La photographie en noir et blanc délavée montre un jeune pilote dans son uniforme de l’Aviation royale canadienne, souriant avec confiance avant sa dernière mission. Pendant des décennies, le sacrifice du lieutenant d’aviation Donald MacLean a été commémoré chaque année dans la petite ville anglaise de Peterborough, alors qu’il demeure largement méconnu dans son pays d’origine.
« Mon oncle a tout donné pour sauver ces citadins, » raconte Margaret MacLean, la nièce de Donald, en manipulant délicatement ses lettres de guerre dans sa maison de Winnipeg. « Les Britanniques ne l’ont jamais oublié, mais ici au Canada, c’est comme s’il n’avait jamais existé. »
Le 15 avril 1945, quelques semaines seulement avant la fin de la guerre, MacLean pilotait son bombardier Lancaster endommagé, de retour d’une mission au-dessus de l’Allemagne, quand il a réalisé que l’appareil allait s’écraser sur la zone densément peuplée de Peterborough. Des témoins ont rapporté que MacLean, plutôt que de sauter en parachute avec son équipage, est resté aux commandes pour diriger l’avion condamné loin des maisons et d’un hôpital, s’écrasant plutôt dans un champ vide.
Les sept membres d’équipage ont péri, mais des centaines de civils ont été épargnés.
« Chaque année, la ville organise une cérémonie commémorative sur le site de l’écrasement, » explique l’historien local James Harrington lors d’un entretien téléphonique depuis Peterborough. « Les écoliers déposent des couronnes, le maire y assiste, et ils ont même nommé une rue en son honneur. Pourtant, quand des visiteurs britanniques viennent au Canada et mentionnent MacLean, ils sont accueillis par des regards vides. »
La famille MacLean a passé près d’une décennie à demander au gouvernement canadien de reconnaître officiellement l’héroïsme de Donald avec une Croix de la vaillance posthume, la plus haute distinction civile du Canada pour bravoure. Leurs demandes se sont répétitivement enlisées dans les méandres bureaucratiques.
Michelle Boudreau, porte-parole d’Anciens Combattants Canada, a confirmé la réception de la demande de la famille, notant que « les cas historiques nécessitent une vérification et une documentation approfondies, » mais a refusé de commenter spécifiquement sur l’état du dossier de MacLean.
Selon des documents obtenus par des demandes d’accès à l’information, le cas de MacLean a été examiné trois fois depuis 2015, avec des recommandations d’approbation atteignant les niveaux supérieurs du ministère avant de disparaître apparemment dans les limbes administratifs.
La frustration de la famille s’est intensifiée le mois dernier lorsqu’un documentaire britannique sur les « héros oubliés » a présenté l’histoire de MacLean en bonne place, suscitant un regain d’intérêt au Royaume-Uni tout en créant à peine une onde dans les médias canadiens.
« Il ne s’agit pas seulement d’une médaille pour mon oncle, »