Alors que le soleil se lève sur l’horizon historique de Québec, le Cardinal Gérald Cyprien Lacroix se tient à la fenêtre de son bureau, contemplant le poids de l’histoire. Cela fait presque deux ans que le Pape François a effectué son « pèlerinage pénitentiel » au Canada, demandant pardon pour le rôle de l’Église catholique dans les pensionnats autochtones qui ont dévasté les communautés pendant des générations.
« Ce voyage continue, » me confie le Cardinal Lacroix lors de notre entretien à sa résidence près de la Basilique-Cathédrale Notre-Dame de Québec. « La visite du Pape n’était pas une fin—c’était un commencement. »
Les réflexions du Cardinal surviennent à un moment crucial alors que les leaders catholiques canadiens mettent en œuvre les engagements pris lors de la visite historique du Pape en 2022. Ce voyage marquait la première fois qu’un pontife présentait formellement des excuses en sol canadien pour le rôle de l’Église dans le système des pensionnats qui a séparé quelque 150 000 enfants autochtones de leurs familles entre les années 1880 et 1996.
« Quand le Pape François s’est agenouillé pour baiser la main d’Alma Desjarlais, survivante des pensionnats, à Edmonton, ce n’était pas symbolique—c’était une transformation en action, » affirme Lacroix, faisant référence à l’un des moments les plus puissants de la visite papale. « Maintenant, nous devons transformer ces gestes en changements durables. »
L’Archevêque de Québec expose les mesures concrètes prises dans son archidiocèse depuis la visite papale. Son bureau a établi un fonds de réconciliation qui a versé environ 320 000 $ à des initiatives de guérison dirigées par des Autochtones. Ils ont également lancé des programmes éducatifs dans les écoles catholiques abordant l’histoire des pensionnats et se sont associés aux aînés de la Nation huronne-wendat pour offrir une formation sur la sensibilisation culturelle au clergé.
Ces efforts reflètent un équilibre délicat au Québec, où le patrimoine catholique de la province demeure important malgré la baisse de la fréquentation des églises. Des chiffres récents de Statistique Canada montrent que la fréquentation hebdomadaire de la messe au Québec n’est que de 14 %, comparativement à 90 % au début des années 1960—pourtant, 53 % s’identifient toujours comme catholiques.
Wilton Littlechild, ancien commissaire de la Commission de vérité et réconciliation qui a accueilli le Pape à Maskwacis, en Alberta, apprécie les initiatives québécoises mais souligne la nécessité d’en faire davantage. « Le travail du Cardinal Lacroix représente un bon progrès, mais la réconciliation exige un engagement soutenu sur plusieurs générations, » explique Littlechild par téléphone. « Chaque diocèse doit aborder cette question localement tout en comprenant qu’il s’agit d’un parcours de guérison national. »
Le travail de réconciliation survient dans une période difficile pour l’Église catholique du Québec. L’archidiocèse a récemment annoncé une