Je viens de passer trois semaines embarqué avec la Marine royale canadienne lors de son expédition historique en Antarctique, témoin direct de ce que les responsables navals qualifient de moment décisif pour les capacités maritimes et les ambitions de souveraineté arctique du Canada.
Le NCSM Margaret Brooke est revenu à Halifax la semaine dernière, concluant le premier déploiement opérationnel de la marine en Antarctique depuis plus de 70 ans. Ce voyage marque une expansion significative de la présence navale canadienne dans les eaux polaires australes, reflétant la stratégie déjà établie dans notre Arctique.
« Cette expédition représente bien plus que le simple fait d’atteindre l’Antarctique—elle démontre l’engagement du Canada à être une nation maritime mondiale capable d’opérer dans les environnements les plus difficiles de la planète, » a déclaré la Commandante Nicole Robichaud alors que nous nous tenions sur la passerelle en naviguant dans le passage de Drake, tristement célèbre pour ses conditions périlleuses.
Le navire de patrouille extracôtier et de l’Arctique a complété un voyage de 10 000 milles nautiques qui a mis à l’épreuve tant le navire que l’équipage. Après avoir passé des jours à observer les opérations, je peux témoigner que la mission a atteint plusieurs objectifs clés au-delà de l’exploit symbolique d’atteindre l’Antarctique.
Les officiers ingénieurs ont confirmé que les capacités brise-glace du navire ont dépassé les attentes, validant la conception de cette classe de navires dans des conditions similaires à celles des eaux nordiques canadiennes, bien que distinctes. Les données recueillies éclaireront les opérations navales dans les deux environnements polaires.
Pour le Premier maître James Whitaker, qui sert depuis 17 ans, cette mission revêt une importance particulière. « Mon grand-père racontait des histoires sur les opérations navales canadiennes en Antarctique dans les années 1950. Faire partie de ceux qui ramènent cette capacité après tant de décennies signifie tout pour ceux d’entre nous qui comprennent notre patrimoine maritime, » m’a-t-il confié lors d’un quart de nuit.
L’expédition comportait des volets de recherche scientifique, avec des chercheurs de Pêches et Océans Canada à bord qui prélevaient des échantillons d’eau pour étudier la distribution des microplastiques et les variations de température océanique. Ces données compléteront les recherches polaires déjà menées dans les eaux arctiques canadiennes, créant un ensemble de données complet qui couvre les deux pôles.
Margaret Kummar, analyste en défense de l’Institut canadien des affaires mondiales, souligne des implications stratégiques plus larges. « Avec le changement climatique qui modifie les conditions glaciaires dans les deux régions polaires, les marines du monde entier réévaluent leurs capacités. L’expérience du Canada dans le nord nous donne un levier potentiel dans les discussions internationales sur l’avenir de l’Antarctique, » a-t-elle expliqué lors d’une entrevue téléphonique après le retour du navire.
Le moment choisi pour cette mission coïncide avec les préoccupations croissantes concernant l’exploration accrue des ressources et le positionnement territorial en Antarctique, malgré les régl