La situation financière de la Saskatchewan s’est considérablement détériorée depuis le printemps, la province prévoyant maintenant un déficit de 349 millions de dollars pour l’exercice 2024-2025 – un revirement spectaculaire par rapport à l’excédent de 250 millions initialement prévu.
La mise à jour fiscale de mi-année, publiée cette semaine par la ministre des Finances Donna Harpauer, révèle à quelle vitesse une économie dépendante des ressources peut basculer lorsque les prix des matières premières fléchissent. Les redevances sur la potasse, pilier traditionnel de l’économie saskatchewanaise, ont chuté de 906 millions de dollars par rapport aux projections budgétaires. Cette baisse explique à elle seule la majeure partie de la détérioration financière de la province.
« C’est comme regarder son portefeuille d’investissement après une correction du marché, » explique Eric Williams, économiste à l’Université de la Saskatchewan. « La province a essentiellement misé gros sur le maintien de prix élevés de la potasse, et ce pari ne s’est pas concrétisé comme prévu. »
La situation ressemble à ce qui s’est produit en 2015 lorsque les prix du pétrole se sont effondrés, plongeant les finances de l’Alberta dans le désarroi. Les provinces riches en ressources font souvent face à ce cycle d’expansion et de ralentissement qui complique la planification à long terme.
Au-delà des problèmes liés à la potasse, les agriculteurs céréaliers ont connu une saison de croissance éprouvante. Les paiements d’assurance-récolte provinciaux devraient maintenant atteindre 870 millions de dollars – près de 150 millions de plus que prévu. Ces pressions jumelles de l’exploitation minière et de l’agriculture illustrent la vulnérabilité persistante de la Saskatchewan aux forces du marché et aux conditions climatiques.
Le gouvernement du premier ministre Scott Moe n’a pas indiqué son intention de procéder à des compressions budgétaires immédiates, suggérant plutôt que la province peut traverser cette tempête financière. « Nous n’allons pas paniquer, » a déclaré Harpauer aux journalistes après la publication de la mise à jour. « Les fondamentaux de la Saskatchewan demeurent solides. »
Mais certains observateurs fiscaux remettent en question cet optimisme. L’analyste politique Brianne Thomas, basée à Regina, souligne que le gouvernement a réduit le fonds d’urgence de la province – le Fonds de croissance et de sécurité financière – à seulement 225 millions de dollars, comparativement à plus de 700 millions il y a cinq ans.
« On voit le coussin s’amincir juste au moment où les vents économiques contraires se renforcent, » note Thomas. « C’est inquiétant pour la flexibilité budgétaire future. »
La situation de la Saskatchewan n’est pas entièrement négative. Les revenus tirés des ressources non renouvelables, bien qu’en baisse substantielle, sont toujours projetés à 3,3 milliards de dollars – historiquement élevés par rapport aux niveaux d’avant la pandémie. La province rapporte également des recettes fiscales dépassant de 169 millions les prévisions budgétaires, ce qui suggère une certaine résilience économique malgré les défis liés aux ressources.
Ce qui rend cette mise à jour particulièrement remarquable, c’est la rapidité de la détérioration. Lorsque le budget a été présenté il y a à peine sept mois, les responsables gouvernementaux dépeignaient un tableau de prospérité continue. Ce revirement rapide met en évidence la volatilité qui continue de défier les économies des Prairies malgré des décennies de tentatives de diversification.
Pour les résidents ordinaires de la Saskatchewan, les implications ne sont pas immédiatement claires. Le gouvernement n’a pas annoncé de réductions de services ou d’augmentations d’impôts pour combler le déficit. Cependant, les économistes notent que des déficits persistants mènent généralement à des choix plus difficiles à l’avenir.
« La province mise essentiellement sur une reprise des prix de la potasse, » explique Williams. « Si cela ne se matérialise pas d’ici l’année prochaine, nous verrons probablement soit des restrictions de dépenses, soit des mesures de revenus dans le prochain budget. »
Les provinces voisines observent attentivement. Le Manitoba et l’Alberta font face à des défis similaires liés aux revenus des ressources, bien que les récents excédents de l’Alberta offrent plus de marge de manœuvre fiscale que celle dont jouit actuellement la Saskatchewan.
Pour une province qui se targue de prudence fiscale, le retour en territoire déficitaire comporte des implications tant pratiques que politiques. Le gouvernement Moe a fréquemment critiqué les déficits fédéraux tout en promettant des budgets équilibrés chez lui.
À l’approche de l’hiver, tant les planificateurs gouvernementaux que les citoyens ordinaires surveilleront attentivement ces prix de la potasse. Dans l’économie des ressources de la Saskatchewan, la distance entre l’excédent et le déficit peut parfois se mesurer au prix à la tonne des ressources des prairies extraites du sol.