Dans l’air frais du soir au Parc Labatt, l’histoire s’est déroulée sans fanfare mais avec une importance indéniable. Ayami Sato, la sensation japonaise du monticule, a pris place pour les London Majors jeudi soir, devenant ainsi la première femme à jouer dans une ligue professionnelle masculine de baseball canadien.
Ce moment n’a pas été marqué par des lancers cérémoniels ou des présentations spéciales. Sato a simplement marché sur le terrain à la sixième manche, ses crampons s’enfonçant dans la même terre que des générations de joueurs masculins avaient foulée avant elle.
« Je ne pensais pas à faire l’histoire, » m’a confié Sato par l’intermédiaire de son interprète après le match, son uniforme portant encore les traces de poussière d’un glissement en deuxième base. « Je me concentrais sur mes lancers et sur l’aide que je pouvais apporter à mon équipe pour gagner. »
À 35 ans, Sato apporte un CV impressionnant sur nos rives canadiennes. Elle a été sept fois Joueuse la plus utile dans la Ligue féminine de baseball du Japon et le pilier de l’équipe nationale japonaise qui a dominé la Coupe du monde de baseball féminin, remportant six championnats consécutifs entre 2008 et 2018.
La Ligue Intercounty de Baseball, le plus ancien circuit professionnel indépendant du Canada datant de 1919, n’avait jamais vu de joueuse féminine jusqu’à maintenant. Le commissaire de la ligue, Mike Gillies, a décrit cette signature comme « non pas un coup publicitaire, mais une décision basée sur le baseball. »
« Nous suivons sa carrière depuis des années, » a déclaré le gérant des Majors, Roop Chanderdat. « Sa maîtrise de cinq lancers différents et sa compréhension des situations de jeu la rendent précieuse, indépendamment de son genre. C’est une question de compétence en baseball, tout simplement. »
Les débuts de Sato n’étaient pas parfaits – elle a accordé deux points en deux manches – mais ont montré des éclairs du brillant qui a fait d’elle une légende au Japon. Sa balle cassante signature a provoqué des exclamations audibles parmi la foule de 2 373 personnes, qui ont bravé des températures inhabituellement fraîches pour témoigner de cet événement marquant.
Selon les statistiques de Baseball Canada, la participation féminine au baseball a augmenté de 32 % au cours de la dernière décennie, avec près de 8 000 filles et femmes jouant maintenant au baseball organisé à travers le pays. Le président de l’organisation, Jason Dickson, voit l’arrivée de Sato comme un moment décisif.
« Les jeunes Canadiennes peuvent maintenant voir un exemple concret de ce qui est possible, » a déclaré Dickson. « C’est une chose de leur dire qu’elles peuvent jouer avec les garçons, c’en est une autre de leur montrer quelqu’un qui le fait au niveau professionnel. »
Dans les gradins, j’ai rencontré Emily Watkins, qui a conduit trois heures depuis Sudbury avec sa fille Sophia, 12 ans, qui joue au deuxième but dans une équipe majoritairement masculine.