La petite communauté de Saint-Jérôme, au Québec, demeure sous le choc après qu’un adolescent ait été accusé de meurtre au second degré en lien avec le décès de sa grand-mère. Selon les documents judiciaires consultés, le jeune de 16 ans aurait utilisé une hache lors de l’attaque survenue à l’intérieur d’une résidence familiale le week-end dernier.
« Ce type de violence intrafamiliale crée des ondes de choc profondes dans nos communautés », a déclaré Élise Bertrand, spécialiste en traumatismes familiaux au Centre d’intervention de crise de Montréal, lors d’un entretien hier. « Au-delà de la tragédie immédiate, ces cas soulèvent des questions difficiles sur les soutiens en santé mentale pour les jeunes et nos systèmes d’intervention précoce. »
La Sûreté du Québec a confirmé être intervenue suite à un appel d’urgence vers 21h30 dimanche après qu’un membre de la famille ait découvert la victime. Les premiers répondants ont tenté des manœuvres de réanimation, mais la femme de 68 ans a été déclarée morte sur place. L’adolescent a été appréhendé peu après dans une propriété voisine.
En vertu des dispositions de la Loi sur le système de justice pénale pour les adolescents, ni l’identité de l’accusé ni celle de la victime ne peuvent être publiées. Cette protection juridique vise à équilibrer l’intérêt public avec les considérations particulières entourant les jeunes contrevenants.
Les dossiers judiciaires montrent que l’adolescent a comparu devant un juge mardi matin au palais de justice de Saint-Jérôme, où il a été formellement accusé de meurtre au deuxième degré. Le procureur de la Couronne a indiqué qu’il demanderait une peine pour adulte si l’adolescent est reconnu coupable, citant la nature apparemment préméditée de l’attaque.
« Le seuil pour juger un jeune comme un adulte exige que le tribunal considère plusieurs facteurs au-delà de la gravité du crime », a expliqué Me Marc Rousseau, avocat de la défense criminel qui a travaillé sur des cas similaires. « Le tribunal doit évaluer la maturité du jeune, ses antécédents et ses perspectives de réhabilitation. »
La commission scolaire locale a déployé des conseillers en situation de crise à l’école de l’adolescent, où ses camarades de classe l’ont décrit comme discret, mais sans comportement menaçant auparavant. Des voisins ont confirmé qu’aucun appel à la police n’avait été fait précédemment à cette résidence.
Les données de Statistique Canada révèlent que les homicides commis par des jeunes, bien que rares, ont augmenté de 12 % au cours des cinq dernières années au Québec. Cependant, la violence familiale impliquant des mineurs comme auteurs demeure parmi les catégories les moins fréquentes de crimes violents.
Cette tragique affaire a relancé les appels pour un meilleur dépistage de santé mentale dans les écoles. La Dre Monique Landry, de l’Institut de santé publique du Québec, a expliqué que l’identification des signes avant-coureurs demeure difficile malgré les investissements récents dans la santé mentale des jeunes.
« On observe souvent, rétrospectivement, des signes qui sont passés inaperçus ou non signalés », a déclaré la Dre Landry. « Le problème se situe entre l’observation et l’intervention — un écart que nous travaillons encore à combler dans nos systèmes. »
L’adolescent reste en détention dans un centre pour jeunes en attendant une évaluation psychologique ordonnée par le tribunal. Sa prochaine comparution est prévue pour le 28 novembre, où une audience de remise en liberté déterminera s’il peut être libéré sous surveillance avant le procès.
Pour la famille élargie de la grand-mère, réunie devant le palais de justice mardi, les questions sur comment cela a pu se produire demeurent douloureusement sans réponse. Le porte-parole de la famille a refusé de fournir des détails, mais a demandé le respect de leur vie privée pendant « cette période incompréhensible ».
La communauté a organisé une veillée pour jeudi soir, les élus locaux appelant à la retenue dans les spéculations sur les motifs ou les circonstances.
Les statistiques provinciales sur la justice pour les jeunes indiquent qu’environ 82 % des jeunes accusés de crimes violents au Québec ont des antécédents documentés de problèmes de santé mentale ou de traumatismes — soulignant l’interaction complexe des facteurs qui précèdent de telles tragédies.
Alors que cette affaire avance dans le système judiciaire, elle déclenchera probablement d’importantes conversations sur la violence chez les jeunes, les systèmes de soutien familial et l’adéquation des ressources en santé mentale dans les petites communautés québécoises. Les tribunaux doivent maintenant naviguer dans l’équilibre délicat entre la justice pour la victime et les considérations juridiques uniques qui s’appliquent aux jeunes contrevenants.