La Cour du Banc du Roi de la Saskatchewan a statué la semaine dernière que les enfants métis ont été illégalement retirés de leurs familles pendant la Rafle des années soixante, marquant une étape importante mais incomplète vers la justice pour les personnes touchées par les pratiques canadiennes de protection de l’enfance entre 1951 et 1991.
« Ce n’est pas seulement une victoire juridique—c’est la reconnaissance de décennies de souffrance que notre communauté a endurée, » a déclaré Sarah Cardinal, demanderesse principale dans le recours collectif représentant environ 2 000 Métis retirés de leurs foyers. « Mais la reconnaissance seule ne guérit pas les blessures qui ont affecté des générations. »
Dans sa décision de 74 pages, le juge Gary Meschishnick a conclu que le gouvernement fédéral a manqué à son obligation fiduciaire envers les enfants métis, trouvant des « preuves accablantes » que les autorités ont systématiquement retiré des enfants autochtones sans garanties adéquates pour préserver leurs identités culturelles.
La décision se distingue des règlements précédents concernant la Rafle des années soixante en abordant spécifiquement les expériences métisses, qui ont historiquement reçu moins d’attention que celles des communautés des Premières Nations malgré des préjudices similaires.
J’ai examiné des documents judiciaires montrant que le gouvernement fédéral a soutenu à plusieurs reprises qu’il n’avait pas compétence sur les questions de protection de l’enfance métisse—une position fermement rejetée par la cour. « Les preuves démontrent que la Couronne connaissait ou aurait dû connaître les conséquences de ses politiques, » a écrit le juge Meschishnick.
Dre Allyson Stevenson, titulaire de la Chaire de recherche du Canada sur les relations entre les peuples autochtones et l’État canadien à l’Université de la Saskatchewan, décrit l’importance de cette décision: « Ce jugement confronte les tentatives délibérées du Canada d’exclure les Métis des processus de réconciliation. Les archives historiques montrent clairement que le fédéral était conscient de ces retraits et de leurs effets dévastateurs. »
La cour a trouvé particulièrement troublante la pratique de placer des enfants métis dans des familles non-autochtones à travers le Canada et à l’international, souvent sans conserver de traces de leurs origines culturelles. Plusieurs survivants que j’ai interviewés ont décrit de profondes crises d’identité en découvrant leur héritage à l’âge adulte.
Robert Doucette, ancien président de la Nation métisse de la Saskatchewan qui défend les survivants depuis 2017, a souligné l’importance de la décision tout en notant ses limites. « La cour a reconnu le préjudice, mais n’a pas quantifié les dommages. Cela rend nos prochaines étapes cruciales. »
En effet, bien que la reconnaissance de responsabilité représente une percée, le juge Meschishnick a reporté la question de l’indemnisation à des procédures futures. Cela crée de l’incertitude pour les survivants vieillissants, dont beaucoup attendent réparation depuis des décennies.
L’approche du gouvernement canadien dans ce litige a suscité des critiques d’experts juridiques et d’organisations de défense des droits.