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CanadaPolitiqueVigie de la désinformation 🔦

Propagande russe au Canada : Impact sur la société (2020–2025)

Daniel Reyes
Last updated: avril 20, 2025 7:13 AM
Daniel Reyes
3 semaines ago
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Russian Propaganda in Canada
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Résumé

Les campagnes de propagande et de désinformation russes ont de plus en plus ciblé la société canadienne ces dernières années. Cet article examine comment les opérations d’influence parrainées par le Kremlin – allant de l’ingérence politique secrète à la propagation de faussetés sur la COVID-19 – ont affecté l’opinion publique canadienne, le discours politique, la confiance dans les institutions et la cohésion sociale. En nous appuyant sur des études universitaires, des analyses de groupes de réflexion et des rapports officiels canadiens, nous détaillons les efforts de propagande spécifiques tels que les tentatives d’ingérence dans la politique canadienne, l’amplification des divisions sociales (par exemple sur l’immigration et les mesures de santé publique) et les récits diffusés par les médias d’État russes comme RT lors d’événements tels que les manifestations du « Convoi de la liberté » de 2022. Des études de cas illustrent comment ces campagnes ont exploité les griefs et les questions polarisantes, contribuant parfois à des incidents dans le monde réel. L’analyse examine également l’impact de ces efforts de désinformation – y compris l’augmentation des croyances erronées et l’érosion de la confiance du public – et passe en revue les réponses du gouvernement du Canada et de la société civile. Nous constatons que si la désinformation russe n’a pas modifié de manière décisive les institutions nationales ou les résultats électoraux, elle constitue une menace sérieuse en sapant progressivement la résilience démocratique. L’article se termine par une discussion sur les contre-mesures en cours et la nécessité d’une vigilance continue pour renforcer les défenses informationnelles du Canada.

Contents
RésuméIntroductionContexte et MéthodologieÉtudes de cas et AnalyseÉtude de cas 1 : Ingérence politique et opérations d’influenceÉtude de cas 2 : Polarisation sociale via des récits clivantsÉtude de cas 3 : COVID‑19 et désinformation en santé publiqueImpact sur la société canadienneRéponses du gouvernement et de la société civileConclusion

Introduction

À l’ère numérique, la propagande étrangère hostile est une préoccupation croissante pour les démocraties du monde entier. Le Canada ne fait pas exception. Ces dernières années, la propagande et la désinformation parrainées par l’État russe ont été identifiées comme une menace importante pour la cohésion sociale et la stabilité politique du Canada. Les tactiques de guerre de l’information du Kremlin – perfectionnées à l’échelle mondiale – ont été dirigées contre le Canada pour influencer les opinions et semer la discorde sur des questions allant des élections et de la politique étrangère aux mesures sanitaires pandémiques. Cette tendance s’est intensifiée depuis 2020 dans un contexte de crises mondiales comme la COVID-19 et la guerre de la Russie contre l’Ukraine, qui ont fourni un terrain fertile à la désinformation.

Les responsables et experts canadiens avertissent de plus en plus que la désinformation étrangère constitue une « menace existentielle » pour la démocratie du pays. Les enquêtes publiques et les évaluations du renseignement ont souligné comment des récits faux et soutenus peuvent dégrader la confiance des citoyens dans les institutions au fil du temps. Pendant ce temps, des journalistes et des chercheurs ont exposé des cas de propagande russe s’infiltrant dans le discours public canadien – brouillant parfois la ligne entre un débat légitime et des récits fabriqués. Les enjeux sont élevés : si elles ne sont pas contrôlées, ces opérations d’influence pourraient déformer les discussions politiques, approfondir les divisions sociales et affaiblir la résilience démocratique du Canada.

Cet article propose une enquête approfondie sur l’impact de la propagande russe sur la société canadienne dans la période post-2020. Nous nous concentrons sur trois domaines clés d’influence : (1) L’ingérence politique, y compris les efforts visant à influencer les élections ou à cibler les politiciens canadiens ; (2) La polarisation sociale, par laquelle des acteurs liés au Kremlin exploitent des questions sociales litigieuses pour dresser les Canadiens les uns contre les autres ; et (3) La désinformation en santé publique, en particulier les faussetés sur la COVID-19 qui ont sapé la confiance pendant la pandémie. Nous présentons des études de cas détaillées – de l’ingérence des médias d’État dans les manifestations du convoi de camionneurs de 2022 aux campagnes en ligne autour de la guerre en Ukraine – pour illustrer comment ces efforts de propagande fonctionnent et leurs effets sur l’opinion publique. Nous analysons ensuite l’impact plus large sur la société canadienne, en soulignant les preuves de changements d’attitudes, de confiance réduite et d’incidents de radicalisation liés à la désinformation. Enfin, nous examinons comment le gouvernement canadien et la société civile ont réagi, par des mesures politiques et des initiatives locales, pour contrer et immuniser contre l’influence étrangère malveillante.

Contexte et Méthodologie

Définir la menace : Dans le contexte canadien, la « désinformation » fait référence à des informations fausses ou trompeuses diffusées délibérément par des acteurs étrangers pour tromper et manipuler. La propagande russe relève souvent de cette définition – utilisant un contenu trompeur ou fabriqué comme outil de « guerre cognitive » visant à influencer l’opinion publique et à déstabiliser les institutions. Contrairement à la diplomatie ouverte, ces activités sont généralement secrètes ou trompeuses, opérant dans une zone grise qui rend l’attribution difficile. L’approche du Kremlin en matière de guerre de l’information est expansive : plutôt qu’un message unique, il déploie un écosystème de médias officiels, de sites Web mandataires, de robots et de trolls pour diffuser des récits parfois contradictoires, le tout dans le but stratégique de semer la confusion et de diviser le public cible. La doctrine militaire et du renseignement russe définit explicitement l’information comme une arme pour « semer la confusion, faire chanter, démoraliser, subvertir et paralyser » les adversaires.

