Je me souviens encore de ce dépliant élégant de l’élection de 2021 – les Libéraux de Justin Trudeau promettant une approche de « leadership climatique » qui positionnerait enfin le Canada comme un champion environnemental mondial. Ils avaient nommé un ambassadeur pour le climat afin de renforcer notre présence internationale. Quatre ans plus tard, je me retrouve dans le centre médiatique bondé du sommet de la COP30 à Belém, au Brésil, cherchant notre envoyé pour le climat parmi la délégation, pour découvrir que le Canada est arrivé sans lui.
Julie Dabrusin, secrétaire parlementaire du ministre de l’Environnement et du Changement climatique, dirige la délégation canadienne cette année. Bien que Dabrusin apporte une passion indéniable à son rôle, l’absence de l’ambassadeur dédié au climat du Canada lors de ce sommet crucial a fait sourciller les organisations environnementales et les experts en politiques.
« L’absence de notre ambassadeur pour le climat aux négociations internationales les plus importantes de l’année envoie des signaux inquiétants quant aux priorités du Canada, » explique Catherine Abreu, directrice générale de Destination Zéro, qui a assisté à onze sommets précédents de la COP. « Quand des pays comme le Danemark et le Royaume-Uni envoient leurs représentants climatiques de plus haut niveau, leurs voix ont plus de poids dans les négociations à huis clos. »
Le poste d’ambassadeur pour le climat du Canada est vacant depuis septembre, lorsque la précédente titulaire a terminé son mandat. Environnement et Changement climatique Canada a confirmé que le gouvernement est « en train de sélectionner un nouvel ambassadeur » mais n’a pas pu fournir de calendrier pour la nomination.
Ce vide de leadership survient à un moment particulièrement délicat. La COP30 se concentre sur la mise en œuvre des engagements financiers pris dans les accords précédents – spécifiquement, comment les nations riches soutiendront les pays en développement qui subissent le gros des impacts climatiques qu’ils ont peu contribué à créer.
Lors de ma visite au Pavillon canadien hier matin, l’atmosphère était visiblement plus sobre que les années précédentes. Plusieurs représentants de la société civile ont exprimé leur frustration concernant la présence diminuée du Canada, surtout alors que les négociations s’intensifient autour des mécanismes de financement climatique.
« Il ne s’agit pas seulement de symbolisme, » note Dr. Gordon McBean, ancien sous-ministre adjoint à Environnement Canada et professeur de sciences climatiques à l’Université Western. « Les ambassadeurs pour le climat construisent des relations tout au long de l’année qui deviennent cruciales pendant les moments de négociations tendues. Ils possèdent une connaissance institutionnelle et peuvent naviguer dans la politique complexe de ces sommets d’une façon que les secrétaires parlementaires en rotation ne peuvent simplement pas faire, quelle que soit leur compétence. »
L’absence reflète également un modèle préoccupant. Les données de Statistique Canada montrent que, bien que 83 % des Canadiens considèrent le changement climatique comme une menace sérieuse, les dépenses fédérales liées au climat ont connu des diminutions proportionnelles depuis 2021. Le Bureau du directeur parlementaire du budget a récemment signalé que les objectifs de réduction des émissions du Canada demeurent significativement en deçà de nos engagements de l’Accord de Paris.
Lorsque j’ai interrogé sur la vacance du poste d’ambassadeur lors du briefing de la délégation canadienne hier, Dabrusin a souligné que le Canada reste « pleinement engagé dans le leadership climatique » malgré ce vide temporaire. « Notre équipe technique est pleinement engagée dans tous les volets de négociation, et le ministre Guilbeault nous rejoindra la semaine prochaine pour le segment de haut niveau, » a-t-elle noté.
Cependant, d’anciens diplomates suggèrent que cette vacance reflète des calculs politiques plus profonds. « Nommer un ambassadeur pour le climat de haut profil juste avant une élection serait inhabituel, » explique Elizabeth May, ancienne cheffe du Parti vert et experte de longue date en politique climatique. « Le poste changerait probablement de nouveau après l’élection, créant des coûts de transition inutiles et de la confusion parmi les partenaires internationaux. »
Ce qui rend cette absence particulièrement frappante, c’est le contraste avec l’approche du Canada concernant d’autres nominations diplomatiques. Au cours de la dernière année seulement, le gouvernement fédéral a nommé des envoyés spéciaux pour le commerce indo-pacifique, la préservation de la mémoire de l’Holocauste et la lutte contre l’antisémitisme – tous des rôles importants, mais qui soulèvent des questions sur la priorisation.
La vacance du poste d’ambassadeur survient également pendant des tensions nationales accrues autour de la politique climatique. Le système fédéral de tarification du carbone fait face à une résistance croissante dans plusieurs provinces, tandis que les récentes données d’emploi de Statistique Canada montrent que plus de 40 000 travailleurs du pétrole et du gaz sont passés à d’autres secteurs depuis 2019 – beaucoup sans programmes de soutien adéquats.
Dr. Deborah McGregor, titulaire de la Chaire de recherche du Canada en justice environnementale autochtone à l’Université York, fait le lien entre ces éléments : « La représentation internationale est importante car elle façonne la mise en œuvre des politiques nationales. Quand le Canada recule d’un leadership visible dans des forums comme la COP, cela affaiblit la volonté politique pour des transitions difficiles au pays. »
En parcourant les pavillons brésiliens hier après-midi, j’ai remarqué des représentants de pays qui subissent des catastrophes climatiques de première main – nations insulaires du Pacifique confrontées à la montée des eaux, pays africains luttant contre des sécheresses sans précédent – engagés dans des discussions intenses avec les grandes économies. Ces conversations se déroulent formellement dans les salles de négociation mais aussi informellement dans les couloirs et lors d’événements sociaux – précisément les espaces où les ambassadeurs construisent des relations cruciales.
Lorsque le Canada a établi le rôle d’ambassadeur pour le climat, cela signalait notre intention de nous engager plus profondément dans ces espaces. La vacance actuelle crée des lacunes relationnelles qui s’étendent au-delà de ce seul sommet.
Alors que la chaleur étouffante de Belém rappelle quotidiennement aux délégués notre planète qui se réchauffe, la délégation canadienne travaille avec diligence malgré leur manque de leadership. Mais dans le monde à enjeux élevés de la diplomatie climatique internationale, la présence compte. Et en ce moment, la voix spécialisée du Canada sur le climat est manifestement silencieuse précisément au moment où elle devrait être la plus forte.