La promesse libérale de réduire d’environ huit cents par litre le prix de l’essence au Nouveau-Brunswick a suscité à la fois de l’intérêt et du scepticisme dans toute la province. En traversant Fredericton hier, la file d’attente aux stations Irving montrait à quel point les résidents surveillent de près leurs coûts de carburant.
« Les gens souffrent à la pompe, et cela fournirait un soulagement immédiat, » m’a confié la cheffe libérale Susan Holt lors d’un arrêt de campagne à Moncton la semaine dernière. Le programme de son parti comprend l’élimination de la portion provinciale de la taxe de vente harmonisée sur l’essence et les combustibles de chauffage domestique si les libéraux sont élus en octobre.
Le plan réduirait les prix de l’essence d’environ huit cents par litre selon les estimations libérales. Pour mettre cela en perspective, c’est à peu près 4 à 5 dollars d’économies chaque fois que le conducteur moyen remplit son réservoir – ce qui n’est pas négligeable dans une province où de nombreux résidents ruraux parcourent des distances considérables pour le travail et les services essentiels.
Le premier ministre Blaine Higgs a répondu avec sa prudence caractéristique. « Les réductions d’impôts semblent attrayantes, mais nous devons tenir compte des recettes perdues, » a-t-il déclaré lors d’un événement de la Chambre de commerce à Saint-Jean. Le gouvernement progressiste-conservateur estime que la réduction d’impôt diminuerait les revenus provinciaux d’environ 150 millions de dollars par an – de l’argent actuellement destiné aux soins de santé et aux infrastructures.
Ce qui rend cette promesse particulièrement intéressante, c’est son timing. Le Nouveau-Brunswick a enregistré un excédent de 1,1 milliard de dollars au cours du dernier exercice financier, donnant aux libéraux des arguments pour soutenir que la province peut se permettre un allègement fiscal. Les chiffres du ministère des Finances confirment qu’il s’agit du plus important excédent de l’histoire provinciale.
Le Front commun pour la justice sociale du Nouveau-Brunswick a exprimé des sentiments mitigés concernant cette proposition. « L’abordabilité de l’énergie est cruciale, mais nous devons nous assurer que les réductions d’impôts ne se traduisent pas plus tard par des réductions de services, » a déclaré Abram Lutes, coordinateur provincial de l’organisation, lorsque je lui ai parlé au téléphone.
À la station-service de Riverview près de Moncton, les clients réguliers avaient beaucoup à dire. « Chaque sou compte de nos jours, » a déclaré Jean Arsenault, un entrepreneur qui remplissait sa camionnette. « Mais j’ai déjà entendu des promesses électorales. La question est de savoir s’ils vont réellement les tenir. »
Cette promesse met en évidence des préoccupations plus larges concernant l’abordabilité dans une province où l’inflation a dépassé la croissance des salaires. Les données de Statistique Canada montrent que le taux d’inflation du Nouveau-Brunswick s’est maintenu à 3,2% en juin, les coûts de transport demeurant une dépense importante pour les ménages.
Ce qui est souvent négligé dans ce débat, c’est la façon dont la réduction d’impôt pourrait affecter différentes communautés. Pour les résidents ruraux de localités comme Campbellton ou Sussex, où les transports en commun sont limités ou inexistants, les coûts de carburant représentent une plus grande portion des dépenses mensuelles par rapport aux citadins.
« On ne peut pas prendre l’autobus pour aller travailler quand il n’y en a pas, » a souligné Sarah MacIntosh, une résidente de Blackville qui fait la navette pendant 40 minutes dans chaque sens pour se rendre à son travail à Miramichi. « Donc, toute réduction sur les prix de l’essence fait une vraie différence. »
La taxe carbone provinciale complique davantage les choses. Actuellement fixée à 17,4 cents par litre, elle représente une partie importante de ce que les Néo-Brunswickois paient à la pompe. La proposition libérale ne traite pas de cette composante, se concentrant plutôt uniquement sur la portion provinciale de la TVH.
Des économistes spécialistes de l’énergie ont remis en question si les économies complètes atteindraient les consommateurs. « Les prix de détail de l’essence ne reflètent pas toujours parfaitement les changements fiscaux, » a expliqué Dr. Herb Emery, économiste à l’Université du Nouveau-Brunswick. « Il y a souvent un décalage, et parfois la réduction complète ne se matérialise pas aux pompes. »
Les environnementalistes ont soulevé des préoccupations concernant l’encouragement de la consommation de combustibles fossiles par le biais d’allègements fiscaux. Le Conseil de conservation du Nouveau-Brunswick préconise plutôt l’expansion des transports en commun et des incitatifs pour les véhicules électriques comme approches plus durables face à l’abordabilité du transport.
La proposition de réduction d’impôt a ravivé la discussion sur la structure fiscale globale du Nouveau-Brunswick. La province a actuellement le deuxième taux de TVH le plus élevé au Canada à 15%, à égalité avec la Nouvelle-Écosse et Terre-Neuve-et-Labrador, et derrière seulement le taux effectif du Québec.
Le contexte historique est important ici. Le Nouveau-Brunswick a connu son dernier ajustement majeur de la taxe sur les carburants en 2015, lorsque le gouvernement Gallant a augmenté la taxe sur l’essence de 1,5 cent par litre. La proposition actuelle représenterait un changement plus significatif dans la politique fiscale provinciale.
À mesure que la saison électorale s’intensifie, les électeurs devront peser le soulagement immédiat contre la planification fiscale à long terme. Les libéraux parient que l’économie de la table de cuisine – le sentiment immédiat d’avoir plus d’argent dans les poches – résonnera plus puissamment que les préoccupations abstraites concernant les budgets équilibrés.
Reste à voir si cette promesse se traduira par des votes en octobre. Mais en remplissant mon propre réservoir hier et en regardant les dollars augmenter, j’ai compris pourquoi cet engagement particulier a capté l’attention du public d’une manière que des propositions politiques plus complexes n’ont pas réussi à faire.


 
			 
                                
                              
		 
		 
		