Exemples antérieurs au Canada : L’utilisation de la désinformation par la Russie contre le Canada n’est pas entièrement nouvelle. Un premier cas notable s’est produit en 2017, lorsque des médias pro-Kremlin ont répandu une diffamation sur la ministre des Affaires étrangères du Canada d’alors, Chrystia Freeland, insinuant faussement qu’elle était une « sympathisante nazie » en raison des activités de son grand-père ukrainien pendant la guerre. Freeland – une critique virulente des actions de Moscou en Ukraine – est devenue une cible constante de la propagande russe, choisie en raison de son rôle proéminent et de son héritage. Ce récit conspirationniste, diffusé par des sites Web et des médias sociaux soutenus par la Russie, visait à discréditer une dirigeante canadienne et à influencer l’opinion publique. Bien que démystifiée, elle préfigurait la tactique de la Russie consistant à cibler des personnalités et des politiques canadiennes spécifiques qui s’opposent aux intérêts du Kremlin. Depuis lors, le renseignement canadien est resté vigilant face aux opérations d’information étrangères, et en 2018, les pays du G7 (accueillis par le Canada) ont lancé le Mécanisme de réponse rapide (MRR) à Charlevoix pour coordonner les réponses à la désinformation parrainée par l’État. L’unité canadienne du MRR surveille les écosystèmes en ligne pour détecter l’ingérence étrangère, agissant comme un système d’alerte précoce pendant les élections.

Approche de recherche : Cette analyse repose sur une étude de la littérature universitaire, des rapports de groupes de réflexion et des publications du gouvernement canadien à partir de 2020. Les sources clés comprennent les examens du Comité des parlementaires sur la sécurité nationale et le renseignement (CPSNR), les évaluations du renseignement par le Service canadien du renseignement de sécurité (SCRS), les études d’instituts de recherche canadiens (par exemple, l’Institut canadien des affaires mondiales, DisinfoWatch) et les conclusions d’enquêtes parlementaires. Nous examinons des études de cas qualitatives documentées dans les reportages des médias et les notes d’information du gouvernement, et intégrons des données quantitatives provenant d’enquêtes sur l’exposition des Canadiens à la désinformation et leur croyance en celle-ci. En triangulant ces sources, nous retraçons à la fois les méthodes de la propagande russe (par exemple, les émissions des médias d’État, les fausses identités en ligne) et les résultats mesurables dans la société canadienne. La méthodologie est principalement une approche de recherche documentaire – une synthèse des résultats existants – étant donné la richesse des informations de source ouverte sur l’ingérence étrangère désormais disponibles grâce aux initiatives de transparence gouvernementale. Toutes les affirmations sont étayées par des citations des études ou déclarations officielles pertinentes. Nous décrivons d’abord les principaux efforts de propagande par catégorie, puis analysons leur impact sociétal, avant de discuter de la manière dont le Canada a réagi.

Études de cas et Analyse

Étude de cas 1 : Ingérence politique et opérations d’influence

Une voie de la propagande russe au Canada a été les tentatives – directes ou indirectes – d’ingérence dans les processus démocratiques et les affaires politiques canadiennes. Contrairement à l’ingérence électorale spectaculaire observée aux États-Unis en 2016, les effets au Canada ont été plus subtils, mais pas absents. Les rapports du renseignement canadien notent que la Russie identifie les questions et événements clivants dans les États rivaux pour mener des campagnes d’influence et saper les normes démocratiques libérales. En pratique, cela a inclus la diffusion de récits trompeurs sur les politiciens, les politiques et les élections canadiennes.

Un exemple clair a été le ciblage de la ministre Chrystia Freeland mentionné ci-dessus. Une désinformation d’origine russe dépeignant Freeland comme ayant des antécédents familiaux « nazis » a circulé pour ternir sa réputation. Les observateurs pensent que Moscou s’est concentré sur Freeland en raison de sa forte position pro-ukrainienne ; en diffamant une haute responsable canadienne, le Kremlin cherchait à dissuader la politique étrangère anti-russe du Canada et à envoyer un message aux autres politiciens. Bien que cette campagne particulière soit antérieure à 2020, des tactiques similaires ont persisté dans les années 2020 chaque fois que des dirigeants canadiens prenaient des positions contraires aux intérêts russes (par exemple, le soutien vocal du Canada à la souveraineté de l’Ukraine).

Pendant les élections fédérales de 2019 et 2021, les autorités canadiennes ont activement surveillé la désinformation étrangère. Le Groupe de travail sur les menaces en matière de sécurité et de renseignement visant les élections (MSRE) et un panel spécial de hauts fonctionnaires ont été mis en place pour détecter et alerter le public de toute ingérence malveillante. En fin de compte, les évaluations officielles ont conclu qu’aucune campagne étrangère n’avait compromis l’intégrité globale de ces élections. Cependant, l’Enquête publique sur l’ingérence étrangère de 2025 (dirigée par la juge Marie-Josée Hogue) a révélé que la désinformation étrangère était présente à de faibles niveaux et aurait pu avoir des impacts localisés dans certaines courses. Par exemple, lors d’un incident en 2019, une vague de hashtags anti-gouvernementaux (comme #TrudeauMustGo) a soudainement fait tendance sur les médias sociaux à des taux inhumains, ce que les analystes du DFRLab de l’Atlantic Council ont qualifié de poussée anormale bien au-delà de l’activité partisane normale. Bien qu’aucune attribution ferme n’ait été faite, le schéma était cohérent avec une amplification non authentique, qui est une tactique russe en ligne connue. Une telle ingérence n’a pas été décisive au niveau national, mais l’enquête a averti que la propagande persistante peut éroder progressivement la confiance du public dans le système démocratique même si elle ne fait pas basculer les votes immédiatement.

Les médias d’État russes se sont également immiscés directement dans le discours politique canadien. RT (Russia Today), la chaîne de télévision en anglais du Kremlin, était accessible au Canada jusqu’en 2022 et couvrait souvent la politique canadienne sous un angle déformé. Les responsables canadiens ont plus tard décrit RT comme un actif étranger hostile « activement engagé dans les efforts mondiaux de désinformation et d’influence de la Russie ». Les programmes de RT destinés aux Canadiens mettaient par exemple en lumière les controverses du gouvernement canadien ou amplifiaient les voix critiques de la position du Canada sur la Russie, tout en présentant l’agenda de Moscou comme un point de vue alternatif légitime. Selon Affaires mondiales Canada, RT fonctionne comme une « arme d’information » pour le Kremlin, y compris les efforts visant à s’ingérer dans les élections étrangères. Bien qu’il n’y ait aucune preuve publique de manipulation électorale réussie dirigée par la Russie au Canada, l’intention et les tentatives ont été documentées. La machine de propagande de Moscou a tenté d’influencer les perceptions canadiennes des événements internationaux (comme inciter au scepticisme à l’égard de l’OTAN et des alliances occidentales) dans l’espoir d’affecter indirectement les politiques et l’alignement politique du Canada.

