La vidéo troublante est arrivée dans ma boîte de réception jeudi dernier—une autre fusillade policière au Nunavik, le vaste territoire inuit du nord du Québec. Cette fois, un jeune homme de 19 ans à Kuujjuaq est décédé après avoir été abattu par des agents du Corps de police régional Kativik (CPRK).
J’ai passé les cinq derniers mois à enquêter sur les pratiques policières dans les communautés du nord du Québec. Ce qui en ressort révèle un système en crise—un système que les leaders régionaux exigent maintenant de changer suite à cette dernière confrontation fatale.
« Nous ne pouvons plus accepter un corps de police qui ne comprend ni nos communautés ni notre langue, » m’a confié Pita Aatami, président de la Société Makivik, lors d’un long entretien téléphonique hier. Makivik représente les intérêts des Inuits au Nunavik et a appelé à une « transformation complète » du service de police régional.
Les documents judiciaires que j’ai examinés révèlent au moins 14 incidents depuis 2018 où des agents du CPRK ont utilisé une force potentiellement létale dans les 14 communautés isolées de la région. Le Bureau des enquêtes indépendantes (BEI) du Québec a confirmé avoir lancé des enquêtes sur quatre fusillades policières mortelles au Nunavik au cours des deux dernières années seulement.
« La plupart des agents arrivent sans formation culturelle, servent des rotations courtes et partent avant d’établir la confiance communautaire, » explique Minnie Grey, directrice générale de la Régie régionale de la santé et des services sociaux du Nunavik. « Comment peut-on adéquatement policer des communautés dont on ne comprend ni la langue ni le contexte culturel? »
Le CPRK fait face à des défis extraordinaires. Les agents travaillent dans des communautés isolées accessibles uniquement par avion, traitant souvent des problèmes sociaux complexes issus de traumatismes coloniaux. Les registres du département obtenus par des demandes d’accès à l’information révèlent un taux de roulement de 67% parmi les agents non-inuits entre 2020 et 2023.
Sylvie Pétrin, directrice du CPRK, a reconnu ces défis dans une déclaration écrite. « Nous reconnaissons le besoin de réforme et sommes engagés à travailler avec les leaders inuits pour mettre en œuvre les changements nécessaires, » a-t-elle écrit. Cependant, mes demandes répétées d’entrevue sont restées sans réponse.
La fusillade de la semaine dernière a catalysé les demandes de changement systémique. Lors d’une réunion d’urgence à Kuujjuaq lundi, des représentants de toutes les communautés du Nunavik ont adopté à l’unanimité une résolution appelant à une « réforme policière immédiate et complète. »
La résolution, que j’ai obtenue en exclusivité, expose une approche en trois parties : augmenter la représentation inuite dans la force à au moins 50% d’ici cinq ans, mettre en œuvre une formation obligatoire en compétence culturelle, et établir un comité de surveillance indépendant dirigé par des