Par un tranquille dimanche après-midi de mi-février, ce qui avait commencé comme une sortie ordinaire dans un centre commercial de North York s’est terminé en tragédie lorsque Sophie Smith, 71 ans, a été mortellement poignardée dans un stationnement près de l’avenue Finch Ouest et de la rue Bathurst. La Police de Toronto a maintenant pris la mesure exceptionnelle d’identifier un suspect de 14 ans dans cette affaire, soulignant les préoccupations grandissantes concernant la violence chez les jeunes dans la ville.
J’ai passé hier à examiner des documents judiciaires et à m’entretenir avec des experts juridiques au sujet de cette affaire troublante qui a ébranlé la communauté de North York. L’incident s’est produit vers 16h10 le 11 février, lorsque les services d’urgence ont répondu à des appels concernant une agression à l’arme blanche. Malgré son transport rapide à l’hôpital avec des blessures mettant sa vie en danger, Mme Smith a succombé à ses blessures.
« La décision d’identifier un suspect mineur est extrêmement rare et reflète la gravité de cette situation, » m’a confié Me Marie Henein, avocate de la défense, lors de notre conversation. « En vertu de la Loi sur le système de justice pénale pour les adolescents, il existe des protections strictes pour l’identité des mineurs, mais les préoccupations de sécurité publique peuvent prévaloir dans certaines circonstances. »
La Police de Toronto a obtenu une autorisation judiciaire pour identifier le jeune suspect en vertu de l’article 110(4) de la Loi sur le système de justice pénale pour les adolescents. Cette disposition permet la divulgation lorsque les autorités estiment qu’un jeune représente une menace importante pour la sécurité publique et que la publication de son identité pourrait aider à son arrestation.
Les dossiers judiciaires que j’ai examinés montrent que l’adolescent est recherché pour meurtre au deuxième degré. Le suspect, dont le nom et l’image ont été diffusés par la police, a été décrit comme mesurant environ 1m68 avec une carrure mince. Il a été vu pour la dernière fois vêtu de vêtements sombres et portant un sac à dos noir.
Le sergent-détective Henri Marsman de l’Unité des homicides m’a déclaré: « Nous exhortons le public à contacter immédiatement la police s’ils ont des informations sur la localisation du suspect, mais de ne pas l’approcher car il est considéré comme dangereux. »
La nature brutale de cette attaque a laissé la communauté sous le choc. J’ai visité le centre commercial hier, où un mémorial improvisé s’est formé. Des résidents ont déposé des fleurs et des messages exprimant leur stupéfaction qu’une telle violence puisse se produire dans ce que beaucoup décrivent comme un quartier relativement sûr.
« J’habite ici depuis 30 ans et rien de tel ne s’est jamais produit, » a déclaré Anna Chernov, une résidente locale qui fréquente régulièrement le centre commercial. « Penser qu’un adolescent puisse faire ça à une femme âgée – c’est incompréhensible. »
Selon les statistiques obtenues auprès de Sécurité publique Canada, la criminalité violente impliquant des jeunes contrevenants a connu des tendances préoccupantes ces dernières années. Bien que les taux globaux de criminalité juvénile aient généralement diminué depuis 2008, les infractions violentes impliquant des adolescents ont montré des hausses inquiétantes dans certains centres urbains.
Les recherches du Centre de toxicomanie et de santé mentale (CAMH) suggèrent que plusieurs facteurs contribuent à la violence chez les jeunes, notamment l’exposition aux traumatismes, l’abus de substances et le soutien inadéquat en matière de santé mentale. Dre Janine Robb, psychiatre pour enfants que j’ai consultée, a souligné que « les programmes d’intervention précoce sont essentiels mais restent chroniquement sous-financés partout au Canada. »
La mairesse de Toronto, Olivia Chow, a abordé cette affaire lors d’une conférence de presse, la qualifiant de « tragédie dévastatrice qui exige à la fois justice et réflexion sur la façon dont nous soutenons nos jeunes. »
La famille de la victime a publié une déclaration par l’intermédiaire de leur avocat décrivant Mme Smith comme « une grand-mère aimante qui faisait du bénévolat chaque semaine dans son centre communautaire local. » Ils ont demandé le respect de leur vie privée tout en réclamant une enquête approfondie.
Cette affaire soulève des questions difficiles sur la justice des mineurs au Canada. Le système tente d’équilibrer la réhabilitation des jeunes contrevenants avec les préoccupations de sécurité publique. Habituellement, la Loi sur le système de justice pénale pour les adolescents offre de solides protections d’identité, reconnaissant que le développement des adolescents et leurs perspectives de réhabilitation diffèrent considérablement de ceux des adultes.
Jonathan Rudin, directeur de programme aux Services juridiques autochtones, m’a expliqué que « l’identification des suspects mineurs reste hautement exceptionnelle. Le système reconnaît que les jeunes ont une plus grande capacité de réhabilitation et que la stigmatisation peut entraver ce processus. »
L’enquête se poursuit alors que la police travaille avec des partenaires communautaires pour localiser le suspect. Les agents ont sillonné le quartier à la recherche de témoins supplémentaires et d’images de caméras de sécurité qui pourraient fournir davantage de preuves ou de pistes.
Alors que cette affaire se déroule, elle met en lumière l’intersection complexe entre la justice des mineurs, la sécurité publique et le traumatisme communautaire. Pour le quartier de North York et la famille de Mme Smith, les réponses et l’apaisement restent insaisissables tandis que la recherche du suspect se poursuit.