Je me suis installé dans mon fauteuil en cuir usé au bureau de Mediawall.news à Montréal jeudi dernier, passant en revue des piles de documents judiciaires pendant que la pluie battait contre les fenêtres. Après avoir passé trois jours à la Cour suprême du Canada, j’ai observé sept jeunes plaignants faire l’histoire juridique canadienne.
« La décision de la Cour d’entendre cette affaire signale un changement profond dans notre conception des droits climatiques selon la Charte, » m’a confié Alex Neve, ancien Secrétaire général d’Amnistie internationale Canada, après les procédures. « Ces jeunes ont forcé notre plus haute instance judiciaire à déterminer si le gouvernement a une obligation constitutionnelle de protéger leur avenir. »
La Cour suprême du Canada a autorisé la poursuite climatique historique déposée par des jeunes de l’Ontario à procéder au procès, rejetant la motion de rejet du gouvernement provincial. Cette affaire, Mathur c. Ontario, représente la première fois qu’un tribunal canadien examinera si l’inaction climatique viole les droits garantis par la Charte.
Les sept plaignants, maintenant âgés de 15 à 27 ans, ont initialement déposé leur plainte en 2019, soutenant que les objectifs climatiques affaiblis de l’Ontario violent leurs droits à la vie, à la liberté et à la sécurité en vertu de l’article 7 de la Charte des droits et libertés. Ils allèguent également une discrimination fondée sur l’âge selon l’article 15, car les jeunes générations supporteront de façon disproportionnée les conséquences du changement climatique.
« Nous combattons dans cette affaire depuis presque six ans, » a déclaré Sophia Mathur, la plaignante principale qui a commencé son militantisme climatique à l’âge de sept ans. « Le gouvernement essaie constamment de nous faire taire plutôt que d’aborder nos préoccupations concernant un avenir viable. »
L’affaire conteste directement la décision de l’Ontario en 2018 d’abroger la Loi sur l’atténuation du changement climatique et l’économie sobre en carbone pour la remplacer par un objectif de réduction des émissions nettement plus faible. Les documents judiciaires que j’ai examinés montrent que le plan actuel de l’Ontario permettrait des émissions 14% plus élevées d’ici 2030 par rapport à la législation précédente.
Les avocats de l’Ontario ont soutenu que la politique climatique implique des considérations sociales et économiques complexes qui dépassent l’expertise judiciaire. L’avocate du gouvernement Jessica Orkin a maintenu pendant les plaidoiries que « ce sont fondamentalement des questions politiques qui relèvent des élus, pas des tribunaux. »
Le juge Mahmud Jamal a remis en question ce raisonnement lors de l’audience. « La Charte n’habilite-t-elle pas spécifiquement les tribunaux à examiner les actions gouvernementales qui pourraient violer des droits fondamentaux? » a-t-il demandé. « Pourquoi les impacts climatiques devraient-ils être différents des autres violations de droits? »
L’affaire s’inscrit dans la lignée de litiges climatiques similaires à tra