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La nouvelle m’est parvenue lors d’un matin frais à Vancouver, de ceux où les montagnes se découpent nettement contre un ciel azuré : le gouvernement provincial avait approuvé les opérations de dragage dans Burrard Inlet. J’ai parcouru ces rivages d’innombrables fois, observant les hérons fouler les zones humides pendant que les porte-conteneurs défilaient comme des géants silencieux. Ces eaux sont maintenant sur le point de changer.
« Il s’agit d’opportunités économiques, » a expliqué Keith Matthew, ministre provincial de l’Énergie et des Ressources, lors de la conférence de presse d’hier. « Approfondir ces chenaux signifie des pétroliers plus grands, un transport maritime plus efficace et des liens commerciaux renforcés avec nos partenaires d’Asie-Pacifique. »
Le projet, estimé à 98 millions de dollars, approfondira les voies navigables dans des sections stratégiques de Burrard Inlet jusqu’à trois mètres. Cette modification permettra au terminal maritime Westridge de Trans Mountain d’accueillir des pétroliers Aframax à pleine capacité, augmentant potentiellement les exportations de pétrole jusqu’à 40 pour cent sans élargir l’oléoduc lui-même.
Lorsque j’ai visité le territoire de la Nation Tsleil-Waututh au printemps dernier, l’Aînée Amy George a partagé des histoires de récolte de fruits de mer dans ces eaux depuis des générations. « Notre identité est liée à ces eaux, » m’a-t-elle dit, ses mains bougeant rythmiquement en séparant des coquillages sur sa table de cuisine. « Nous avons déjà vu ce que le développement industriel fait aux créatures dont nous dépendons. »
La Nation Tsleil-Waututh s’est constamment opposée à l’augmentation du trafic pétrolier, commandant une évaluation indépendante en 2015 qui concluait qu’un déversement majeur dans Burrard Inlet aurait des conséquences « catastrophiques » pour leur culture et leur sécurité alimentaire. Leurs préoccupations restent largement ignorées dans l’approbation actuelle.
Eugene Kung, avocat chez West Coast Environmental Law, souligne un processus d’approbation accéléré qui a contourné l’évaluation d’impact fédérale normalement requise pour des projets de cette envergure. « La province a utilisé une échappatoire réglementaire, » a-t-il expliqué lors de notre conversation téléphonique. « En classifiant ceci comme de l’entretien plutôt qu’une expansion, ils ont évité un examen environnemental plus rigoureux. »
Les responsables provinciaux rétorquent que les permis fédéraux existants pour l’expansion de Trans Mountain incluent des dispositions pour « l’optimisation » des installations maritimes. Le rapport de réexamen de 2019 de l’Office national de l’énergie reconnaissait les effets néfastes potentiels sur les épaulards résidents du Sud et recommandait des mesures d’atténuation renforcées, bien que les critiques soutiennent que celles-ci ne tiennent pas compte des impacts cumulatifs.
L’annonce du dragage intervient alors que Statistique Canada