L’air doux du printemps amène un spectacle familier dans les rues canadiennes—des cyclistes qui parcourent les voies urbaines, les routes de banlieue et les sentiers ruraux. Mais quelque chose a changé ces dernières années. De plus en plus, les vélos traditionnels à pédales partagent la route avec leurs cousins électrifiés, alors que les vélos électriques gagnent en popularité de Victoria à Halifax.
« Je ne pouvais pas faire les 14 kilomètres de trajet sur un vélo ordinaire, » explique Melissa Janssen, une comptable de 42 ans de Mississauga qui est passée au vélo électrique l’été dernier. « Maintenant, je roule trois jours par semaine, même avec des courses. L’assistance fait toute la différence quand on affronte ces côtes sur Dundas. »
Des histoires comme celle de Janssen deviennent de plus en plus courantes à travers le pays. Transports Canada estime que les ventes de vélos électriques ont augmenté d’environ 30 pour cent par an depuis 2019, avec une croissance particulièrement forte dans les centres urbains et parmi les navetteurs âgés de 35 à 55 ans.
La pandémie a accéléré ce qui était déjà une tendance croissante. Lorsque la fréquentation des transports en commun a chuté pendant les confinements, de nombreux Canadiens ont découvert les vélos électriques comme alternative respectant la distanciation sociale. Ce qui a commencé comme une solution de pandémie s’est transformé en un changement de mode de vie pour beaucoup.
« Nous voyons des clients qui n’étaient pas montés sur un vélo depuis des décennies, » note Kai Wong, propriétaire de Voltage Cycles à Vancouver. « Ils reviennent parce que les vélos électriques équilibrent les chances. Il n’est pas nécessaire d’être en forme pour le Tour de France pour profiter à nouveau du cyclisme. »
Ce facteur d’accessibilité semble stimuler l’adoption dans tous les groupes démographiques. Une enquête récente du Consortium canadien de recherche et d’innovation en transport urbain a révélé que 64 pour cent des acheteurs de vélos électriques citaient des limitations physiques ou des préoccupations de forme physique comme raison principale de choisir l’électrique plutôt que les cycles conventionnels.
Pourtant, les cadres réglementaires n’ont pas suivi le rythme d’adoption. Les règles provinciales varient considérablement, créant de la confusion pour les cyclistes traversant les frontières municipales. En Ontario, les vélos électriques sont classés comme bicyclettes s’ils ont des pédales fonctionnelles, une vitesse maximale de 32 km/h et ne dépassent pas 500 watts de puissance. Cependant, le Québec a des restrictions de poids différentes, tandis que la Colombie-Britannique a récemment mis à jour son cadre pour créer trois classes distinctes de vélos électriques.
« L’approche fragmentée crée des obstacles inutiles, » affirme Martin LeChance, directeur des politiques chez Vélo Canada Bikes. « Quelqu’un qui achète un vélo électrique à Ottawa pourrait, sans le savoir, acheter un modèle qui ne respecte pas la réglementation de l’autre côté de la rivière à Gatineau. Nous avons besoin d’une harmonisation nationale. »
Malgré les défis réglementaires, les avantages environnementaux restent convaincants. Les données d’Environnement Canada suggèrent que pour chaque personne qui passe de la voiture au vélo électrique pour ses déplacements, les émissions de carbone diminuent d’environ 2,5 tonnes par an. Ce calcul tient compte de l’empreinte carbone de la production de batteries et de la génération d’électricité.
Les gouvernements locaux répondent à cette tendance en développant les infrastructures. L’expansion post-pandémique du réseau cyclable de Toronto a ajouté 25 kilomètres de pistes cyclables protégées, tandis que Montréal continue d’améliorer son infrastructure cyclable déjà étendue. Même des villes de taille moyenne comme Kitchener-Waterloo et Halifax ont annoncé des plans ambitieux pour accueillir davantage de trafic à deux roues.
