Dans les couloirs aux sols de marbre où se déroulent les négociations commerciales, les responsables canadiens commettent une erreur stratégique critique dans leur approche face aux États-Unis—et ce sont les citoyens ordinaires qui en paient le prix.
« Nous sommes empêtrés dans un jeu perpétuel de défense », explique Dr. Amrita Deshpande, chercheure principale au Centre de politique commerciale de l’Université Carleton. « Le Canada continue d’essayer de défendre des industries spécifiques contre le protectionnisme américain alors que nous devrions libéraliser le commerce unilatéralement. »
Cette perspective remet en question la sagesse conventionnelle qui guide les relations commerciales Canada-États-Unis depuis les négociations initiales de l’ALE dans les années 1980. Mais les données suggèrent que l’approche réflexe du donnant-donnant canadien pourrait nuire à son propre avenir économique.
Les tensions commerciales les plus récentes ont commencé avec la Loi sur la réduction de l’inflation du président Biden, offrant d’énormes subventions aux véhicules électriques et aux produits d’énergie propre fabriqués aux États-Unis. La réponse du Canada était prévisible : obtenir des exemptions pour les entreprises canadiennes et menacer de contre-mesures. Le manuel n’a pas substantiellement changé depuis les différends sur le bois d’œuvre des années 1980.
J’ai passé les trois dernières semaines à parler avec des fabricants, des agriculteurs et des économistes des deux pays. Le consensus qui remet en question la pensée conventionnelle est frappant : Et si le Canada cessait simplement de se battre?
« Quand votre voisin construit un mur, la pire chose que vous puissiez faire est de construire votre propre mur en réponse », affirme Robert Wolfe, professeur émérite à l’Université Queen’s et ancien négociateur commercial canadien. « Cela ne fait qu’emprisonner vos propres citoyens entre deux murs. »
Les données économiques soutiennent cette approche contre-intuitive. Des études de l’Institut C.D. Howe montrent qu’environ 60 pour cent des tarifs canadiens nuisent principalement aux entreprises et consommateurs canadiens. Lorsque les entreprises canadiennes importent des machines, des pièces ou des matériaux, ces tarifs fonctionnent essentiellement comme une taxe sur la production nationale.
« Je paie 6,5 % de plus pour des composants d’aluminium cruciaux provenant des États-Unis en raison des tarifs de représailles imposés par notre gouvernement », explique Jennifer Korecki, qui dirige une entreprise manufacturière de taille moyenne à Mississauga. « C’est de l’argent que je ne peux pas investir dans l’embauche ou la modernisation des équipements. »
Le réflexe protectionniste ignore la réalité économique fondamentale. L’économie du Canada représente environ un dixième de celle des États-Unis. Dans toute confrontation commerciale symétrique, les mathématiques ne favorisent simplement pas le Canada.
Debout dans une ferme laitière de la vallée du Fraser la semaine dernière, j’ai rencontré Marcel Boisvert, un agriculteur de troisième génération dont les opérations sont contraintes par le système de gestion de l’off