La législature du Manitoba est devenue le plus récent champ de bataille dans la tension croissante entre la protection de l’identité de genre et les préoccupations concernant la liberté d’expression, avec les Progressistes-Conservateurs qui s’inquiètent des potentiels abus dans un nouveau projet de loi du NPD.
Le projet de loi 240 vise à modifier le Code des droits de la personne du Manitoba pour protéger explicitement l’expression et l’identité de genre contre la discrimination. Bien que cela reflète des protections déjà établies au niveau fédéral et dans d’autres provinces, le libellé du projet de loi a suscité un débat important parmi les législateurs.
« Ce projet de loi pourrait potentiellement criminaliser la parole, » a déclaré Rochelle Squires, critique officielle de l’opposition manitobaine pour la condition féminine, lors des audiences en comité la semaine dernière. « Nous soutenons les protections pour les personnes transgenres, mais la formulation risque d’imposer la parole plutôt que de simplement interdire la discrimination. »
Le problème concerne la définition de la discrimination fondée sur l’identité de genre. La législation interdirait la discrimination contre quiconque en fonction de « l’apparence, des caractéristiques ou du comportement liés au genre » qui diffèrent de ce qui est traditionnellement associé au sexe assigné à la naissance.
Les critiques soutiennent que cette définition large pourrait aller au-delà de la prévention de la discrimination préjudiciable pour potentiellement pénaliser ceux qui refusent d’utiliser les pronoms préférés ou d’exprimer certains points de vue sur l’identité de genre.
J’ai examiné les transcriptions des audiences du comité où plusieurs experts juridiques ont témoigné sur les implications du projet de loi. Peter Vogel, un avocat constitutionnel qui a comparu comme témoin expert, a mis en garde contre les conflits potentiels avec la Charte.
« La Cour suprême a établi que la parole forcée représente une atteinte particulièrement flagrante aux droits d’expression, » a témoigné Vogel. « Nous devons nous assurer que les mesures antidiscrimination ne créent pas par inadvertance de nouvelles restrictions à la liberté d’expression. »
La marraine du projet de loi, la députée néo-démocrate Lisa Naylor, a défendu la législation comme alignant simplement les protections des droits de la personne du Manitoba sur celles d’autres juridictions. « Cela comble une lacune dans notre code actuel et apporte de la clarté pour les Manitobains transgenres et non binaires qui méritent une protection explicite en vertu de la loi, » a déclaré Naylor lors du débat.
Le Manitoba reste l’une des rares provinces sans protection spécifique pour l’identité de genre dans son code provincial des droits de la personne, malgré l’existence de telles protections dans la Loi canadienne sur les droits de la personne depuis 2017.
« Les protections fédérales s’appliquent aux milieux de travail et services sous réglementation fédérale, mais les codes provinciaux couvrent la plupart des interactions quotidiennes des Manitobains avec les entreprises, les écoles et les gouvernements locaux, » a expliqué Casey Howe, avocat à l’Association manitobaine pour les droits et libertés. « Cela crée un écart de protection important. »
Des documents obtenus de la Commission des droits de