Les nouvelles concernant les graves problèmes d’intimidation et de difficultés relationnelles que vivent les enfants canadiens, parmi les pires du monde développé, m’ont frappée de plein fouet hier. En tant que journaliste couvrant les politiques sociales depuis près d’une décennie, le dernier rapport de l’UNICEF sur le bien-être des jeunes offre un portrait alarmant qui confirme ce que parents, enseignants et jeunes eux-mêmes dénoncent depuis des années.
Nos jeunes peinent à créer des liens.
« La pandémie est peut-être officiellement terminée, mais ses séquelles continuent de façonner le développement social de toute une génération, » m’a expliqué la Dre Sarah Merton, spécialiste du développement de l’enfant à l’Université de Toronto, lorsque je l’ai contactée à propos de ces résultats. « Ce ne sont pas que des statistiques – ce sont des signaux d’alarme. »
Selon l’analyse approfondie de l’UNICEF sur le bien-être des jeunes dans 39 pays riches, le Canada se classe près du bas – 33e position – concernant la capacité des enfants à se faire facilement des amis. Plus inquiétant encore, plus de 28 % des jeunes Canadiens déclarent avoir été victimes d’intimidation au moins une fois ces derniers mois, nous plaçant dans le tiers inférieur des pays étudiés.
En me promenant hier après-midi au parc Trinity Bellwoods de Toronto, j’ai parlé avec Jasmine Taylor, mère de deux préadolescents. « Ma fille a changé d’école l’année dernière à cause de harcèlement implacable sur les réseaux sociaux que l’école semblait incapable de contrôler, » m’a-t-elle confié. « Même après avoir changé d’école, elle hésite à utiliser son téléphone ou à rejoindre les groupes en ligne créés par ses camarades de classe. »
La dimension numérique des difficultés actuelles des jeunes ne peut être négligée. La Commission de la santé mentale du Canada a documenté une augmentation de 43 % des jeunes cherchant de l’aide pour du harcèlement en ligne depuis 2019, leur dernier avis de santé publique mentionnant spécifiquement la relation complexe entre le temps d’écran et l’isolement social.
La ministre fédérale des Familles, Lisa Crawford, a qualifié ces résultats de « profondément préoccupants » lors de la conférence de presse d’hier, annonçant un nouvel investissement de 24 millions de dollars dans des initiatives communautaires de santé mentale pour les jeunes. « Quand près d’un tiers de nos enfants se sentent en insécurité ou mal accueillis parmi leurs pairs, nous avons une responsabilité collective d’en traiter les causes profondes, » a déclaré Crawford.
Mais tous ne sont pas convaincus que davantage de financement résoudra le problème.
« Nous investissons dans la santé mentale des jeunes depuis des années sans aborder les changements fondamentaux dans leurs modes d’interaction, » affirme Marcus Reynolds, directeur général de