Étude de cas 2 : Polarisation sociale via des récits clivants

Une stratégie centrale de la propagande russe est d’exploiter les lignes de faille existantes dans la société – politiques, régionales, ethniques ou idéologiques – pour créer ou approfondir les divisions. La société diversifiée du Canada offre plusieurs questions potentiellement explosives que les agents de désinformation russes ont tenté de manipuler, telles que les débats sur l’immigration, le racisme, la langue et les droits autochtones. Une déclaration de 2024 d’Affaires mondiales Canada a identifié que les opérations soutenues par le Kremlin ont « exploité des sujets litigieux tels que la race et la migration » au Canada, faisant de ces questions polarisantes un point central des campagnes de désinformation clandestines. En amplifiant les points de vue extrêmes sur ces sujets, les acteurs russes visent à enflammer les tensions entre les groupes de Canadiens.

Un exemple frappant est la manière dont les médias russes et les réseaux clandestins ont traité le sujet de l’immigration et du multiculturalisme au Canada. Alors que le Canada est fier de sa diversité, il existe des franges qui s’opposent à l’immigration. Les récits de propagande russe ont parfois tenté de renforcer le sentiment anti-immigrant, faisant écho ou alimentant des tropes xénophobes selon lesquels les migrants menacent les valeurs ou la sécurité canadiennes. Cela reflète les tactiques utilisées en Europe, où les médias du Kremlin attisent souvent les craintes concernant les réfugiés. Dans le contexte canadien, les analystes ont signalé des cas de comptes en ligne non authentiques suscitant la controverse autour de la politique d’immigration ou d’incidents impliquant des groupes minoritaires, souvent en diffusant des histoires exagérées ou fausses. Ces efforts peuvent renforcer les chambres d’écho : par exemple, une fausse affirmation sur les taux de criminalité des réfugiés, si elle est propagée par des trolls russes, peut être reprise et crue par certaines communautés anti-immigration, aggravant la méfiance entre elles et les nouveaux arrivants.

Le manuel de désinformation de la Russie tente également d’« habiliter les nœuds de désinformation organiques » au Canada pour alimenter l’opposition interne. Cela signifie qu’ils recherchent les mouvements marginaux canadiens existants – qu’il s’agisse d’anarchistes d’extrême gauche ou d’extrémistes d’extrême droite – et leur fournissent des récits qui correspondent aux intérêts du Kremlin. Aussi improbable que cela puisse paraître, Moscou diffusera des points de discussion aux deux extrémités du spectre politique si cela conduit à une fragmentation sociale. Les experts canadiens en sécurité notent que « la Russie cible les groupes de gauche et de droite au Canada et ceux qui sont enclins à croire aux conspirations. » L’objectif est d’amplifier les deux côtés des questions clivantes, créant une cacophonie de points de vue extrêmes qui étouffe la discussion modérée. Par exemple, pendant les périodes de troubles sociaux accrus (comme les grandes manifestations), la propagande russe pourrait simultanément promouvoir des messages d’ordre public et anti-manifestants à un public, tout en disant à un autre public que la manifestation est un soulèvement juste – une tactique classique consistant à « jouer sur les deux tableaux » pour aggraver la polarisation. En effet, il est bien documenté que des agents russes ont promu les deux côtés de questions telles que les manifestations pour la justice raciale aux États-Unis ; des dynamiques similaires ont été à l’œuvre au Canada, bien qu’à plus petite échelle.

La manifestation du « Convoi de la liberté » du début 2022 est un cas qui chevauche la polarisation sociale et la santé publique (discuté plus loin). Ce qui est pertinent ici, c’est comment une manifestation nationale contre les restrictions liées à la COVID a été saisie par la propagande russe pour amplifier les divisions sociales et saper la confiance dans le gouvernement canadien. Le convoi a commencé comme un mouvement populaire de camionneurs et de citoyens opposés aux mandats vaccinaux, mais les médias d’État russes l’ont rapidement transformé en contenu à leurs propres fins. Comme l’a noté une analyse, « la Russie a utilisé un média de propagande financé par l’État pour exploiter les griefs [des manifestants], amplifier les divisions sociales et délégitimer le gouvernement Trudeau. » Le média russe – principalement RT – a présenté la manifestation non pas seulement comme un problème de camionneurs, mais comme un soulèvement populiste plus large, espérant dresser de larges segments du public canadien contre les autorités fédérales. Ce récit a été largement partagé sur les médias sociaux, en particulier par les utilisateurs canadiens déjà sceptiques à l’égard du gouvernement, amplifiant ainsi les divisions internes. En dépeignant le gouvernement canadien élu comme oppressif (et les manifestants comme des héros), la propagande russe cherchait à éroder la confiance des Canadiens dans leurs institutions et à attiser la colère entre les camps pro et anti-convoi.

En résumé, la propagande polarisante de la Russie au Canada se manifeste par des messages adaptés sur des questions sociales brûlantes. Que ce soit secrètement via de fausses identités en ligne ou ouvertement via des canaux comme Sputnik et RT, les communications du Kremlin s’insèrent soigneusement dans les conversations canadiennes clivantes – souvent sans référence ouverte à la Russie. L’impact est un débat plus enflammé : comme l’a observé un expert en politique, lorsque cette propagande « est absorbée dans le discours quotidien, nos débats démocratiques sont recadrés et rendus de plus en plus inflammatoires. La polarisation se produit. ». Cette étude de cas souligne que le danger n’est pas seulement la fausse information, mais la distorsion de la capacité des Canadiens à discuter et à résoudre les problèmes sociaux de manière civile.

Étude de cas 3 : COVID‑19 et désinformation en santé publique

La pandémie de COVID-19 a fourni une occasion de choix à la désinformation russe pour infiltrer les espaces d’information canadiens. En 2020, alors que le nouveau coronavirus semait l’incertitude et la peur, les médias alignés sur le Kremlin ont lancé un barrage de récits faux ou trompeurs à l’échelle mondiale – allant des théories du complot sur les origines du virus à la propagande anti-vaccin. Le Canada était directement dans la ligne de mire. Un rapport de renseignement du SCRS de 2020 (déclassifié aux médias) accusait explicitement la Russie, ainsi que la Chine et l’Iran, de « diffuser activement de la désinformation » sur la COVID-19 pour faire avancer leurs objectifs stratégiques. Dans le cas de la Russie, le rapport indiquait que les agents du Kremlin diffusaient des récits blâmant les pays occidentaux pour le virus et ses conséquences. Cela incluait la propagation de l’idée que la COVID-19 était une arme biologique occidentale ou que les échecs des gouvernements occidentaux aggravaient la pandémie – le tout pour discréditer l’Occident et détourner le blâme de la Russie. De telles affirmations, bien que manifestement fausses, ont trouvé un public dans certaines communautés marginales en ligne et ont contribué à ce que l’OMS a appelé une « infodémie ».