« L’infrastructure est essentielle, » explique Dr. Patricia Mokhtarian, chercheuse en transport à l’Université de Calgary. « Nos études montrent que la sécurité perçue est le principal obstacle à l’adoption du vélo électrique. Les voies protégées augmentent considérablement la probabilité que les cyclistes potentiels fassent le changement. »
Les implications économiques vont au-delà des économies individuelles sur le carburant et le stationnement. Un rapport de 2022 de Deloitte Canada estimait que l’industrie du vélo électrique du pays a contribué à environ 165 millions de dollars à l’économie l’année dernière, soutenant plus de 2 300 emplois dans la fabrication, les ventes et l’entretien.
Pour les petites entreprises, cette tendance offre de nouvelles opportunités. Emma Bouchard a ouvert Quantum Cycles à Québec en 2021, se concentrant exclusivement sur les vélos électriques et les accessoires. « Nous ne pouvions pas garder les stocks en magasin l’été dernier, » dit-elle. « Surtout les vélos cargo électriques – les familles découvrent qu’elles peuvent remplacer une deuxième voiture par quelque chose qui coûte une fraction à l’achat et à l’entretien. »
Le segment des vélos cargo électriques représente l’une des catégories à la croissance la plus rapide. Ces véhicules utilitaires présentent des cadres allongés, souvent avec des boîtes de chargement ou des sièges pour enfants, permettant aux cyclistes de transporter des courses, de l’équipement ou des enfants. Statistique Canada rapporte que les ménages possédant un vélo cargo électrique réduisent leurs déplacements en voiture de 41 pour cent en moyenne.
La météo reste l’obstacle le plus fréquemment cité à l’adoption à l’année dans le climat canadien. Cependant, l’innovation aborde même ce défi. Des pneus d’hiver spécialement conçus, une meilleure performance des batteries par temps froid et une meilleure imperméabilisation prolongent la saison de conduite pratique.
« Il y a cinq ans, les vélos électriques perdaient 50 pour cent de leur autonomie à des températures sous zéro, » note Samira Al-Hakimi, ingénieure en batteries basée à Waterloo. « Les systèmes lithium-ion d’aujourd’hui avec gestion thermique peuvent maintenir 80-85 pour cent de capacité jusqu’à -15°C. »
Avec l’augmentation de l’adoption, des préoccupations de sécurité ont émergé. Plusieurs municipalités ont signalé des augmentations d’incidents liés aux vélos électriques, suscitant des appels à l’éducation des cyclistes. Ottawa a récemment lancé une campagne « E-Bike Smart » axée sur les règles de la route et les pratiques d’utilisation sécuritaire.
« La technologie a démocratisé le cyclisme, ce qui est merveilleux, » déclare le constable Rick Taylor de la Division de la circulation du Service de police de Toronto. « Mais nous devons nous assurer que les cyclistes comprennent qu’il s’agit toujours de véhicules nécessitant une utilisation responsable, surtout compte tenu des vitesses impliquées. »
Pour l’avenir, les prévisions de l’industrie suggèrent que l’élan des vélos électriques se poursuivra. L’Association canadienne des détaillants en transport alternatif prévoit que le marché atteindra 400 millions de dollars d’ici 2025. Pendant ce temps, des gouvernements provinciaux, notamment la C.-B. et la Nouvelle-Écosse, ont introduit des programmes de remise pour les achats de vélos électriques, accélérant davantage l’adoption.
Pour les Canadiens qui envisagent le changement, la communauté croissante d’enthousiastes du vélo électrique offre soutien et conseils. Des groupes Facebook et des clubs locaux ont surgi à travers le pays, fournissant des conseils sur tout, de l’entretien hivernal aux solutions de stationnement sécurisé.
À mesure que nos villes évoluent et que les préoccupations environnementales augmentent, les vélos électriques représentent plus qu’une simple tendance de transport. Ils font de plus en plus partie d’une conversation plus large sur la façon dont les Canadiens se déplacent, vivent et interagissent avec leurs communautés – un coup de pédale électrifié à la fois.