Alors que les enseignants de l’Alberta sont en grève, les parents cherchent des alternatives éducatives pour combler le vide académique de leurs enfants. À Lethbridge, le Centre Kumon de mathématiques et de lecture a connu une soudaine augmentation des demandes de renseignements de familles inquiètes qui souhaitent maintenir les progrès d’apprentissage de leurs enfants pendant ce conflit de travail.
« Nous avons reçu environ 30 appels téléphoniques rien que la semaine dernière, » explique Melanie Johnson, directrice du centre Kumon de Lethbridge. « Les parents craignent que leurs enfants prennent du retard, surtout avec les examens finaux et les évaluations de fin d’année qui approchent. »
L’Association des enseignants de l’Alberta (ATA) a annoncé une grève la semaine dernière après que les négociations avec le gouvernement provincial aient abouti à une impasse. Les points de désaccord concernent la taille des classes, le soutien aux élèves ayant des besoins spéciaux, et la rémunération des enseignants qui n’a pas suivi l’inflation.
Pour des parents comme Sarah Metcalfe, mère de trois enfants d’âge scolaire, la grève a créé des défis immédiats. « Je soutiens les enseignants dans leurs revendications, mais je m’inquiète aussi pour mes enfants. Ma fille aînée est en sixième année, et c’est une année cruciale pour ses bases en mathématiques avant le secondaire. »
Le modèle d’apprentissage à rythme libre de Kumon est devenu particulièrement attrayant pendant cette perturbation. Le programme se concentre sur l’acquisition des fondamentaux en mathématiques et en lecture grâce à des exercices quotidiens, offrant une stabilité lorsque l’enseignement régulier en classe n’est pas disponible.
La ministre de l’Éducation Adriana LaGrange a publié hier un communiqué exprimant sa déception quant à l’impact de la grève sur les élèves. « Nous restons déterminés à retourner à la table des négociations et à parvenir à un accord qui fonctionne pour les enseignants, les élèves et les contribuables, » indique le communiqué.
Pendant ce temps, les données de Statistique Canada montrent que les services de tutorat privés voient généralement une augmentation de 15 à 20 % des inscriptions pendant les grèves des enseignants. Au-delà de Kumon, d’autres services éducatifs à travers la province connaissent des pics de demande similaires.
La Bibliothèque publique de Calgary a élargi son programme d’aide aux devoirs pour accueillir plus d’élèves pendant la fermeture des écoles. « Nous avons ajouté trois séances supplémentaires par semaine et prolongé nos heures de soutien en ligne, » explique Janice Torres, coordonnatrice de sensibilisation éducative de la bibliothèque.
Mais les défenseurs de l’éducation avertissent que les programmes supplémentaires, bien qu’utiles, ne sont pas accessibles à toutes les familles. Le président de l’Association des enseignants de l’Alberta, Jason Schilling, a souligné lors d’une conférence de presse que « les familles ne devraient pas avoir à payer de leur poche pour une continuité éducative qui devrait être fournie par notre système public. »
Un récent sondage d’Angus Reid indique que 68 % des parents albertains sont préoccupés par les perturbations éducatives, et 42 % cherchent activement des alternatives pendant la grève.
Pour l’instant, des centres comme Kumon s’adaptent pour répondre à la demande soudaine. « Nous prolongeons nos heures d’ouverture et faisons appel à des instructeurs supplémentaires, » dit Johnson. « Nous essayons d’accueillir autant de familles que possible durant cette période incertaine. »
Miguel Fernandez, élève de terminale, a pris les choses en main en formant des groupes d’étude avec ses camarades de classe dans un café local. « Nous mettons en commun nos notes et nos ressources. Certains d’entre nous qui sont plus forts dans certaines matières aident les autres. Ce n’est pas idéal, mais nous nous débrouillons. »
La province a suggéré que la grève pourrait durer plusieurs semaines, laissant les parents continuer à assembler divers soutiens éducatifs. Les conseils scolaires fournissent certaines ressources en ligne, mais l’enseignement pratique dont de nombreux élèves ont besoin reste largement indisponible.
Au centre Kumon, Johnson explique que bien qu’ils soient heureux d’aider pendant la grève, leur programme fonctionne mieux comme un complément éducatif à long terme. « Notre méthode est conçue pour développer des compétences au fil du temps, pas comme une solution d’urgence. Mais nous comprenons que les parents ont besoin de solutions immédiates en ce moment. »
La situation soulève des questions plus larges sur la résilience éducative en Alberta. Lorsque l’instruction normale est perturbée, le fardeau incombe souvent aux familles de trouver et de financer des alternatives. « Il ne s’agit pas seulement d’une grève temporaire, » note la chercheuse en politique éducative Dr. Amal Sinha de l’Université de Calgary. « Cela révèle des vulnérabilités structurelles dans notre façon de dispenser l’éducation et de soutenir la continuité de l’apprentissage. »
Alors que les deux parties poursuivent les négociations, une chose reste claire : le paysage éducatif de l’Alberta fait preuve d’une adaptabilité remarquable, les communautés se mobilisant pour soutenir l’apprentissage des élèves malgré les circonstances. Que ce soit par le biais de programmes formels comme Kumon, d’initiatives communautaires ou de groupes d’étude improvisés, la poursuite de l’éducation continue même si les écoles restent vides.