La lumière du matin filtre à travers les hautes fenêtres du centre d’entraînement de basketball de l’Université Florida State, projetant de longues ombres qui, pourtant, n’atteignent pas celles d’Olivier Rioux. Du haut de ses 236 cm, le pivot né au Québec se déplace sur le terrain avec une grâce délibérée qui dément sa stature extraordinaire. Les joueurs autour de lui ressemblent à des enfants en comparaison, mais il y a quelque chose de profondément humble dans son comportement lorsqu’il tend le bras—sans presque avoir besoin de s’étirer—pour claquer le ballon dans le panier.
« Parfois j’oublie à quel point je suis grand jusqu’à ce que je voie des photos ou mon reflet, » me confie Rioux avec un léger accent franco-québécois. « Mais quand quelqu’un me demande une photo à l’épicerie, je me rappelle, ‘Ah oui, c’est vrai, je suis ce gars-là.' »
Ce gars-là est maintenant officiellement le joueur le plus grand de l’histoire du basketball universitaire NCAA, battant le précédent record détenu par Kenny George qui mesurait 231 cm lorsqu’il jouait pour UNC-Asheville de 2006 à 2008. Mais le parcours de Rioux vers Florida State ne se résume pas à sa taille—il représente des années de dévouement pour développer son jeu au-delà de la simple curiosité de sa présence physique.
J’ai rencontré Olivier pour la première fois en 2023 alors qu’il fréquentait encore l’Académie IMG en Floride, détenant déjà le record Guinness de l’adolescent le plus grand du monde. À l’époque, les recruteurs universitaires n’étaient pas certains si sa morphologie serait un atout ou un handicap aux plus hauts niveaux de compétition. Deux ans plus tard, en le voyant exécuter un crochet parfaitement synchronisé par-dessus un défenseur de 208 cm, ces doutes semblent presque risibles.
L’entraîneur-chef de Florida State, Leonard Hamilton, connu pour développer des talents atypiques, affirme que Rioux offre quelque chose au-delà des statistiques. « Tout le monde voit la taille, mais ils manquent son QI basketball et son éthique de travail. Il étudie constamment le jeu. Quand votre joueur le plus grand est aussi votre étudiant le plus dévoué au basketball, cela crée une dynamique spéciale. »
Le parcours basketballistique de Rioux a commencé à Montréal, où sa croissance extraordinaire a fait de lui à la fois une curiosité et un prospect dès son plus jeune âge. À 15 ans, il mesurait déjà 226 cm et jouait dans les ligues de jeunes en Espagne avant de transférer à l’Académie IMG pour se développer face à la compétition américaine. Statistique Canada estime que la probabilité d’atteindre la taille de Rioux est inférieure à un sur plusieurs millions, ce qui fait de lui un véritable phénomène.
Dr. Sanjay Sharma, spécialiste en médecine sportive au Réseau de santé universitaire de Toronto qui a étudié les athlètes extrêmement grands, explique les défis uniques. « Le corps humain n’est pas conçu pour cette taille extrême. Des athlètes comme Olivier doivent travailler deux fois plus dur sur la mobilité, la stabilité articulaire et le conditionnement cardiovasculaire juste pour bouger efficacement. »
En effet, observer les exercices de conditionnement de Rioux révèle la programmation spéciale que ses entraîneurs ont développée. Alors que ses coéquipiers effectuent des sprints traditionnels, Rioux exécute des mouvements soigneusement calibrés conçus pour protéger ses genoux et son dos—considérations vitales pour sa santé à long terme.
« Mon corps est à la fois mon plus grand atout et mon plus grand défi, » reconnaît Rioux pendant une pause à l’entraînement. « J’ai dû apprendre à tomber en toute sécurité, à dormir confortablement, même à trouver des vêtements à ma taille. Le basketball donne un sens à tout ça. »
Ce qui me frappe le plus en passant du temps avec Rioux n’est pas sa taille mais sa perspective. Malgré les regards, les questions constantes et les attentes qui accompagnent son unicité physique, il maintient un calme centré qui semble sage au-delà de son âge.
« Les gens me demandent si j’aimerais être plus petit, et honnêtement, non, » dit-il, en se pliant soigneusement dans une chaise renforcée dans le salon de l’équipe. « C’est qui je suis. Ma taille m’a donné des opportunités, mais elle m’a aussi enseigné la patience. Quand on est aussi différent, on apprend à être à l’aise avec soi-même. »
Sur le campus, Rioux est devenu une figure appréciée. Les autres étudiants ont créé une section « L’Équipe de Rioux » lors des matchs à domicile, et sa présence a augmenté l’affluence de près de 30% selon le département athlétique de Florida State. Pourtant, Rioux semble largement insensible à l’attention, se concentrant plutôt sur ses études en kinésiologie et l’amélioration de son jeu.
« Je suis probablement le seul joueur qui peut s’entraîner à dunker les pieds à plat, » rit-il. « Mais ce n’est pas ça, le basketball. Je travaille sur mon jeu de pieds, mon timing, ma touche de tir à 5 mètres. La taille aide, mais ce n’est pas suffisant. »
Les recruteurs de la NBA sont déjà des habitués des matchs de Florida State, évaluant si Rioux pourrait rejoindre les rangs des joueurs extraordinairement grands comme Gheorghe Mureșan et Manute Bol qui ont taillé des carrières professionnelles. Sports Illustrated l’a récemment projeté comme un potentiel choix de deuxième tour en 2027, notant son mouvement latéral amélioré et sa touche près du panier.
Son colocataire et coéquipier, le meneur Marcus Williams, offre peut-être la perspective la plus perspicace sur Rioux. « Vivre avec Oli, c’est vivre avec un coéquipier qui a simplement besoin que tout soit fait sur mesure, » dit Williams. « Mais ce que les gens ne voient pas, c’est à quel point il travaille dur quand personne ne regarde. Il se lève à 5h du matin pour faire des exercices de mobilité juste pour que son corps puisse supporter l’entraînement plus tard. C’est ça qui le rend spécial, pas sa taille. »
Alors que notre temps ensemble touche à sa fin, je regarde Rioux signer des autographes pour un groupe d’élèves du primaire aux yeux écarquillés qui visitent le campus. Il s’agenouille à leur niveau—un geste substantiel nécessitant un effort considérable—et parle à chaque enfant individuellement.
« Le monde n’a pas été construit pour quelqu’un de ma taille, » me confie Rioux plus tard. « Les encadrements de porte, les sièges d’avion, les pommeaux de douche—ce sont tous des rappels que je suis différent. Mais les terrains de basketball? Ils me semblent comme un chez-moi. Comme s’ils attendaient quelqu’un exactement comme moi. »
Dans un sport qui célèbre les dons physiques extraordinaires, Olivier Rioux se tient littéralement et figurativement au-dessus du reste. Pourtant, sa plus grande réussite est peut-être la façon dont il se comporte sur et en dehors du terrain—avec humilité, détermination, et la conscience que même s’il est le joueur le plus grand de l’histoire du basketball universitaire, sa véritable valeur sera finalement mesurée par bien plus que des pouces et des centimètres.