Le gouvernement Ford pivote vers une approche fiscale plus prudente face aux incertitudes liées aux tarifs américains et aux vents contraires économiques. Photo: Assemblée législative de l’Ontario
Alors que les Ontariens se préparent au budget provincial de la semaine prochaine, le gouvernement du premier ministre Doug Ford fait face à un exercice d’équilibre complexe que peu avaient anticipé il y a quelques mois. Ce qui s’annonçait comme un budget potentiellement expansif en année électorale s’est transformé en un exercice fiscal plus prudent, avec les menaces de tarifs américains qui planent sur le cœur manufacturier du Canada.
Des sources à Queen’s Park révèlent que le ministère des Finances a passé ces dernières semaines à réviser à la baisse les projections de revenus en réponse aux pressions économiques croissantes. Le budget provincial, dont la publication est prévue le 30 avril, porte désormais le poids de répondre à la fois aux préoccupations immédiates concernant les tarifs et à la stabilité fiscale à long terme.
« Nous naviguons en eaux troubles, » a déclaré le ministre des Finances Peter Bethlenfalvy aux journalistes jeudi dernier lors d’une consultation prébudgétaire à Hamilton. « L’économie mondiale présente des défis qui nécessitent une gestion financière prudente tout en continuant d’investir dans l’avenir de l’Ontario. »
Ce revirement dans la planification budgétaire survient alors que le tarif de 25% proposé par Donald Trump sur les marchandises canadiennes continue de faire planer une ombre sur l’économie de l’Ontario, menaçant environ 65 000 emplois dans le seul secteur automobile de la province, selon une récente analyse de l’Institut C.D. Howe.
Les leaders de l’industrie à travers le sud de l’Ontario expriment une inquiétude croissante. « Ces tarifs pourraient dévaster des chaînes d’approvisionnement qui ont pris des décennies à se construire, » a déclaré Linda Hasenfratz, PDG de Linamar Corporation, lors d’une table ronde de l’industrie automobile à Guelph la semaine dernière. « Nous avons besoin d’un soutien provincial significatif pour traverser cette tempête potentielle. »
Les priorités budgétaires semblent avoir considérablement changé. Plutôt que les initiatives de dépenses éclatantes qui précèdent généralement les années électorales, des initiés suggèrent que le gouvernement Ford mettra l’accent sur la retenue fiscale tout en ciblant stratégiquement les investissements dans la résilience manufacturière et la diversification des chaînes d’approvisionnement.
Les prévisions provinciales projettent maintenant une croissance modeste du PIB de l’Ontario de 1,8% pour 2024, en baisse par rapport aux projections antérieures de 2,4%, comme le révèlent des documents ministériels obtenus grâce à des demandes d’accès à l’information. Cet ajustement signifie probablement moins de marge fiscale pour de nouvelles initiatives de dépenses majeures.
La stratégie budgétaire en évolution reflète les réalités politiques auxquelles font face les Progressistes-Conservateurs de Ford, qui doivent équilibrer la prudence fiscale avec la nécessité de démontrer des actions pour protéger les intérêts économiques de l’Ontario. Actuellement en retard dans