Je suis descendu du traversier pour mettre pied sur Haida Gwaii en octobre dernier, l’air salin se mêlant à l’odeur du cèdre. C’était ma troisième visite dans cet archipel depuis que j’avais couvert le lancement de leur projet de micro-réseau solaire en 2019, mais cette fois-ci, l’ambiance était différente. Le projet, appartenant à la communauté, s’était étendu, et des panneaux solaires parsemaient désormais les toits à travers les îles.
« On s’inquiète moins des pannes hivernales maintenant, » m’a expliqué Lisa White, propriétaire d’un café local qui a installé des panneaux solaires l’année dernière. « Avant, quand les tempêtes endommageaient le câble sous-marin reliant au continent, on pouvait rester dans le noir pendant des jours. Aujourd’hui, on a des alternatives. »
Ce n’est qu’un exemple de la transformation énergétique propre qui prend de l’ampleur à travers la Colombie-Britannique. La semaine dernière, le gouvernement provincial a annoncé des plans pour élargir considérablement la production d’électricité propre, visant à réduire la dépendance aux importations d’énergie américaine tout en répondant à la demande domestique croissante.
Le récent appel de propositions de BC Hydro cherche à ajouter 3 000 gigawattheures au réseau provincial – suffisamment pour alimenter environ 270 000 foyers. La société d’État recherche spécifiquement des projets d’énergie éolienne, solaire, géothermique et hydroélectrique au fil de l’eau, avec une préférence pour ceux impliquant des partenariats autochtones.
« Il s’agit autant de souveraineté énergétique que d’action climatique, » m’a confié Dave Nikolejsin, ancien sous-ministre de l’Énergie pour la C.-B., lors d’une récente entrevue. « Nous prévoyons une augmentation de 15 % de la demande d’électricité d’ici 2030, stimulée par les véhicules électriques, les thermopompes et la croissance industrielle. Les chiffres ne fonctionnent pas sans nouvelle capacité de production. »
L’urgence prend tout son sens quand on examine les données. Selon le plan intégré des ressources de BC Hydro, la province importe régulièrement jusqu’à 10 % de son électricité de sources américaines pendant les périodes de pointe. Ces importations proviennent souvent d’états comme Washington et Montana, où les combustibles fossiles constituent encore une part importante du mix énergétique.
La nouvelle stratégie d’approvisionnement a reçu des éloges tant des groupes environnementaux que des analystes économiques. Clean Energy BC estime que l’initiative pourrait créer environ 2 500 emplois dans la construction à travers les communautés rurales tout en ajoutant près de 3 milliards de dollars à l’économie provinciale.
Pour Judith Sayers, présidente du Conseil tribal Nuu-chah-nulth et défenseure de longue date de l’énergie propre, ce virage représente un retour à ce que les communautés autochtones demandent depuis des années. « Les Premières Nations sont prêtes avec des projets d’énergie propre réalisables depuis l’annulation du précédent appel de projets en 2019, » m’a-t-elle expl