Au Canada, la désinformation russe sur la COVID-19 a souvent amplifié et augmenté la désinformation locale. Par exemple, les mouvements anti-confinement et anti-vaccin qui ont émergé au Canada (comme ailleurs) ont parfois été renforcés par des comptes en ligne liés à la Russie propageant des faussetés sensationnalistes sur les vaccins. Les médias d’État russes ont également donné la parole aux sceptiques des vaccins. Alors que les autorités sanitaires canadiennes exhortaient les gens à faire confiance à la science et à se faire vacciner, les médias russes mettaient en lumière les manifestations anti-vaccins ou promouvaient des doutes sur les vaccins occidentaux (même si la Russie faisait la promotion de son propre vaccin « Spoutnik V » à l’étranger). L’effet a été de saper les messages de santé publique canadiens et de semer la confusion. Des universitaires canadiens ont noté que pendant la pandémie, les réseaux de désinformation – certains ayant des liens avec la Russie – ont contribué à faire circuler des récits comme quoi la COVID-19 était un canular, ou que les masques étaient inutiles, alimentant ainsi la polarisation entre ceux qui acceptaient les mesures sanitaires et ceux qui s’y opposaient avec véhémence.

Ces dynamiques ont culminé à l’hiver 2022 avec la manifestation du Convoi de la liberté à Ottawa, qui a débuté comme une manifestation contre les mandats vaccinaux pour les chauffeurs routiers transfrontaliers. Bien qu’entièrement d’origine nationale, le convoi est devenu un pôle d’attraction international – et les médias russes ont saisi l’occasion de l’exploiter. RT a fourni une quantité étonnante de couverture du convoi canadien, plus que tout autre média international, le présentant comme une noble résistance populaire. La chaîne a même dépêché des correspondants au Canada pour produire des interviews sympathiques sur le terrain avec les organisateurs et les participants du convoi. Le message mettait l’accent sur les griefs des manifestants concernant la « liberté » et l’excès de pouvoir du gouvernement, s’alignant sur l’intérêt de la Russie à dépeindre les démocraties occidentales comme chaotiques et répressives. Comme l’a rapporté le National Observer, les interviews « exclusives » et la couverture sympathique de RT ont cultivé le soutien au convoi, et sa couverture a été largement partagée par les utilisateurs canadiens des médias sociaux. Cela indique une boucle de rétroaction : la propagande russe a amplifié le message de la manifestation, ce qui a à son tour enhardi les partisans de la manifestation en ligne, attirant potentiellement plus de personnes dans le mouvement ou renforçant leur détermination.

Au-delà de la couverture médiatique, il existe des preuves que l’écosystème de propagande russe a tenté d’interférer directement avec le récit entourant les mesures pandémiques au Canada. Des responsables américains et canadiens ont documenté comment certains agents russes ont promu des théories du complot liant la COVID-19 aux réseaux sans fil 5G, une affirmation sans fondement qui s’est répandue dans de nombreux pays. Au Canada, cette conspiration a conduit à du vandalisme dans le monde réel : certains Canadiens, influencés par la désinformation sur la 5G, ont littéralement incendié des tours cellulaires. Bien que ces incidents aient été isolés, ils démontrent crûment l’intersection dangereuse entre les mensonges de santé publique et l’influence étrangère – une fausseté nourrie par des sources russes a contribué à ce que des Canadiens commettent des actes criminels contre les infrastructures, pensant qu’ils ripostaient d’une manière ou d’une autre contre un sinistre complot.

En résumé, la désinformation russe liée à la COVID au Canada a servi plusieurs objectifs : ternir la gestion de la crise par les nations occidentales, promouvoir la discorde sur les politiques de santé et détourner l’attention des propres problèmes de la Russie. À la mi-2022, avec l’atténuation de la pandémie et l’invasion de l’Ukraine par la Russie en cours, l’orientation de la propagande a changé – mais l’héritage de la désinformation pandémique a persisté sous la forme d’une méfiance accrue envers le gouvernement et la science parmi un sous-ensemble de Canadiens. Le cas du convoi illustre comment une manifestation de santé publique, suralimentée par la propagande étrangère, peut évoluer en un problème de sécurité nationale. Cela a incité le Canada à invoquer la Loi sur les mesures d’urgence – une mesure de dernier recours – pour rétablir l’ordre. Bien que les manifestants n’en aient peut-être pas été conscients, leur cause avait été instrumentalisée par les médias d’État russes pour servir la guerre narrative plus large du Kremlin contre les gouvernements occidentaux.

Impact sur la société canadienne

Les efforts de désinformation russes à partir de 2020 ont eu un impact perceptible, bien que complexe, sur la société canadienne. Mesurer l’effet direct est difficile – la propagande fonctionne de manière subtile – mais plusieurs indicateurs illustrent l’influence sur l’opinion publique, le discours et la confiance.

1. Exposition et croyance aux faux récits : Les sondages montrent qu’une partie importante des Canadiens a été confrontée à des récits de propagande russe, et qu’un sous-ensemble non négligeable y a cru. Au printemps 2024, une enquête conjointe de DisinfoWatch et du Réseau canadien de recherche sur les médias numériques a révélé que 71 % des Canadiens avaient entendu au moins un récit dominant du Kremlin sur la guerre en Ukraine. L’exposition seule n’équivaut pas à la croyance, mais de manière inquiétante, l’enquête a également révélé que parmi ceux qui ont été exposés à une fausse affirmation donnée, une grande partie y croyait ou n’était pas sûre qu’elle soit fausse. Par exemple, parmi les Canadiens qui avaient entendu le récit (faux) selon lequel l’aide financière à l’Ukraine était détournée par des fonctionnaires corrompus, 70 % croyaient à cette désinformation ou étaient incertains de sa véracité. Cela suggère que la propagande russe a réussi à semer le doute dans de nombreux esprits. Fait important, la propension à accepter la désinformation variait selon les données démographiques : l’alignement politique est apparu comme un facteur clé, les partisans de certains partis étant plus susceptibles. L’enquête de 2024 a révélé une « différence marquée de susceptibilité… selon les lignes politiques », notant que les partisans du Parti conservateur avaient la plus forte exposition et acceptation des récits du Kremlin. Par exemple, face au mensonge selon lequel les « nazis ukrainiens » ont une influence significative (un trope classique du Kremlin), seulement 55 % des répondants exposés ayant une tendance conservatrice l’ont fermement rejeté comme faux – ce qui signifie que 45 % ne l’ont pas rejeté. En revanche, les partisans d’autres partis étaient plus susceptibles de l’identifier comme faux. Cet écart indique que la désinformation russe exacerbe les divisions partisanes, où un segment de la population est sensiblement plus influencé par les récits étrangers que d’autres.

