Le Comité paralympique du Canada vient d’annoncer son plus important investissement dans le parasport de base, allouant 355 000 $ en subventions par l’entremise du Fonds de développement du sport paralympique pour la saison 2025-26. Ce financement crucial arrive à un moment charnière pour le para-athlétisme canadien, suite à la performance inspirante d’Équipe Canada aux Jeux paralympiques de Paris 2024.
Ayant couvert les politiques sociales depuis près d’une décennie, j’ai pu constater de mes propres yeux comment un financement ciblé peut transformer des communautés. Cet investissement représente bien plus que des dollars – il s’agit de créer des voies pour la prochaine génération de champions paralympiques canadiens.
« Ces fonds vont directement au cœur du développement du parasport à travers le pays, » a déclaré Karen O’Neill, PDG du Comité paralympique canadien, lors de l’annonce d’hier à Ottawa. « Nous ne soutenons pas uniquement les athlètes d’élite, nous construisons des programmes durables qui présentent le sport aux personnes handicapées et leur offrent des parcours clairs vers l’excellence. »
Le financement, qui touche 25 organismes dans neuf provinces, cible trois domaines de développement essentiels : le recrutement, la formation des entraîneurs et les occasions de compétition. Ce qui rend ce cycle de financement particulièrement significatif, c’est son accent sur les communautés rurales et éloignées, où les possibilités de parasport ont historiquement été limitées.
Selon les données de Sport Canada, seulement 27 % des Canadiens handicapés participent régulièrement à des sports organisés, contre 49 % des Canadiens sans handicap. Ces subventions visent à combler cet écart de participation.
À Terre-Neuve-et-Labrador, l’association provinciale de basketball en fauteuil roulant recevra 18 500 $ pour lancer des cliniques mobiles de formation qui se déplaceront dans les communautés le long de la côte accidentée de la province. J’ai parlé avec Ellen Parsons, entraîneure communautaire à St. John’s, qui a expliqué l’impact concret.
« Pour les jeunes handicapés dans les communautés de pêche éloignées, simplement voir le parasport en action peut changer une vie, » a expliqué Parsons. « Plusieurs n’ont jamais vu de basketball en fauteuil roulant auparavant. Ces cliniques ne visent pas uniquement à trouver de futurs paralympiens – bien que ce serait merveilleux – elles visent à montrer aux jeunes handicapés que le sport est aussi pour eux. »
L’augmentation du financement survient après que le Canada ait remporté 31 médailles aux Jeux paralympiques de Paris, dont huit d’or – une performance qui a captivé les téléspectateurs canadiens et généré une couverture médiatique sans précédent.
La nageuse paralympique Aurélie Rivard, qui a ajouté deux médailles supplémentaires à sa collection à Paris, a accueilli favorablement la nouvelle du financement. « Quand j’ai commencé à nager, il y avait tellement d’obstacles, » m’a-t-elle confié par téléphone depuis son centre d’entraînement à Montréal. « Chaque dollar investi dans le développement signifie qu’un autre enfant pourrait trouver sa passion comme j’ai trouvé la mienne. Il ne s’agit pas seulement de créer des champions, mais de créer un sentiment d’appartenance. »
La Colombie-Britannique reçoit la plus grande allocation provinciale avec 76 000 $, soutenant des initiatives en para-ski alpin, rugby en fauteuil roulant et para-cyclisme. Le financement arrive alors que les communautés se reconstruisent après deux années de restrictions pandémiques qui ont particulièrement affecté les programmes de parasport.
Mike Lonergan, coordonnateur du parasport pour SportAbility BC, a souligné les défis. « Quand les centres communautaires et les piscines ont fermé pendant la COVID, plusieurs de nos athlètes ont perdu leurs seuls lieux d’entraînement accessibles. Nous reconstruisons encore ces programmes, et ce financement est essentiel pour remettre les athlètes sur la bonne voie. »
Les statistiques de l’Enquête canadienne sur l’incapacité suggèrent qu’environ 6,2 millions de Canadiens – environ un sur cinq – vivent avec une forme de handicap. Pourtant, les budgets provinciaux pour les programmes de sport adapté demeurent disproportionnellement petits comparativement au financement du sport conventionnel. Le Fonds de développement du sport paralympique aide à remédier à ce déséquilibre.
Ce qui se démarque particulièrement dans ce cycle de financement est l’accent mis sur la formation des entraîneurs. Près de 40 % du financement total (142 000 $) soutiendra des programmes de formation pour les entraîneurs se spécialisant dans les disciplines paralympiques. Le Comité paralympique canadien cite des recherches démontrant que des entraîneurs correctement formés sont le facteur le plus important pour la rétention des athlètes.
En Saskatchewan, une province où d’immenses distances séparent les communautés, 27 000 $ soutiendront des programmes virtuels de formation d’entraîneurs permettant aux enseignants ruraux et aux bénévoles communautaires d’obtenir une certification en parasport sans avoir à se déplacer vers les grands centres.
« Un entraîneur formé dans une petite ville peut faire toute la différence pour qu’un jeune handicapé découvre le sport ou non, » a expliqué Jérémie Carrière de Sask Sport. « Nous avons vu comment un seul entraîneur passionné peut transformer l’approche d’une communauté envers l’inclusion. »
Certains bénéficiaires de financement ont soulevé des préoccupations concernant le cycle de financement d’un an, notant que des programmes durables nécessitent des engagements pluriannuels. Lorsqu’interrogée sur cette limitation, O’Neill a reconnu le défi.
« Nous travaillons activement avec Sport Canada et nos partenaires corporatifs pour évoluer vers des modèles de financement pluriannuels, » a-t-elle déclaré. « La réalité est que le développement de programmes prend du temps, particulièrement dans le parasport où l’équipement spécialisé et les installations accessibles sont des composantes essentielles. »
Le secrétaire parlementaire aux Sports, Adam van Koeverden – lui-même champion olympique – a assisté à l’annonce du financement et a suggéré qu’un soutien fédéral accru pourrait être à venir.
« Le gouvernement reconnaît que l’investissement dans le parasport ne concerne pas seulement les médailles – il s’agit de créer un Canada plus inclusif, » a déclaré van Koeverden. « Nous examinons les moyens d’améliorer le financement stable pour ces voies de développement cruciales. »
Alors que le parasport continue de gagner en visibilité après Paris 2024, ces subventions représentent une étape cruciale pour assurer que le Canada demeure compétitif sur la scène mondiale tout en créant des opportunités pour les Canadiens de toutes capacités de participer au sport.
Pour les familles dans des communautés comme Yellowknife, Rimouski ou Medicine Hat, ce financement pourrait faire toute la différence entre un enfant handicapé qui trouve son chemin athlétique ou qui passe à côté du pouvoir transformateur du sport.
Le véritable test sera de savoir si cet investissement record signale un changement permanent vers un financement équitable du sport ou simplement un regain d’attention et de ressources après les Jeux paralympiques. Pour le bien de la prochaine génération de champions paralympiques potentiels du Canada, espérons qu’il s’agisse du premier.