Alors que les fidèles du Parti libéral de Terre-Neuve-et-Labrador se rassemblent ce week-end à St. John’s, la province se trouve à un carrefour politique qui façonnera son avenir immédiat. Trois candidats font leurs derniers appels avant le vote de samedi qui déterminera qui deviendra à la fois le chef libéral et le 15e premier ministre de la province.
« Il ne s’agit pas seulement de choisir un chef de parti, mais de déterminer qui guidera Terre-Neuve à travers des périodes véritablement difficiles, » explique Jessica Winters, politologue à l’Université Memorial. « Celui qui gagnera héritera d’une province confrontée à des vents économiques contraires et à une démographie en mutation. »
La course pour remplacer le premier ministre sortant Andrew Furey s’est réduite à trois prétendants: l’ancien ministre John Abbott, l’actuel membre du cabinet Steve Crocker, et la députée libérale Lucy Stoyles. Chacun apporte des perspectives distinctes à une province qui navigue entre la reprise post-pandémique et les défis de la transition énergétique.
Abbott, qui a précédemment dirigé l’Association des conseils de santé de Terre-Neuve-et-Labrador, s’est positionné comme l’administrateur expérimenté. « La réalité fiscale à laquelle nous sommes confrontés nécessite quelqu’un capable de prendre des décisions difficiles tout en protégeant les services publics, » a déclaré Abbott à ses partisans lors d’une récente étape de campagne à Corner Brook. Sa plateforme met l’accent sur la réforme des soins de santé et la budgétisation durable—des priorités qui trouvent écho dans une province ayant la population la plus âgée du pays et des préoccupations persistantes en matière de déficit.
Stoyles, quant à elle, s’est imposée comme la voix progressiste de la course. Actuellement à son premier mandat comme députée de Mount Pearl North, elle a mis l’accent sur le renforcement des protections environnementales et le développement économique axé sur les communautés. « Les habitants de cette province méritent un gouvernement qui planifie au-delà du prochain cycle électoral, » a-t-elle remarqué lors d’une assemblée publique à Carbonear la semaine dernière. Sa campagne a attiré les jeunes électeurs et ceux préoccupés par les impacts du changement climatique sur les communautés côtières.
Crocker, le favori perçu et actuel ministre du Tourisme, de la Culture, des Arts et des Loisirs, a fait campagne sur la continuité et la stabilité. Son argumentaire auprès des délégués comprend la diversification économique au-delà du pétrole et du gaz tout en maintenant la riche identité culturelle de la province. « La route à venir exige un équilibre—protéger ce qui rend Terre-Neuve-et-Labrador spéciale tout en embrassant l’innovation, » a déclaré Crocker lors d’une interview à Radio-Canada hier.
Le moment de ce changement de leadership revêt une importance particulière. Terre-Neuve-et-Labrador fait face à des projections de déclin démographique dans de nombreuses communautés rurales, tandis que la dette provinciale avoisine les 16 milliards de dollars. Les prochaines élections générales doivent être déclenchées avant novembre 2025, ce qui donne au nouveau premier ministre