2. Polarisation et cohésion sociale : L’injection de points de discussion soutenus par le Kremlin dans les débats canadiens a contribué à la polarisation. Alors que le contenu truffé de propagande circule sur les médias sociaux, il renforce souvent les chambres d’écho et les points de vue extrêmes, rendant le dialogue constructif plus difficile. Les Canadiens qui fréquentent des sites d’information alternatifs ou des forums qui relaient sans le savoir des faussetés d’origine russe peuvent en venir à considérer leurs concitoyens ayant des opinions opposées non seulement comme ayant tort, mais comme des ennemis ou des traîtres. L’épisode du Convoi de la liberté est illustratif – les médias russes ont dépeint la manifestation en termes grandioses et ont vilipendé le gouvernement canadien, un cadrage qui a probablement enhardi les manifestants et sympathisants anti-gouvernementaux les plus radicaux. Ces récits, résonnant à travers les groupes Facebook et les canaux Telegram, ont contribué à solidifier une mentalité « nous contre eux ». De l’autre côté, de nombreux Canadiens ont été consternés par les tactiques perturbatrices du convoi et l’ont perçu comme une atteinte à la démocratie. Le résultat a été un pays brièvement divisé en camps avec une méfiance mutuelle, une division amplifiée par l’information que chacun consommait. Ce type de clivage social est exactement ce que la propagande hostile cherche à engendrer. Les responsables ont averti que l’ingérence étrangère via la désinformation est « particulièrement corrosive car elle peut nuire à la confiance du public dans le processus électoral » et d’autres institutions au fil du temps. Dans un environnement d’information polarisé, même les processus démocratiques fondamentaux (par exemple, les élections, les directives de santé publique) peuvent devenir contestés et tendus.

Nous avons également observé des incidents tangibles qui indiquent une érosion de la cohésion sociale due à la désinformation. Les incendies criminels contre les tours de télécommunication 5G par des adeptes de théories du complot, mentionnés précédemment, reflètent comment les croyances marginales peuvent se transformer en actions contre le bien public. De même, le harcèlement de fonctionnaires et de journalistes a été lié à la colère alimentée par la désinformation. Des femmes journalistes couvrant la désinformation ou les groupes extrémistes au Canada ont été confrontées à un trolling et à des abus coordonnés en ligne (certains émanant de comptes liés à l’étranger), visant à les réduire au silence ou à les intimider. Tout cela crée un effet dissuasif sur le discours ouvert. Les diverses communautés du Canada peuvent également être affectées négativement – par exemple, si les récits russes attisent les sentiments anti-immigrants, les immigrants au Canada peuvent se sentir moins bienvenus ou même devenir des cibles de haine, effilochant le tissu social canadien. En bref, en habilitant les extrêmes et en propageant des mensonges, la propagande russe contribue à une société moins cohésive et plus méfiante, ce qui peut se manifester par n’importe quoi, des disputes méchantes sur Twitter aux confrontations dans le monde réel.

3. Confiance dans les institutions et les processus démocratiques : L’impact le plus insidieux est peut-être le déclin progressif de la confiance – envers le gouvernement, les médias et même la réalité factuelle. L’objectif ultime de nombreuses campagnes de désinformation du Kremlin est de faire perdre aux citoyens la foi en ce qu’ils entendent et en le fait que leurs institutions les servent. Le Canada connaît ce phénomène par endroits. Des sondages ont indiqué que les Canadiens qui consomment beaucoup de désinformation (qu’elle provienne de sources étrangères ou nationales) ont tendance à avoir une confiance beaucoup plus faible dans le gouvernement et les médias grand public. Par exemple, un bref sondage a révélé que les personnes ayant une forte croyance en la désinformation et une faible confiance dans les médias traditionnels étaient beaucoup plus susceptibles de douter que les votes soient comptés correctement lors des élections. Cela correspond aux tendances aux États-Unis, mais apparaît maintenant aussi chez certains Canadiens – un signe dangereux pour la démocratie. Le rapport de l’Enquête publique de 2025 déclare explicitement que l’effet global de la désinformation est une « dégradation progressive de la confiance du public dans le système démocratique canadien », même si des incidents d’ingérence spécifiques n’ont pas changé les résultats. La commissaire Hogue a averti en termes clairs que « la manipulation de l’information… constitue le plus grand risque pour notre démocratie. C’est une menace existentielle. » Une telle reconnaissance de haut niveau souligne que les fausses nouvelles et la propagande cumulatives, dont une grande partie est attribuée à des acteurs étrangers comme la Russie, érodent la confiance qui sous-tend la gouvernance démocratique.

Nous pouvons voir des preuves de diminution de la confiance lors d’événements comme la pandémie : des segments de la population se méfiaient des responsables de la santé publique à un degré sans précédent, en partie parce que la désinformation en ligne (certaine amplifiée par la Russie) dépeignait ces responsables comme des tyrans ou des menteurs. De même, après la dissolution du convoi d’Ottawa, des récits conspirationnistes (relayés sur certaines chaînes pro-russes) ont affirmé que la répression prouvait que le Canada était autoritaire, laissant probablement certains citoyens cyniques quant à l’état de droit. Bien que la majorité des Canadiens soutiennent toujours les institutions démocratiques, les marges de méfiance se sont accrues. Des études menées par des spécialistes des communications ont noté que les Canadiens sont de plus en plus divisés sur les vérités fondamentales, ce qui est un résultat caractéristique de la prolifération de la désinformation – une base factuelle partagée s’érode, rendant le consensus difficile.

