Lorsque l’ancien directeur du SCRS Richard Fadden s’exprime sur la sécurité nationale, les cercles politiques l’écoutent attentivement. Lors de l’événement satellite du Forum sur la sécurité de Halifax tenu hier à Ottawa, Fadden a livré un message sans ambiguïté : l’indépendance du Canada dépend de la force de ses alliances internationales.
« Le Canada ne peut tout simplement pas survivre en tant que nation souveraine sans partenariats mondiaux significatifs, » a déclaré Fadden à la salle de conférence comble. « Et l’amitié n’est pas gratuite. Elle exige des investissements, de la réciprocité et parfois des compromis difficiles. »
L’ancien chef des services de renseignement, qui a servi sous des gouvernements tant conservateurs que libéraux, a souligné que le Canada fait face à des défis sans précédent de la part de régimes autoritaires cherchant à saper les institutions démocratiques par la coercition économique, les cyberattaques et la guerre de l’information.
J’ai examiné les transcriptions de la présentation de Fadden ainsi que les documents d’information fournis aux participants. Ce qui en ressort est le portrait d’une nation à la croisée des chemins – une où le cadre traditionnel de sécurité du Canada pourrait ne plus offrir une protection adéquate sans réformes significatives.
« Nous observons des tentatives d’intrusion sophistiquées ciblant nos infrastructures critiques chaque semaine, » a confirmé Stephanie Carvin, professeure associée à l’École Norman Paterson des affaires internationales de l’Université Carleton. « Il ne s’agit pas de pirates informatiques aléatoires, mais d’acteurs soutenus par des États avec des objectifs stratégiques. »
Fadden a mis en évidence trois structures d’alliance qu’il considère essentielles à la sécurité canadienne : le partage de renseignements des Five Eyes (Australie, Canada, Nouvelle-Zélande, Royaume-Uni et États-Unis), la coopération militaire de l’OTAN et les partenariats émergents indo-pacifiques pour contrer la domination régionale chinoise.
L’ancien chef du renseignement a spécifiquement critiqué les dépenses de défense du Canada, qui demeurent inférieures à l’objectif de 2% du PIB fixé par l’OTAN, malgré les récentes augmentations annoncées par le gouvernement Trudeau. Le ministre de la Défense, Bill Blair, qui s’est exprimé plus tard dans le programme, a reconnu cette lacune tout en soulignant la récente mise à jour de la politique de défense du Canada qui promet d’atteindre 1,76% d’ici 2030.
« Les chiffres ne concordent pas, » a déclaré Wesley Wark, chercheur principal au Centre pour l’innovation dans la gouvernance internationale, lorsque je l’ai rencontré après l’événement. « Nos alliés considèrent ces promesses comme insuffisantes compte tenu de l’environnement de menace auquel nous faisons tous face. »
Des documents obtenus grâce à des demandes d’accès à l’information montrent que les agences de renseignement canadiennes ont suivi plus de 200 opérations significatives d’ingérence étrangère ciblant