Malgré des années de campagnes publiques visant à réduire la stigmatisation liée à la santé mentale, de nombreux travailleurs canadiens demeurent réticents à révéler leurs problèmes de santé mentale à leurs employeurs. Une nouvelle étude novatrice de l’Université de Toronto révèle que les cultures de travail qui mettent l’accent sur la sécurité psychologique et le soutien peuvent considérablement améliorer les résultats pour les employés qui choisissent de divulguer leurs problèmes de santé mentale.
La recherche, dirigée par la Dre Samantha Winters du Département de psychologie organisationnelle de l’Université de Toronto, a sondé plus de 1 200 travailleurs en Ontario et en Colombie-Britannique. Elle a constaté que les employés qui ont divulgué des problèmes de santé mentale dans des environnements de soutien ont rapporté une satisfaction professionnelle supérieure de 32 % et des intentions de départ inférieures de 27 % par rapport à ceux qui sont restés silencieux.
« Ce que nous observons remet en question la sagesse conventionnelle selon laquelle garder privées ses difficultés de santé mentale au travail est le choix le plus sûr, » explique la Dre Winters. « Lorsque les milieux de travail créent une véritable sécurité psychologique, l’acte de divulgation devient thérapeutique plutôt que risqué. »
L’étude a identifié des facteurs organisationnels spécifiques qui déterminent si la divulgation entraîne des résultats positifs ou négatifs. Les entreprises disposant de politiques claires d’accommodement en matière de santé mentale, d’une formation régulière des gestionnaires sur le soutien en santé mentale et d’un engagement visible de la direction ont montré les résultats positifs les plus marqués.
Au Groupe d’assurance Maritime à Halifax, les politiques de divulgation ont transformé la culture organisationnelle. « Il y a trois ans, je n’aurais jamais mentionné mon trouble d’anxiété à qui que ce soit au travail, » confie Martine Doucet, spécialiste des réclamations. « Aujourd’hui, mon équipe comprend mon besoin occasionnel d’horaires flexibles pendant les périodes difficiles, et ma productivité s’est en fait améliorée. »
La stigmatisation de la santé mentale demeure un obstacle important dans les milieux de travail canadiens. L’Association canadienne pour la santé mentale rapporte que 64 % des travailleurs ontariens s’inquiéteraient de la réaction de leurs collègues s’ils discutaient d’un diagnostic de santé mentale au travail. Les implications financières sont considérables, les problèmes de santé mentale en milieu de travail coûtant environ 50 milliards de dollars par année à l’économie canadienne selon la Commission de la santé mentale du Canada.
L’étude a révélé des contrastes frappants entre les environnements favorables et défavorables. Dans les milieux de travail jugés « psychologiquement non sécuritaires », la divulgation a entraîné une discrimination signalée dans 41 % des cas, contre seulement 7 % dans les environnements de soutien.