La frustration était palpable alors que plusieurs centaines d’Albertains se sont rassemblés à l’École Edge à Calgary le week-end dernier, agitant des drapeaux bleus de la province au milieu d’appels à l’indépendance. Ce n’était pas simplement un autre rassemblement anti-Ottawa – la foule représentait un sentiment croissant que la confédération ne fonctionne tout simplement plus pour l’Alberta.
« Nous avons tenté des négociations raisonnables pendant des décennies, » a déclaré Peter Downing, fondateur de Wexit Alberta, s’adressant à la foule énergisée. « Les problèmes structurels au sein de la confédération maintiennent l’Alberta désavantagée, peu importe quel parti détient le pouvoir à Ottawa. »
Ce qui distingue cette vague séparatiste actuelle des précédentes manifestations d’aliénation de l’Ouest est la nature transpartisane de son soutien. La salle contenait d’anciens Progressistes-Conservateurs, des membres du Parti conservateur uni, et même des sympathisants désillusionnés du NPD – tous unis par la conviction commune que les intérêts économiques de l’Alberta restent perpétuellement marginalisés.
Le rassemblement se déroule dans un contexte de politiques fédérales spécifiques que beaucoup d’Albertains considèrent comme des attaques directes contre la prospérité provinciale. La taxe carbone fédérale, les plafonds d’émissions et le projet de loi C-69 (surnommé « loi anti-pipeline » par ses critiques) ont été mentionnés à plusieurs reprises dans les discours. Selon les chiffres du gouvernement provincial, l’Alberta a contribué environ 27 milliards de dollars de plus aux coffres fédéraux qu’elle n’a reçu en services et transferts en 2021 – une statistique soulignée à maintes reprises pendant l’événement.
« Il ne s’agit plus de la gauche contre la droite, » a expliqué Sarah Johnston, une travailleuse du secteur énergétique qui a amené sa famille au rassemblement. « Quand tu vois tes voisins perdre leur emploi à cause de politiques élaborées à trois mille kilomètres par des gens qui ne mettront jamais les pieds à Fort McMurray, ça change ta perspective sur ce que signifie la confédération. »
Des sondages récents suggèrent que le mouvement s’est établi au-delà de la politique marginale. Une enquête d’Abacus Data réalisée le mois dernier a révélé que 28% des Albertains soutiendraient l’indépendance dans un scénario de référendum – pas une majorité, mais une minorité substantielle que les analystes politiques recommandent de ne pas négliger.
La première ministre Danielle Smith a soigneusement équilibré sa rhétorique sur la question. Sans ouvertement soutenir la séparation, sa Loi sur la souveraineté de l’Alberta reflète la frustration provinciale face aux intrusions fédérales. Le gouvernement provincial s’est positionné comme défenseur de l’Alberta au sein de la confédération tout en laissant de l’espace pour que des voix plus radicales expriment un mécontentement plus profond.
Le contexte