Les poignées de main cérémoniales entre Donald Trump et le premier ministre britannique Rishi Sunak la semaine dernière cachaient ce que de nombreux experts en commerce considèrent comme un changement fondamental dans la façon dont le président américain de retour aborde les négociations commerciales. Leur « protocole d’entente » sur la réduction des tarifs pour les produits d’acier et d’aluminium signale des défis potentiels à venir pour la relation commerciale du Canada avec son plus grand partenaire.
Debout à la Trump Tower de New York, Sunak a salué l’accord comme « un acompte sur un partenariat plus étroit entre le Royaume-Uni et les États-Unis ». L’entente supprime les tarifs de l’ère Trump sur 500 millions de dollars d’exportations britanniques d’acier et d’aluminium, tandis que le Royaume-Uni abandonne ses tarifs de représailles sur le whisky américain, les motos et les jeans. Pourtant, au-delà de l’opportunité photographique se trouve une stratégie qui s’écarte considérablement des accords commerciaux traditionnels plus complets.
« Ce n’est pas un véritable accord de libre-échange selon une définition standard, » explique Maryscott Greenwood du Conseil d’affaires canado-américain. « C’est un arrangement ciblé, politiquement opportun qui permet aux deux dirigeants de revendiquer une victoire sans les complexités de l’approbation du Congrès. »
Pour le Canada, qui a navigué dans les tumultueuses renégociations de l’ALENA durant le premier mandat de Trump, l’accord britannique offre un avant-goût de ce qui pourrait suivre. L’entente contourne l’approche globale de l’ACEUM (anciennement ALENA) en faveur d’arrangements sectoriels qui peuvent être mis en œuvre par autorité exécutive.
« Trump signale qu’il veut des victoires rapides qui profitent à des industries américaines spécifiques et peuvent être livrées sans obstacles législatifs, » affirme Laura Dawson, ancienne directrice de l’Institut Canada au Wilson Center. « Le Canada devrait s’attendre à des négociations ciblées sur des secteurs particuliers plutôt qu’à des révisions d’accords généraux. »
Le moment arrive alors que le gouvernement canadien se prépare déjà à l’examen prévu de l’ACEUM en 2026. Des documents internes obtenus par des demandes d’accès à l’information montrent qu’Affaires mondiales Canada a commencé à planifier des scénarios pour le retour de Trump il y a plusieurs mois, avec une attention particulière sur les demandes possibles dans les secteurs des produits laitiers, du bois d’œuvre et des minéraux critiques.
Lors d’une visite dans une usine d’aluminium québécoise le mois dernier, la vice-première ministre Chrystia Freeland a fait allusion à l’approche du Canada. « Nous avons déjà traversé des négociations difficiles et sommes ressortis avec un accord qui protège les emplois canadiens. Nous sommes prêts à nous engager de façon constructive tout en défendant nos intérêts, » a-t-elle déclaré aux travailleurs