Je viens d’apprendre que Postes Canada et le Syndicat des travailleurs et travailleuses des postes (STTP) sont parvenus à un accord de principe, ce qui pourrait mettre fin à des semaines de grèves tournantes qui ont perturbé le service postal à l’échelle nationale. L’entente, annoncée tard jeudi soir, intervient après des séances de négociations marathon qui se sont prolongées pendant la majeure partie de cette semaine.
Des sources proches des pourparlers indiquent que l’accord aborde plusieurs questions litigieuses, notamment les augmentations de salaire, l’amélioration de la sécurité au travail et l’évolution continue vers la livraison de colis alors que le courrier traditionnel poursuit son déclin. Aucune des parties n’a divulgué tous les détails, car les membres du syndicat doivent d’abord examiner et ratifier le contrat proposé.
« Cette entente représente des progrès significatifs sur les enjeux importants pour les travailleurs des postes, » a déclaré Thomas Reilly, négociateur en chef du STTP, dans une brève déclaration. « Nos membres ont été clairs concernant leurs priorités tout au long de ce processus. »
L’accord provisoire arrive juste avant la période des Fêtes—traditionnellement la période la plus achalandée de Postes Canada, où le volume quotidien de colis peut tripler par rapport aux opérations régulières. L’année dernière, la société d’État a livré plus de 21 millions de colis en décembre seulement.
La ministre des Finances Anika Sharma a exprimé son soulagement face à cet accord, soulignant que des perturbations postales prolongées auraient pu ajouter de la pression à une reprise économique déjà fragile. « Les services postaux demeurent une infrastructure essentielle pour de nombreux Canadiens et entreprises, » a déclaré Sharma aux journalistes ce matin.
Les propriétaires de petites entreprises ont été particulièrement vocaux concernant l’impact des grèves tournantes. Sarah Nguyen, qui gère une boutique en ligne de matériel d’artisanat à Winnipeg, a décrit le mois dernier comme « incroyablement stressant » pour son exploitation.
« Environ 70% de mes commandes sont expédiées par Postes Canada, » a expliqué Nguyen. « J’ai payé des tarifs premium avec des transporteurs privés juste pour maintenir la satisfaction des clients, mais ces coûts réduisent directement mes marges. »
Le paysage des services postaux s’est transformé radicalement depuis la dernière perturbation majeure du travail en 2018. Le commerce électronique représente maintenant près de 14% des ventes au détail au Canada, contre 8% il y a cinq ans. Cette évolution a forcé Postes Canada à repenser son rôle tout en maintenant le service aux communautés rurales où les transporteurs privés facturent souvent des primes de livraison substantielles.
L’analyste industriel Marcus Chen de l’Université métropolitaine de Toronto souligne que les enjeux étaient particulièrement élevés dans cette ronde de négociations. « Postes Canada fait face à des pressions concurrentes—gérer les coûts hérités du passé tout en investissant dans la modernisation pour concurrencer des transporteurs privés comme FedEx et UPS qui n’ont pas d’obligations de service universel. »
L’accord comprendrait des dispositions concernant l’utilisation croissante de travailleurs temporaires pendant les périodes de pointe—une pratique que le syndicat a critiquée comme minant la sécurité d’emploi des employés permanents. Des sources indiquent que le nouveau contrat inclut des limites plus strictes sur le personnel temporaire tout en permettant une certaine flexibilité pendant la période de novembre à décembre.
Les droits d’ancienneté des travailleurs des postes concernant l’attribution des itinéraires auraient également été renforcés. Cette question a été importante car les itinéraires de livraison ont été redessinés pour s’adapter à l’évolution des habitudes postales, certains facteurs s’occupant désormais principalement de colis plutôt que du courrier traditionnel.
Postes Canada a fait pression pour une plus grande flexibilité d’horaire afin d’accommoder les livraisons le jour même et en fin de semaine—des services de plus en plus offerts par les concurrents. L’accord provisoire inclut apparemment des dispositions de rémunération premium pour les quarts de travail non traditionnels tout en maintenant les protections fondamentales concernant la prévisibilité des horaires.
Pour les travailleurs des postes ruraux, l’accord aborderait des préoccupations de longue date concernant l’équité de rémunération par rapport à leurs homologues urbains. Les factrices et facteurs ruraux et suburbains (FFRS) ont historiquement été payés différemment, avec une rémunération liée à l’évaluation des itinéraires plutôt qu’à des salaires horaires.
Les implications financières de l’accord restent étroitement gardées. Postes Canada a déclaré des profits modestes lors de son dernier trimestre, mais fait face à des défis structurels alors que les volumes de courrier traditionnel continuent leur déclin régulier d’environ 5% par année.
Les membres du syndicat voteront sur l’accord provisoire dans les semaines à venir. Bien que la direction ait indiqué qu’elle recommandera la ratification, la réaction de la base demeure incertaine. Les accords précédents ont parfois rencontré une opposition significative lors des votes des membres.
Pour les clients, les opérations postales devraient se normaliser progressivement si l’accord est approuvé. La porte-parole de Postes Canada, Elena Rodriguez, a déclaré que l’élimination des arriérés dus aux grèves tournantes pourrait prendre « deux à trois semaines, selon le volume et l’emplacement. »
Les négociations postales se sont déroulées dans un contexte de regain d’activisme syndical dans divers secteurs au Canada. L’année dernière a vu d’importantes actions syndicales dans la fabrication, les soins de santé et les transports, les travailleurs cherchant à récupérer le terrain perdu face à l’inflation et à résoudre les problèmes de qualité de vie apparus pendant la pandémie.
Quel que soit le résultat du vote de ratification, l’accord provisoire souligne l’importance continue du système postal canadien, même dans un monde de plus en plus numérique. Comme l’a dit un travailleur des postes à Halifax, « Les gens ont toujours besoin de recevoir leurs médicaments, leurs documents gouvernementaux et, oui, leurs achats en ligne de façon fiable. C’est pour cela que nous nous battons. »