Lorsque Tony Porter dirigeait sa petite entreprise manufacturière à Bristol, les tarifs douaniers sur l’acier américain ont fait grimper ses coûts de près de 20% sur trois ans. « Nous avons failli ne pas survivre, » m’a-t-il confié la semaine dernière lors d’une entrevue matinale dans son entrepôt. « Plusieurs de mes collègues n’ont pas eu cette chance. »
L’expérience de Porter illustre les enjeux concrets de l’accord commercial préliminaire que le Premier ministre Rishi Sunak a obtenu avec l’ancien président Donald Trump lors de leur rencontre à Mar-a-Lago. Ce cadre d’entente, annoncé mardi, signale une possible refonte des relations commerciales transatlantiques qui pourrait éventuellement influencer des discussions similaires avec le Canada.
L’accord informel, conclu pendant la période de transition pré-inaugurale de Trump, prévoit une réduction des tarifs douaniers sur les exportations britanniques d’acier et d’aluminium vers les États-Unis, en échange d’un assouplissement des barrières britanniques sur les produits agricoles américains. Bien que modeste comparé à des accords commerciaux complets, son calendrier et sa structure révèlent l’approche évolutive de Trump en matière de commerce international.
« Il ne s’agit pas tant des détails que du signal envoyé, » explique Margaret Doran, chercheuse principale au Centre de politique commerciale de la London School of Economics. « Trump établit que les accords bilatéraux avec des alliés proches sont prioritaires dans sa doctrine économique, à condition que ces alliés fassent des concessions tangibles. »
Pour le Canada, dont l’économie dépend fortement du commerce transfrontalier avec les États-Unis, ce cadre britannique représente à la fois un avertissement et une opportunité. Le gouvernement du Premier ministre Justin Trudeau a discrètement commencé à se préparer à une éventuelle renégociation des dispositions clés de l’ACEUM (Accord Canada–États-Unis–Mexique), qui fera l’objet d’un réexamen en 2026.
L’accent mis sur les métaux dans l’accord britannique reflète la préoccupation persistante de Trump pour les secteurs manufacturiers qu’il considère vitaux pour la sécurité nationale. Durant son premier mandat, Trump avait imposé des tarifs de 25% sur l’acier et de 10% sur l’aluminium provenant de plusieurs pays, dont le Royaume-Uni et le Canada, en invoquant l’article 232 de la Loi sur l’expansion du commerce.
Des responsables canadiens, s’exprimant sous couvert d’anonymat en raison de sensibilités diplomatiques, ont indiqué qu’ils étudient attentivement le cadre britannique. « Nous ne partons pas de zéro comme la Grande-Bretagne, » a noté un conseiller principal en commerce. « Nous avons déjà navigué ces eaux avec Trump, mais le paysage a changé. »
Ce qui rend l’accord Royaume-Uni-Trump particulièrement remarquable est sa nature informelle. En travaillant via un cadre plutôt qu’un traité contraignant nécessitant l’approbation du Congrès, Trump démontre sa préférence pour l’action exécutive et la diplomatie personnelle—approches qu’il apportera probablement aux futures négociations canadiennes.