4. Influence sur le discours politique : Enfin, la propagande russe a parfois faussé le discours politique canadien, en particulier en ce qui concerne la politique étrangère. Les débats sur la position du Canada concernant la guerre Russie-Ukraine en sont un exemple clair. Les récits du Kremlin – tels que « l’OTAN a provoqué la guerre » ou « soutenir l’Ukraine mènera à une escalade nucléaire » – se sont infiltrés dans les discussions canadiennes, non seulement sur les médias sociaux mais occasionnellement via des voix politiques marginales. Un petit nombre de commentateurs ou d’influenceurs en ligne canadiens, sciemment ou non, font écho à ces points de discussion. Cela a conduit à des situations où les députés et ministres canadiens se retrouvent à aborder ou à démystifier des affirmations qui proviennent de la propagande russe, plutôt que de se concentrer uniquement sur des points de vue de source canadienne. L’effet net est que le temps et l’énergie dans le débat public sont détournés pour contrer les affirmations fausses ou déformées injectées de l’étranger. Les analystes de la sécurité décrivent cela comme la Russie « démolissant l’Ukraine » aux yeux de l’Occident, plutôt que de convaincre l’Occident de soutenir la Russie – par exemple, en dépeignant l’Ukraine comme corrompue ou le conflit comme « ne regardant pas le Canada », réduisant ainsi le soutien public à l’aide canadienne à l’Ukraine. En effet, éroder le soutien public à l’Ukraine et à l’OTAN est explicitement l’un des objectifs du Kremlin identifiés par les chercheurs. Si même une minorité de Canadiens en vient à s’opposer à la politique pro-ukrainienne du Canada parce qu’ils croient (à tort) qu’elle alimente la corruption ou prolonge la guerre – opinions propagées par la désinformation russe – alors le Kremlin a remporté une victoire d’influence.

En conclusion, l’impact de la propagande russe sur la société canadienne, bien que difficile à quantifier précisément, est attesté par une plus grande exposition aux faussetés, un segment de citoyens croyant à ces faussetés, une polarisation accrue et des tensions sur la confiance et la cohésion sociale. La démocratie canadienne reste fondamentalement solide – il n’y a aucun signe que la plupart des Canadiens aient succombé aux récits du Kremlin – pourtant, même une érosion progressive en marge est préoccupante. Comme le discute la section suivante, la reconnaissance de ces impacts a galvanisé les réponses du gouvernement et de la société civile pour renforcer la résilience du Canada face à la menace de la désinformation.

Réponses du gouvernement et de la société civile

Les autorités canadiennes et les organisations civiques ne sont pas restées inactives face à la désinformation russe. Ces dernières années, une réponse multidimensionnelle a émergé, visant à la fois à bloquer les vecteurs de la propagande étrangère et à renforcer la résilience sociétale par l’éducation et la transparence. Nous décrivons ci-dessous les principales mesures et initiatives qui ont été mises en œuvre.

Mesures et politiques gouvernementales :

  • Action réglementaire contre les médias d’État : En 2022, suite à l’invasion à grande échelle de l’Ukraine par la Russie, le Canada a pris la mesure décisive de retirer les médias d’État russes de ses ondes. Le Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes (CRTC) a officiellement interdit la distribution de RT et RT France au Canada, citant que leur programmation n’était pas dans l’intérêt public et ne répondait pas aux normes de radiodiffusion. Cela signifiait que les câblodistributeurs ne pouvaient plus offrir ces chaînes. Cette mesure a fermé un important canal de messagerie du Kremlin aux téléspectateurs canadiens. De plus, les plateformes numériques ont subi des pressions – YouTube et les entreprises de médias sociaux ont commencé à restreindre le contenu de RT et Sputnik à l’échelle mondiale, le rendant moins accessible aux Canadiens à moins qu’ils ne le recherchent activement sur des sites alternatifs.
  • Sanctions contre les acteurs de la désinformation : Le gouvernement du Canada a utilisé son régime de sanctions pour cibler les individus et entités impliqués dans la propagande. En 2024, le Canada avait sanctionné plus de 3 000 individus et organisations russes et biélorusses, dont beaucoup impliqués dans la diffusion de désinformation. Ceux-ci incluent des propagandistes de haut niveau qui se font passer pour des journalistes ou des « experts » sur les médias du Kremlin. Geler leurs avoirs ou leur interdire l’accès au Canada envoie le message qu’il y a des conséquences à la guerre de l’information. En octobre 2023, le Canada a spécifiquement sanctionné une entité russe connue sous le nom d’Internet Research Agency (une ferme à trolls notoire) et des organisations connexes pour s’être livrées à de l’ingérence étrangère, s’alignant sur des actions similaires des États-Unis et de l’UE.
  • Unités de renseignement et de surveillance : Le Canada a renforcé sa capacité à détecter et analyser les menaces d’information étrangères. La cellule du Mécanisme de réponse rapide (MRR) Canada à Affaires mondiales Canada est désormais une plaque tournante cruciale. Après 2020, elle a reçu des fonds supplémentaires et même une unité dédiée axée sur l’Europe de l’Est pour surveiller la désinformation russe 24 heures sur 24. Le MRR Canada travaille en étroite collaboration avec les alliés (les pays du G7 partagent des informations en temps réel) et transmet les résultats aux agences de sécurité canadiennes. Parallèlement, le SCRS et le Centre canadien pour la cybersécurité (qui fait partie du CST) ont intensifié la surveillance du renseignement de source ouverte sur les médias sociaux pour détecter les indicateurs d’influence étrangère. Les évaluations régulières des menaces de ces agences soulignent désormais explicitement la désinformation russe comme une menace. Par exemple, le Rapport spécial du CPSNR (2020) sur l’ingérence étrangère a discuté de la manière dont les médias parrainés par l’État et les moyens cybernétiques sont utilisés par des adversaires comme la Russie pour saper la démocratie, informant les décideurs politiques des tactiques à surveiller.
  • Garanties électorales : Avant chaque élection fédérale (2019 et 2021), le gouvernement a institué un Protocole public en cas d’incident électoral majeur, où un panel de hauts fonctionnaires, conseillés par les agences de sécurité, informerait le public si une ingérence étrangère grave était détectée. Bien qu’ils n’aient jamais eu à faire une telle annonce (aucun seuil n’ayant été atteint), la structure est en place pour 2025 et au-delà, reflétant un système d’alerte « pangouvernemental ». De plus, Élections Canada et d’autres organismes ont lancé des campagnes d’éducation des électeurs sur la détection de la désinformation pendant les campagnes. Des modifications législatives via le projet de loi C-76 (2018) ont resserré les règles contre le financement étranger et la publicité lors des élections, visant à freiner l’influence extérieure.
  • Attribution publique et diplomatie : Les responsables canadiens sont devenus plus disposés à dénoncer publiquement la désinformation russe. Par exemple, en 2022 et 2023, le ministre des Affaires étrangères a fréquemment condamné les « mensonges » de la Russie sur l’Ukraine et la COVID-19 dans des communiqués de presse. En octobre 2024, Affaires mondiales Canada est allé jusqu’à nommer des groupes de façade spécifiques financés par le Kremlin (l’« Agence de conception sociale » et « Structura ») gérant un réseau de désinformation appelé « Doppelganger » qui ciblait les publics occidentaux, y compris les Canadiens. En nommant et en dénonçant ces acteurs, le Canada contribue à la pression internationale sur la Russie et informe également ses citoyens sur les sources des faussetés. Les ambassades canadiennes en Europe coordonnent avec les alliés les communications stratégiques pour contrer les récits russes, et le Canada soutient des initiatives en Europe de l’Est pour renforcer la littératie médiatique (reconnaissant qu’un public bien informé à l’étranger amortit également la propagande au pays).
  • Enquêtes publiques et recommandations : L’Enquête publique sur l’ingérence étrangère (2023-2025) récemment conclue a accordé une attention significative à la désinformation. Son rapport final a préconisé une stratégie gouvernementale plus claire et une meilleure coordination pour gérer la menace de la désinformation. Il a souligné des lacunes, comme le partage lent de l’information et le manque d’outils juridiques pendant les élections, et a recommandé des réformes – par exemple, mettre à jour les lois électorales pour tenir compte de l’influence en ligne et améliorer la transparence lorsque la désinformation est détectée. Le simple fait de tenir une enquête publique a accru la sensibilisation et signalé un engagement politique à agir sur cette question.

