Je viens de terminer un appel avec une porte-parole d’Air Canada concernant les tensions croissantes entre la compagnie aérienne et ses pilotes. L’histoire qui se développe aujourd’hui a des implications préoccupantes pour des milliers de voyageurs canadiens à l’approche de la saison des vacances d’été.
Air Canada a commencé à annuler des vols hier, une mesure préventive alors que les négociations avec le syndicat des pilotes sont au bord de l’échec. Selon la compagnie aérienne, environ 5 000 vols seront annulés en juillet et août, principalement sur des routes où des options alternatives existent pour les voyageurs.
« Nous prenons des mesures réfléchies pour minimiser les perturbations pendant que les négociations se poursuivent, » a expliqué Lauren Stewart, directrice des relations médias d’Air Canada, lors de notre conversation ce matin. « Notre priorité reste de parvenir à un accord qui convient à nos pilotes tout en maintenant le service pour les Canadiens. »
L’Association des pilotes de ligne (ALPA), qui représente plus de 5 000 pilotes d’Air Canada, négocie pour de meilleures compensations et dispositions d’horaires. Leur contrat actuel a expiré en septembre dernier, et des mois de pourparlers ont donné peu de résultats.
J’ai parlé avec James McKay, un pilote d’Air Canada basé à Toronto depuis 16 ans, qui a décrit la frustration croissante parmi les membres d’équipage. « Nous avons vu les transporteurs américains augmenter considérablement la rémunération des pilotes alors que nous avons pris du retard. Beaucoup d’entre nous regardent au sud de la frontière pour des opportunités. »
Le moment ne pourrait être pire pour les voyageurs canadiens. Les réservations estivales sont déjà à leur plus haut niveau depuis la pandémie, avec le long week-end de la fête du Canada dans quelques semaines. Le ministre des Transports, Pablo Rodriguez, a exprimé son inquiétude lors de la conférence de presse d’hier à Ottawa.
« Nous encourageons fortement les deux parties à rester à la table des négociations, » a déclaré Rodriguez. « Les Canadiens dépendent d’un service aérien fiable, surtout pendant les périodes de pointe. »
Les annulations surviennent alors que la compagnie aérienne tente d’éviter le chaos qui résulterait d’un arrêt de travail soudain. En réduisant les horaires maintenant, Air Canada vise à replanifier les passagers affectés et à ajuster les besoins en personnel avant qu’une situation potentielle de grève ou de lock-out ne se développe.
Selon les données de l’Office des transports du Canada, Air Canada a exploité environ 50 000 vols en juillet et août l’année dernière, ce qui signifie que les 5 000 annulations représentent environ 10 % de leur programme estival habituel.
L’analyste de l’industrie Martin Ferguson de l’Association canadienne du transport aérien m’a indiqué que ces réductions affecteront principalement les routes nationales avec plusieurs fréquences quotidiennes. « Ils allègent essentiellement les horaires plutôt que d’éliminer complètement le service vers certaines destinations. »
Pour les voyageurs détenant des billets, Air Canada a commencé à envoyer des notifications concernant les changements de réservation. La compagnie aérienne affirme que la plupart des passagers touchés se verront proposer des vols alternatifs partant dans les 24 heures suivant leur horaire initial. Cependant, ma boîte de réception se remplit déjà de messages de voyageurs inquiets qui doutent que ces accommodements se matérialisent.
Tracy Williams d’Edmonton a écrit que les vacances familiales à Halifax sont maintenant en péril. « Nous avons réservé il y a neuf mois, et maintenant on nous dit que notre vol de retour est annulé sans garantie de rentrer comme prévu. »
Le conflit de travail porte sur plusieurs questions clés. Outre la rémunération, les pilotes recherchent des protocoles d’horaires améliorés et des dispositions de sécurité d’emploi plus solides. Avec la pénurie mondiale de pilotes dans l’industrie de l’aviation, les pilotes d’Air Canada disposent d’un levier considérable dans ces négociations.
Les impacts financiers pourraient être substantiels pour la compagnie aérienne. En examinant le dernier rapport trimestriel d’Air Canada, j’ai constaté que le transporteur venait à peine de renouer avec la rentabilité après les pertes liées à la pandémie. Des annulations de vols de cette ampleur pourraient coûter des dizaines de millions en revenus perdus et en obligations de compensation.
Plusieurs fournisseurs d’assurance voyage que j’ai contactés ont confirmé que la couverture des polices varie considérablement concernant les perturbations de travail. De nombreuses polices d’assurance voyage de base excluent la couverture des annulations résultant de conflits de travail, laissant les voyageurs potentiellement exposés à des dépenses importantes.
Pour ceux qui ont des réservations à venir avec Air Canada, les experts recommandent de télécharger l’application de la compagnie aérienne pour des mises à jour en temps réel et d’envisager des options de réservation flexibles lorsque possible. La compagnie aérienne a temporairement supprimé les frais de modification pour les vols prévus jusqu’en août.
Alors que les négociations se poursuivent, les deux parties maintiennent qu’elles sont déterminées à parvenir à un accord. Cependant, l’ampleur des annulations préventives suggère qu’Air Canada se prépare à une perturbation prolongée.
Je suivrai les développements de la réunion d’urgence de l’ALPA prévue pour demain matin, où les dirigeants syndicaux discuteront des votes potentiels d’autorisation de grève. Quoi qu’il arrive ensuite, il est clair que des milliers de projets de voyage estivaux canadiens sont maintenant en suspens.