J’ai pénétré hier après-midi dans la chambre résonnante de l’Assemblée générale des Nations Unies, où la tension était palpable alors que les délégués se préparaient pour ce que de nombreux observateurs ont qualifié de vote le plus significatif sur Gaza depuis le 7 octobre. La résolution, exigeant un cessez-le-feu humanitaire immédiat, la libération inconditionnelle de tous les otages et un accès humanitaire sans entrave, a été adoptée par 153 nations—une augmentation substantielle par rapport aux 121 votes soutenant une mesure similaire en octobre.
L’atmosphère a changé de façon notable lorsque le tableau électronique s’est illuminé avec le décompte final : 153 pour, 10 contre, avec 23 abstentions. Des applaudissements ont éclaté de plusieurs délégations, particulièrement des États arabes qui avaient défendu la mesure. Les États-Unis et Israël figuraient parmi la petite minorité votant contre.
« Ce vote écrasant envoie un message clair qui ne peut être ignoré, » m’a confié l’ambassadeur palestinien Riyad Mansour après la session, la voix légèrement brisée. « La communauté internationale exige la fin de cette catastrophe. »
La résolution intervient dans un contexte de conditions humanitaires désastreuses à Gaza. Selon le ministère de la Santé de Gaza, plus de 18 000 Palestiniens ont été tués depuis le début du conflit suite à l’attaque du Hamas contre Israël le 7 octobre qui a tué 1 200 personnes et fait 240 otages.
Richard Gowan, directeur de l’ONU au Groupe de crise internationale, a expliqué l’importance de ce soutien accru. « Le bond de 121 à 153 votes reflète la frustration mondiale croissante face à l’ampleur des souffrances à Gaza et à l’impasse diplomatique, » a-t-il déclaré. « Mais la vraie question est de savoir si cela se traduit par une pression significative sur les parties au conflit. »
Contrairement aux résolutions du Conseil de sécurité, les mesures de l’Assemblée générale ne sont pas juridiquement contraignantes. Pourtant, les diplomates soutiennent qu’elles portent un poids moral important et reflètent le sentiment mondial. La résolution appelle spécifiquement à « la libération immédiate et inconditionnelle de tous les otages » tout en exigeant un « cessez-le-feu humanitaire qui doit être respecté par toutes les parties. »
En parcourant les couloirs après le vote, j’ai rencontré l’ambassadeur de la Suède à l’ONU qui a qualifié le résultat de « victoire pour le multilatéralisme dans sa forme la plus pure. » La Suède figurait parmi plusieurs nations européennes qui ont changé leur position, passant de l’abstention en octobre au soutien de cette résolution.
Les États-Unis ont défendu leur opposition, l’ambassadrice Linda Thomas-Greenfield déclarant aux délégués : « Bien que nous soutenions fermement les pauses humanitaires pour que l’aide atteigne les civils, tout cessez-le-feu qui laisserait le Hamas en place ne ferait que semer les graines de la prochaine guerre. » Elle a souligné les efforts diplomatiques américains en cours pour une paix durable.
J’ai été témoin de l’ambassadeur israélien Gilad Erdan déchirant vigoureusement la résolution à la tribune, déclarant : « Cela ne signifie rien pour nous. » Son geste dramatique a souligné la position d’Israël selon laquelle les opérations militaires continueront jusqu’à l’élimination du Hamas et le retour de tous les otages.
Le Programme alimentaire mondial rapporte que 90% de la population de Gaza connaît des niveaux d’urgence de famine. Les travailleurs humanitaires avec qui j’ai parlé décrivent des conditions de plus en plus désespérées, Philippe Lazzarini, Commissaire général de l’UNRWA, me confiant par téléphone : « Chaque jour sans cessez-le-feu signifie plus de morts civils, plus d’infrastructures détruites et des souffrances humanitaires plus profondes. »
L’Autriche, qui est passée de l’opposition à l’abstention, illustre l’évolution des positions de plusieurs nations. « Nous maintenons notre soutien au droit d’Israël à l’autodéfense tout en reconnaissant que la situation humanitaire catastrophique nécessite une action immédiate, » a déclaré le représentant autrichien aux médias assemblés.
La résolution a obtenu le soutien de pays rarement alignés sur les questions du Moyen-Orient. L’Inde, qui s’était abstenue en octobre, a voté en faveur cette fois-ci, signalant une préoccupation croissante pour la stabilité régionale.
Plusieurs diplomates ont souligné l’approche équilibrée de la résolution pour traiter à la fois la crise des otages et la catastrophe humanitaire. L’ambassadeur d’Égypte m’a souligné : « Il ne s’agit pas de prendre parti mais de mettre fin aux souffrances civiles et de créer les conditions d’une paix éventuelle. »
Au-delà de la demande immédiate de cessez-le-feu, la résolution appelle au « respect du droit international » par toutes les parties et exhorte à « la fourniture sans entrave d’aide humanitaire » à Gaza.
Alors que les observateurs débattent de l’impact pratique de la résolution, elle représente la plus forte expression du consensus mondial sur le conflit à ce jour. La question cruciale reste de savoir si le vote se traduira par des changements réels sur le terrain, où les bombes continuent de tomber et les otages restent en captivité.
Alors que la nuit tombait sur le siège de l’ONU, les délégués se sont dispersés pour communiquer les résultats à leurs capitales. Ce qui semble clair, c’est que si le fossé diplomatique entre les États-Unis, Israël et une grande partie du monde s’est élargi, le chemin vers la fin de ce conflit reste aussi insaisissable que jamais.
En rapportant depuis les Nations Unies, je suis frappé par la façon dont le langage diplomatique formel contient à peine l’émotion brute qui sous-tend ce vote—un reflet à la fois de l’horreur des attaques du 7 octobre et de la catastrophe en cours qui se déroule dans les rues et les hôpitaux surpeuplés de Gaza.