Initiatives de la société civile et éducatives :

  • Organisations de vérification des faits et de surveillance : La société civile canadienne a vu l’émergence de groupes dédiés au suivi et à la démystification de la désinformation. DisinfoWatch, un projet de l’Institut Macdonald-Laurier, surveille activement les médias pro-Kremlin et le contenu en ligne au Canada et publie des analyses (telles que l’enquête de 2024 sur les récits russes) pour informer le public. D’autres organisations comme HabiloMédias (un organisme à but non lucratif d’éducation aux médias numériques) fournissent des ressources aux citoyens pour identifier les sources de fausses nouvelles. Des laboratoires universitaires (par exemple, le Projet sur la démocratie numérique à McGill, le Réseau canadien de recherche sur les médias numériques) ont amené des universitaires dans la lutte, produisant des études sur la propagation de la désinformation au Canada et des outils pour visualiser les réseaux de robots. Ces efforts indépendants servent de système d’alerte précoce et collaborent souvent avec le gouvernement (le MRR Canada sous-traite des recherches à de tels partenaires).
  • Réponses des médias et du journalisme : Les médias canadiens se sont également adaptés. Les grandes organisations de presse incluent désormais régulièrement des segments de « vérification des faits » pour corriger les fausses affirmations virales. Par exemple, pendant les manifestations du convoi et tout au long de la guerre en Ukraine, des médias comme CBC, CTV et le Globe and Mail ont publié des articles explicatifs démystifiant les mythes populaires (par exemple, clarifiant que non, l’Ukraine n’est pas dirigée par des néo-nazis, contrairement à la propagande russe). Des journalistes d’investigation, tels que ceux du National Observer et de Global News, ont révélé des histoires sur les réseaux de désinformation et l’influence étrangère, les mettant en lumière pour un public plus large. Ce type de reportage aide à immuniser le public ; une fois que vous lisez qu’une affirmation sensationnaliste provient des médias d’État russes, vous êtes moins susceptible de la prendre au pied de la lettre. Les journalistes canadiens se sont également associés à des alliances internationales de vérification des faits pour lutter contre les fausses nouvelles transfrontalières.
  • Campagnes d’éducation publique : Pour renforcer la résilience sociétale, diverses campagnes éducatives ont été lancées. Un exemple notable est Parlons sciences d’abord, une campagne lancée par des scientifiques et des universitaires au début de 2021 pour contrer la désinformation sur la COVID-19 avec un contenu factuel. Soutenue par un financement fédéral, Parlons sciences d’abord a créé des infographies partageables et des publications sur les médias sociaux démystifiant les mythes sur les vaccins, atteignant des millions de Canadiens en ligne. Son succès a démontré la valeur de la communication proactive pour noyer la désinformation avec des preuves. Un autre programme est l’Initiative de citoyenneté numérique de Patrimoine canadien, qui depuis 2019 a financé des dizaines de projets allant des programmes scolaires sur la pensée critique aux ateliers sur la détection des trolls en ligne. Les bibliothèques et les centres communautaires à travers le Canada ont également organisé des événements sur la littératie médiatique, certains abordant spécifiquement la propagande étrangère. Par exemple, des ateliers enseignent comment vérifier si une source d’information est légitime ou un média déguisé d’un État comme la Russie.
  • Collaboration avec les plateformes technologiques : Bien que les relations avec les grandes entreprises technologiques puissent être tendues, le Canada a engagé les entreprises de médias sociaux pour lutter contre la désinformation. Lors d’événements de crise (par exemple, l’élection de 2021 et la manifestation du convoi de 2022), le gouvernement et les forces de l’ordre ont assuré la liaison avec des plateformes comme Twitter, Facebook et YouTube pour signaler les faux comptes ou les faussetés virales. Les entreprises ont pris des mesures telles que la suppression de réseaux liés à la désinformation russe (Facebook a annoncé des suppressions de fermes à trolls russes ciblant les pays occidentaux dans certains cas) et l’étiquetage des publications des médias affiliés à l’État. Il est reconnu, cependant, qu’il reste encore beaucoup à faire sur ce front – et le Canada envisage des réglementations pour rendre les plateformes plus transparentes et responsables de la modération du contenu. Les voix de la société civile font partie de cette pression, plaidant pour la responsabilité des plateformes comme une autre couche de défense.

