Je viens de rentrer d’Ottawa, où le changement de garde au bureau du Premier ministre a créé à la fois de l’enthousiasme et de l’anxiété dans les cercles politiques. Je me retrouve à réfléchir sur la position complexe du Canada sur la scène mondiale. Bien que beaucoup d’attention soit portée sur la façon dont le Premier ministre Mark Carney gérera les relations avec une administration Trump potentiellement de retour, plusieurs défis de politique étrangère tout aussi pressants exigent une attention immédiate.
Les couloirs d’Affaires mondiales Canada bourdonnent de réévaluations stratégiques. « Nous opérons dans l’environnement géopolitique le plus compliqué depuis la Guerre froide, » m’a confié un diplomate canadien de haut rang, parlant sous couvert d’anonymat en raison de la sensibilité des formulations politiques en cours. « Et nous n’avons pas le luxe de nous concentrer sur une seule relation, même si c’est notre plus importante. »
Les relations du Canada avec la Chine continuent de se détériorer dans un contexte de posture mondiale de plus en plus affirmée de Pékin. La détention de Michael Kovrig et Michael Spavor hante toujours les relations bilatérales, malgré leur libération en 2021. Des rapports de renseignement récents suggèrent que l’ingérence chinoise dans les affaires intérieures canadiennes est devenue plus sophistiquée, ciblant les communautés diasporiques et les processus politiques.
Le Groupe de travail conjoint Canada-Chine sur les affaires consulaires établi l’année dernière a eu du mal à réaliser des progrès significatifs pour protéger les citoyens canadiens en Chine. Pendant ce temps, les exportations canadiennes font face à des barrières de représailles continues sur les marchés chinois, les produits agricoles étant particulièrement vulnérables aux changements réglementaires soudains.
« L’administration Carney doit développer une stratégie chinoise qui équilibre les intérêts économiques avec les préoccupations de sécurité et les principes des droits humains, » déclare Margaret McCuaig-Johnston, ancienne sous-ministre adjointe et spécialiste de la Chine à l’Université d’Ottawa. « Cela nécessite une coordination entre les ministères gouvernementaux que nous n’avons pas vue depuis des décennies. »
En Ukraine, la diaspora ukrainienne substantielle du Canada – près de 1,4 million de personnes – a poussé à un engagement plus profond. Les Forces armées canadiennes ont formé plus de 39 000 soldats ukrainiens depuis 2015 grâce à l’Opération UNIFIER, mais maintenir cet engagement tout en répondant aux préoccupations de préparation militaire nationale présente des défis importants.
Lors de ma récente visite en Lettonie, où le Canada dirige le groupement tactique multinational de l’OTAN, des officiers canadiens ont exprimé des inquiétudes concernant les pénuries d’équipement et la durabilité de la mission. « Nous étirons nos ressources à l’extrême, » m’a dit un commandant. « L’engagement est là, mais le soutien matériel est parfois à la traîne. »
La diplomatie sur le changement climatique représente un autre défi crucial pour Carney, dont l’expérience en finance climatique pourrait s’avérer précieuse. Le Canada