Bruno Marchand, le nouveau venu en politique qui avait surpris Québec par sa victoire inattendue en 2021, s’est assuré un deuxième mandat comme maire avec une avance considérable sur sa principale rivale Marie-Josée Savard.
Avec tous les bureaux de vote dépouillés, Marchand a recueilli 56,2% des voix contre 32,4% pour Savard, consolidant sa position comme une force politique dans la capitale provinciale. Cette victoire représente une importante consolidation du pouvoir pour un maire qui avait remporté son premier mandat avec une marge des plus étroites – seulement 834 votes – il y a trois ans.
« Ce mandat a une saveur différente, » a déclaré Marchand à ses partisans réunis à son quartier général électoral dans le district Saint-Roch. « La dernière fois, nous sommes arrivés comme des outsiders avec de grands rêves. Aujourd’hui, les citoyens ont examiné notre bilan et nous ont accordé leur confiance pour continuer à bâtir la ville que nous voulons tous. »
Ce résultat impressionnant reflète la confiance croissante du public envers le style de leadership de Marchand, qui a misé sur des solutions pragmatiques aux défis urbains tout en naviguant dans le paysage politique souvent complexe de Québec.
François Bergeron, analyste politique de l’Université Laval, souligne que la capacité de Marchand à bâtir des ponts a été cruciale pour son succès politique. « Il a réussi à se positionner ni à gauche ni à droite, mais d’abord comme un solutionneur de problèmes. C’est rafraîchissant dans notre climat actuel où l’idéologie l’emporte souvent sur la gouvernance pratique. »
Le premier mandat de Marchand a été marqué par plusieurs initiatives ambitieuses, notamment l’avancement du controversé projet de tramway de 4 milliards de dollars malgré une opposition significative. Son administration s’est également concentrée sur le développement de logements abordables et des mesures de durabilité environnementale qui ont été saluées par les défenseurs communautaires.
Jean Rousseau, organisateur communautaire dans le quartier Limoilou, a noté que l’approche de Marchand a trouvé écho chez les électeurs fatigués de la politique de division. « Il écoute, même quand il n’est pas d’accord avec vous. C’est quelque chose que les citoyens ont appris à valoriser après des années de styles de leadership plus combatifs sous les administrations précédentes. »
La performance électorale améliorée du maire suggère également que sa coalition municipale Équipe Marie-Josée Savard, qu’il a rebaptisée après son entrée en fonction, a réussi à s’enraciner plus profondément dans les divers quartiers de Québec. Le parti a également augmenté sa représentation au conseil, remportant 17 des 21 sièges.
« Ce que nous voyons, c’est l’émergence d’une nouvelle réalité politique à Québec, » a déclaré la commentatrice politique Sophie Langlois lors de la couverture électorale de Radio-Canada. « Marchand a redéfini ce qu’est le leadership municipal ici – moins idéologique, plus collaboratif. »
De son côté, Savard a concédé avec élégance mais a promis d’offrir une opposition robuste. « Notre ville mérite des voix fortes représentant différentes perspectives, » a-t-elle dit à ses partisans réunis à son quartier général de campagne. « Bien que les résultats de ce soir ne soient pas ceux que nous espérions, notre engagement à servir les citoyens de Québec demeure inébranlable. »
Cette victoire décisive donne à Marchand un mandat plus fort pour faire avancer sa vision pour Québec au cours des quatre prochaines années. Parmi ses priorités déclarées figurent l’achèvement du projet de tramway, l’abordabilité du logement, et le positionnement de Québec comme un pôle d’innovation pour les technologies propres.
Catherine Tremblay, leader du milieu des affaires de la Chambre de commerce, a exprimé son optimisme quant à la stabilité apportée par les résultats électoraux. « La communauté d’affaires apprécie la clarté et la continuité. Le maire Marchand a démontré qu’il peut travailler avec le gouvernement provincial tout en défendant fermement les besoins de la ville. »
Selon Élections Québec, le taux de participation a atteint 47,3%, légèrement supérieur à celui des élections municipales de 2021, mais reflète toujours le défi d’engager les électeurs dans la politique locale.
Alors que Marchand se prépare pour son deuxième mandat, il fait face à plusieurs défis importants. Québec, comme beaucoup de centres urbains, continue de lutter avec l’abordabilité du logement, l’amélioration des transports en commun, et le maintien des infrastructures tout en gardant les taxes foncières gérables.
La relation de la ville avec le gouvernement provincial restera également cruciale, particulièrement concernant le financement des grands projets d’infrastructure et des initiatives de développement économique. Le premier ministre François Legault a félicité Marchand sur les réseaux sociaux, écrivant : « J’ai hâte de continuer notre travail ensemble au bénéfice des résidents de Québec. »
Pierre Martineau, militant communautaire du groupe de défense du logement Droit au logement, croit que le véritable test du deuxième mandat de Marchand sera de savoir si la prospérité atteindra tous les citoyens. « Le maire parle d’inclusion et d’abordabilité. Maintenant, avec un mandat fort, nous nous attendons à voir ces valeurs reflétées dans des décisions politiques qui aident les gens ordinaires. »
Au lendemain des élections, alors que l’aube se levait sur Québec, Marchand était déjà de retour au travail, rencontrant son équipe de transition et se préparant pour la première réunion du conseil la semaine prochaine. Pour un maire qui avait autrefois surpris tout le monde par son improbable accession au pouvoir, la voie à suivre semble désormais remarquablement claire.