Collectivement, ces réponses représentent une approche « pangouvernementale et pansociétale » qui prend progressivement forme au Canada. Les efforts du gouvernement pour limiter l’offre de propagande russe (par des interdictions, des sanctions et du travail de renseignement) complètent les efforts de la société pour en réduire la demande (par l’éducation et l’autonomisation des citoyens à penser de manière critique). Il y a eu des succès : les médias d’État russes ont maintenant une portée beaucoup plus limitée au Canada qu’avant 2022, et la sensibilisation du public à la désinformation est sans doute à un niveau record. Cependant, des défis demeurent. Le paysage de la désinformation évolue rapidement – par exemple, la Russie se tourne vers des sites Web mandataires et une propagande « grise » plus difficile à attribuer. Le document d’information du Canada sur les activités de RT note que RT a créé des sites tiers qui prétendent être des médias indépendants pour échapper aux interdictions, tentant même d’organiser des manifestations dans le monde réel via de telles façades. Ce jeu du chat et de la souris signifie que les réponses canadiennes doivent continuer à s’adapter.

Il est encourageant de constater que la réponse du Canada a été renforcée par des partenariats internationaux. En tant que membre du G7 et de l’OTAN, le Canada partage régulièrement les meilleures pratiques et reçoit des renseignements sur les opérations d’information étrangères. La guerre en Ukraine a galvanisé les nations occidentales pour contrer collectivement la guerre de l’information de la Russie ; le Canada y a contribué en dirigeant la formation de journalistes d’Europe de l’Est et en finançant des travaux de contre-désinformation dans les pays baltes, ce qui affine à son tour les compétences pouvant être appliquées au niveau national.

En résumé, la réponse de contre-propagande du Canada depuis 2020 a impliqué de couper les vecteurs de fausses nouvelles, de dénoncer les propagandistes, de surveiller les menaces, de dissuader légalement l’ingérence et d’éduquer la population. Il s’agit d’un effort global reconnaissant qu’aucun outil unique n’est suffisant. Cette réponse, bien qu’elle soit encore en évolution, aide à atténuer l’impact de la propagande russe et à renforcer l’« immunisation » de la société canadienne contre la prochaine vague de désinformation.

Conclusion

La propagande russe visant le Canada ces dernières années a mis à l’épreuve les défenses démocratiques et la cohésion sociale du pays. À travers des études de cas d’ingérence politique, de polarisation sociale et de désinformation sur la COVID-19, nous avons vu que les campagnes d’influence du Kremlin au Canada, bien que moins manifestes que dans certains autres pays, ont néanmoins fait des percées – de l’amplification d’une manifestation de camionneurs à l’injection de doutes sur les vaccins et même sur la cause de l’Ukraine. Ces efforts ne sont pas restés sans réponse : le Canada a reconnu la menace et a réagi par un mélange d’actions politiques et d’initiatives publiques, démontrant une détermination à protéger l’intégrité de son espace informationnel.

L’impact de la désinformation russe sur la société canadienne est significatif mais contenu. D’une part, elle a contribué à un préjudice réel – un segment de Canadiens croit aux faux récits, l’acrimonie en ligne et la polarisation ont augmenté, et la confiance dans les institutions a été érodée en marge. D’autre part, la majorité des Canadiens, ainsi que le cœur des institutions démocratiques du Canada, se sont révélés résilients. Il y a peu de preuves que la propagande russe ait modifié les résultats électoraux canadiens ou fondamentalement altéré les orientations politiques ; le soutien aux valeurs démocratiques et aux alliés comme l’Ukraine reste fort parmi la plupart des Canadiens. À certains égards, les campagnes de la Russie pourraient même s’être retournées contre elle en incitant le Canada à renforcer ses défenses et en suscitant le scepticisme du public envers tout ce qui émane des médias d’État russes.

Cependant, la complaisance serait déplacée. La désinformation est un jeu de longue haleine – son objectif est d’éroder la démocratie au fil du temps, en exploitant chaque opportunité de crise ou de division. La période post-2020 a offert à la Russie plusieurs de ces opportunités, et elle en trouvera sûrement de nouvelles (par exemple, les futures élections, les débats sur l’énergie ou la sécurité, etc.). La convergence de la propagande traditionnelle avec les nouvelles technologies (comme les deepfakes et les fausses nouvelles générées par l’IA) signifie que le défi s’accroît. Le Canada, comme ses alliés, doit continuer à affiner sa stratégie. Cela comprend la mise en œuvre des recommandations de l’enquête de 2025 pour améliorer la coordination et la transparence, l’examen de nouvelles réglementations pour les plateformes en ligne et l’investissement dans la littératie numérique pour tous les groupes d’âge.

Essentiellement, contrer la désinformation ne consiste pas à censurer ou à limiter la liberté d’expression – il s’agit de protéger la sphère publique afin que la vérité puisse rivaliser sur un pied d’égalité. Comme l’a noté un commentaire, il est impératif d’empêcher la distorsion des faits par la propagande étrangère tout en maintenant un débat ouvert et fondé sur les faits. L’expérience du Canada jusqu’à présent montre la valeur d’une approche proactive : identifier les faussetés, exposer leurs sources et équiper les citoyens pour rejeter le contenu manipulateur.

En conclusion, la propagande russe a en effet cherché à saper la société canadienne ces dernières années, remportant quelques gains d’influence mais rencontrant une résistance robuste. Elle a rappelé aux Canadiens que même une société ouverte et pacifique à l’extrémité du continent nord-américain n’est pas à l’abri de la guerre mondiale de l’information. Les contre-mesures déployées – de l’interdiction des médias du Kremlin à l’éducation de la prochaine génération de penseurs critiques – détermineront dans quelle mesure le Canada résistera à cet assaut contre la vérité. Le maintien d’une démocratie saine à l’ère numérique exige une vigilance constante. Le cas canadien offre à la fois un avertissement et un exemple d’espoir : un avertissement que la désinformation hostile peut trouver un terrain fertile si nous ne sommes pas prudents, et l’espoir que par la connaissance, la résilience et l’unité, une société peut atténuer l’impact même de la campagne de propagande la plus persistante.

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ParDaniel Reyes
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Investigative Journalist, Disinformation & Digital Threats

Based in Vancouver

Daniel specializes in tracking disinformation campaigns, foreign influence operations, and online extremism. With a background in cybersecurity and open-source intelligence (OSINT), he investigates how hostile actors manipulate digital narratives to undermine democratic discourse. His reporting has uncovered bot networks, fake news hubs, and coordinated amplification tied to global propaganda systems.

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