessiner pour les familles.
« Les enfants vivent le deuil différemment des adultes, » a noté la Dre Ellen Silverstein, psychologue pour enfants consultant auprès des écoles de la région. « Certains poseront des questions directes, d’autres sembleront non affectés puis feront des cauchemars. Nous leur donnons des moyens adaptés à leur âge pour exprimer ce qu’ils ressentent. »
L’enquête policière se poursuit alors que les agents s’efforcent de reconstituer exactement comment les enfants se sont retrouvés dans l’eau. Des témoins ont rapporté avoir vu les enfants près de la berge peu avant l’incident, mais des détails cruciaux restent flous.
L’identité des enfants n’a pas été révélée publiquement, bien que des membres de la communauté aient confirmé qu’il s’agissait de frères et sœurs âgés de moins de 10 ans. La PPO a indiqué qu’elle travaille en étroite collaboration avec les membres de la famille, fournissant un soutien aux victimes pendant l’enquête.
Cette tragédie survient alors que les préoccupations concernant la sécurité aquatique s’intensifient dans toute la province. La Société de sauvetage de l’Ontario a enregistré 31 décès par noyade entre mai et juillet de cette année, une augmentation de 15% par rapport à la même période l’année dernière.
Barbara Byers, directrice de l’éducation publique à la Société de sauvetage, a souligné que les conditions de l’eau peuvent changer rapidement, surtout après des événements météorologiques.
« Les rivières qui semblent calmes en surface peuvent avoir de forts courants sous-marins, » a expliqué Byers. « Nous recommandons des gilets de sauvetage pour tous les enfants près des eaux libres, même pour les nageurs expérimentés, et une supervision constante à portée de bras pour les jeunes enfants. »
Alors que la communauté est en deuil, un soutien pratique s’est matérialisé parallèlement à la douleur. Une campagne GoFundMe organisée par le Centre d’amitié de Dryden a recueilli plus de 27 000 $ pour couvrir les frais funéraires et soutenir la famille endeuillée.
« Dans des moments comme ceux-ci, nous nous unissons, » a déclaré l’Aîné Tom Kakegamic, qui a dirigé une cérémonie traditionnelle lors de la veillée de lundi. « Ces petits sont retournés trop tôt auprès du Créateur, mais ils nous ont montré à quel point notre communauté peut être forte lorsque nous avons le plus besoin les uns des autres. »
Pour l’instant, alors que les enquêteurs poursuivent leur travail, les résidents de Dryden doivent équilibrer leur chagrin avec une détermination renouvelée pour éviter des tragédies similaires. La rivière qui a nourri des générations continue de couler devant le mémorial grandissant d’ours en peluche, de fleurs et de dessins d’enfants – un douloureux rappel de vies tragiquement interrompues sur ses rives.