Dans le sillage d’une audience controversée sur le projet de loi 9, l’atmosphère à Queen’s Park a pris une tournure inattendue lorsque Lida Chiarelli a défendu son mari, l’ancien conseiller municipal d’Ottawa Rick Chiarelli, affirmant qu’il avait été victime de la « culture de l’annulation » durant ses dernières années en fonction.
L’audience publique, censée aborder les amendements à la législation municipale de l’Ontario, a plutôt mis en lumière les tensions persistantes d’une des carrières politiques les plus controversées d’Ottawa. Rick Chiarelli, qui a servi près de 30 ans comme conseiller avant d’être dépouillé de ses pouvoirs clés suite à des allégations d’inconduite en milieu de travail, n’était pas présent—mais la défense passionnée de sa femme a résonné dans toute la salle du comité.
« Mon mari a été victime d’une culture de l’annulation qui existe dans notre société aujourd’hui, » a déclaré Lida Chiarelli aux membres du comité, la voix assurée malgré le sujet chargé d’émotion. L’épouse de l’ancien conseiller a soutenu que son mari s’était vu refuser une procédure régulière, une affirmation qui contrastait fortement avec les conclusions du commissaire à l’intégrité d’Ottawa.
Cette enquête, achevée en 2020, avait conclu que Chiarelli avait effectivement violé le code de conduite de la ville par des commentaires et questions inappropriés lors d’entretiens d’embauche. Les sanctions qui ont suivi—notamment la suspension de salaire et la restriction des ressources de bureau—représentaient les pénalités les plus sévères disponibles selon les règlements municipaux de l’époque.
La conseillère du quartier Somerset, Ariel Troster, qui assistait à l’audience, a exprimé sa consternation face au déroulement des procédures. « C’était vraiment troublant d’entendre ce témoignage et d’entendre les applaudissements dans la salle quand elle a terminé, » a rapporté Troster. Le spectacle semblait particulièrement discordant dans le contexte de l’objectif déclaré du projet de loi 9 : renforcer les mécanismes de responsabilisation des élus municipaux.
Le projet de loi, officiellement connu sous le nom de Loi sur l’amélioration de la gouvernance municipale, propose d’élargir les pouvoirs des commissaires à l’intégrité, y compris la possibilité de recommander la destitution d’un membre du conseil—une mesure qui n’était pas disponible lors de l’affaire Chiarelli. Le projet représente un changement significatif dans la façon dont l’inconduite municipale pourrait être traitée à l’avenir, créant potentiellement des conséquences plus substantielles pour les abus de confiance publique.
Catherine McKenney, ancienne conseillère et candidate à la mairie qui a siégé aux côtés de Chiarelli, a offert une critique pointue sur les médias sociaux après l’audience. « Rick Chiarelli n’était pas une victime, » a écrit McKenney. « Les jeunes femmes qui ont été harcelées sexuellement alors qu’elles essayaient de travailler pour la ville étaient les victimes. »
Pour les femmes qui ont dénoncé Chiarelli, les procédures du jour ont ressenti comme une réouverture malvenue de blessures qu’elles avaient travaillé dur à guérir. Nancy O’Brien, qui a publiquement partagé son expérience avec Chiarelli en 2019, a confié à Mediawall.news lors d’un entretien téléphonique : « Entendre quelqu’un rejeter tout ce que nous avons traversé comme ‘culture de l’annulation’ ressemble à un effacement de notre réalité vécue. »
Le rapport du commissaire à l’intégrité avait détaillé des comportements troublants, notamment des allégations selon lesquelles Chiarelli aurait demandé à des candidates à l’emploi de participer sans soutien-gorge à des événements ou de travailler dans des clubs de strip-tease. Ces conclusions ont conduit le conseil à voter pour l’application de toutes les sanctions disponibles—une suspension de salaire de 450 jours et le retrait des ressources budgétaires.
Ce qui rend l’affaire Chiarelli particulièrement pertinente aux discussions sur le projet de loi 9, c’est la façon dont elle a exposé les limites des mécanismes de surveillance municipale. Même avec les sanctions les plus sévères appliquées, Chiarelli est resté en fonction jusqu’aux élections de 2022, où il a choisi de ne pas se représenter.
Le ministre des Affaires municipales et du Logement, Paul Calandra, qui préside le comité supervisant le projet de loi 9, a maintenu une position neutre pendant le témoignage de Lida Chiarelli. Lorsqu’il a été sollicité pour un commentaire par la suite, son bureau a publié une déclaration soulignant l’engagement du gouvernement à « garantir que les municipalités disposent des outils nécessaires pour fonctionner efficacement et maintenir la confiance du public. »
L’audience a également révélé les divisions communautaires persistantes concernant l’héritage de Chiarelli. Plusieurs anciens résidents du quartier College ont assisté en soutien à Lida Chiarelli, certains applaudissant après son témoignage. D’autres, y compris d’anciens employés municipaux, ont secoué la tête en désaccord visible.
Elizabeth Goodyear, professeure de sciences politiques à l’Université Carleton, suggère que cette division reflète une polarisation plus large dans la manière dont nous traitons les allégations d’inconduite. « Ce que certains considèrent comme une responsabilisation attendue depuis longtemps, d’autres l’interprètent comme une punition excessive sans procédure légale suffisante, » a-t-elle expliqué. « La gouvernance municipale manque souvent des freins et contrepoids robustes que nous attendons des autres niveaux de gouvernement. »
Alors que le projet de loi 9 poursuit son cheminement dans le processus législatif, la controverse Chiarelli sert à la fois d’avertissement et d’étude de cas. La question demeure de savoir si des mesures d’intégrité renforcées parviendront à trouver le juste équilibre entre la protection des accusateurs et la garantie d’une équité procédurale pour les accusés.
Pour les résidents d’Ottawa qui ont vécu cette saga de plusieurs années, le débat est loin d’être académique. « Ce n’était pas simplement du théâtre politique, » a noté la militante communautaire Jennifer Moroziuk. « De vraies personnes ont vu leur carrière et leur bien-être affectés par ce qui s’est passé dans ce bureau. »
Alors que le comité ajournait pour la journée, le contraste ne pouvait être plus clair : ce qui était prévu comme une législation tournée vers l’avenir revenait sans cesse aux tensions non résolues du passé politique d’Ottawa—un rappel que les débats politiques portent souvent le poids d’histoires personnelles qui résistent à une résolution nette.