Dans ce qui est célébré comme une victoire pour les fournisseurs de pièces automobiles canadiens et mexicains, l’Agence des services frontaliers des États-Unis (CBP) a reculé face à une interprétation controversée des règles d’exemption de droits de douane en vertu de l’Accord Canada-États-Unis-Mexique (ACEUM) qui menaçait de bouleverser la production automobile continentale.
La clarification, publiée mardi, précise comment le CBP déterminera la valeur régionale des pièces automobiles—confirmant essentiellement que les fournisseurs ne feront pas face à des tarifs inattendus lorsque leurs composants traversent les frontières pendant la production.
« Cela élimine un important nuage d’incertitude qui planait sur le secteur automobile nord-américain depuis l’année dernière, » explique Flavio Volpe, président de l’Association des fabricants de pièces automobiles. « De nombreux fournisseurs canadiens étaient confrontés à la perspective de payer des droits sur des composants qui devraient clairement être exemptés selon l’accord. »
Le problème venait de la position précédente du CBP sur le traçage des pièces à travers des chaînes de fabrication complexes. L’agence avait signalé qu’elle pourrait disqualifier certains composants du statut d’exemption de droits si la documentation ne pouvait pas suivre avec précision l’origine de chaque sous-composant—une norme presque impossible à respecter dans les réseaux de production intégrés d’aujourd’hui.
La confusion provenait des différentes interprétations des dispositions sur les règles d’origine de l’ACEUM. Alors que les négociateurs commerciaux visaient à renforcer la production nord-américaine avec des exigences de contenu régional plus élevées (75% pour les pièces essentielles), la mise en œuvre du CBP menaçait de saper cet objectif même en rendant la conformité excessivement contraignante.
« Lorsque nous concevons et fabriquons un tableau de bord en Ontario, nous pouvons incorporer des dizaines de petites pièces provenant de toute l’Amérique du Nord, » explique Tom Twardowski, directeur des opérations à l’usine Magna International de Brampton. « L’interprétation précédente aurait signifié payer potentiellement des tarifs sur des pièces fabriquées ici simplement en raison de défis documentaires. »
Les enjeux économiques étaient considérables. Le Canada exporte environ 22 milliards de dollars en pièces automobiles vers les États-Unis chaque année, soutenant près de 100 000 emplois directs. Même de petits tarifs de 2,5% auraient comprimé des marges déjà minces dans un secteur hautement concurrentiel.
Ce changement représente l’aboutissement de mois de négociations trilatérales, avec la ministre canadienne du Commerce international, Mary Ng, jouant un rôle central pour obtenir des clarifications. Les gouvernements de l’Ontario et du Québec, qui abritent la majorité de la fabrication automobile du Canada, avaient également fait pression sur Washington pour une résolution.
Les analystes de l’industrie notent que le moment est particulièrement important alors que les constructeurs automobiles reconfigurent les chaînes d’appro