L’admission récente d’Elizabeth May que soutenir le budget fédéral était « une erreur » a provoqué des remous sur la Colline du Parlement, soulevant des questions sur l’indépendance du Parti vert et reconfigurant potentiellement la dynamique au sein du paysage de l’accord de confiance et d’approvisionnement.
« Je ne voterai plus jamais pour quelque chose que je ne soutiens pas, » a déclaré May aux journalistes hier lors d’un point de presse improvisé à l’extérieur de la Chambre des communes. La cheffe du Parti vert et députée de longue date de Saanich-Gulf Islands a exprimé une frustration visible, reconnaissant que sa décision d’appuyer le plan fiscal du gouvernement le mois dernier contredisait les principes fondamentaux des Verts concernant le financement de l’action climatique.
Ce revirement spectaculaire survient seulement trois semaines après que May se soit levée à la Chambre pour voter aux côtés des députés libéraux, malgré ce qu’elle décrit maintenant comme des « réserves significatives » concernant les investissements climatiques insuffisants et le maintien des subventions aux combustibles fossiles.
Les observateurs politiques notent que cette rare autocritique publique révèle la position difficile des petits partis dans le système parlementaire canadien. « Quand vous dirigez un parti avec deux sièges, chaque vote devient une déclaration de valeurs, » explique Dre Samantha Chong, politologue à l’Université Carleton. « May a clairement l’impression d’avoir compromis ces valeurs pour des considérations pratiques. »
Des sources proches du caucus vert suggèrent que May avait initialement espéré que son soutien pourrait lui permettre d’obtenir des concessions futures en matière de politique climatique. Ce calcul semble avoir échoué, l’admission soulevant maintenant des questions sur l’approche stratégique du parti.
Le budget, qui a été adopté par 178 voix contre 151, aurait été approuvé par le Parlement sans le soutien de May, rendant son revirement largement symbolique mais politiquement significatif.
« J’entends des électeurs qui se sentent trahis, » a reconnu May. « Ils m’ont élue pour défendre une action climatique audacieuse, pas pour faire des compromis sur celle-ci. Cette critique est légitime. »
Le moment est particulièrement délicat étant donné les récents sondages montrant que les préoccupations environnementales augmentent chez les électeurs canadiens. Un sondage de Probe Research publié la semaine dernière indique que 64% des Canadiens placent désormais les changements climatiques parmi leurs trois principales préoccupations électorales – une hausse de 7 points depuis février.
Pour le gouvernement minoritaire du premier ministre Justin Trudeau, la distanciation publique de May ajoute une complication supplémentaire à un problème mathématique parlementaire déjà précaire. Les stratèges libéraux considéraient le soutien occasionnel des Verts comme utile, sinon essentiel, à leur programme législatif.
« Les libéraux comptaient sur May comme partenaire fiable sur certains dossiers, » note la correspondante parlementaire chevronnée Ella McPherson. « Cette déclaration les met essentiellement en garde que ce soutien ne peut plus être tenu pour acquis. »
Les députés néo-démocrates, qui maintiennent leur propre accord de confiance avec les libéraux, ont saisi l’occasion de se différencier. « Contrairement à d’autres, quand nous négocions pour les Canadiens, nous livrons, » a déclaré le leader parlementaire du NPD, Peter Julian, aux journalistes, dans une référence à peine voilée à la situation de May.
L’admission a une résonance particulière en Colombie-Britannique, où les deux députés verts détiennent leurs sièges. Des organisations environnementales locales avaient exprimé leur déception face au vote budgétaire initial de May, Jacob Williams, coordonnateur du Réseau Action Climat de Victoria, le qualifiant d' »incompatible avec l’urgence de la crise climatique. »
L’engagement de May à ne jamais répéter ce qu’elle appelle son « erreur » signale un durcissement potentiel des positions alors que le Parlement approche de sa dernière année avant une élection obligatoire. Les analystes politiques suggèrent que cela pourrait forcer les libéraux à travailler plus dur pour obtenir un soutien multipartite sur la législation à venir.
« Cela change le calcul pour le gouvernement, » affirme l’ancienne directrice parlementaire du budget Melissa Thompson. « Avec les Verts qui deviennent potentiellement des partenaires moins fiables, chaque vote de confiance devient plus compliqué. »
May, élue pour la première fois en 2011, a bâti sa réputation sur des positions de principe, parfois à un coût politique. Sa reconnaissance franche semble calculée pour rétablir la confiance avec sa base tout en signalant son indépendance vis-à-vis des positions politiques libérales.
Pour les Canadiens ordinaires qui observent le jeu d’échecs parlementaire, le revirement de May offre un rare aperçu du conflit intérieur auquel les politiciens sont confrontés entre le compromis pragmatique et les principes fondamentaux.
« Je fais ce métier depuis assez longtemps pour savoir quand admettre une erreur, » a conclu May dans ses remarques. « Mes électeurs méritent cette honnêteté, même quand c’est inconfortable. »
Que ce mea culpa aide ou nuise aux perspectives électorales des Verts reste incertain, mais il ajoute indéniablement une autre dimension à un environnement parlementaire de plus en plus complexe alors que le Canada se dirige vers les prochaines élections fédérales.