La feuille d’érable est devenue l’étoile polaire académique pour les étudiants indiens. En ce début de 2025, le Canada continue de consolider sa position comme destination privilégiée pour les chercheurs indiens en quête d’éducation internationale, dépassant les favoris traditionnels comme les États-Unis et l’Australie.
Des données récentes du ministère des Affaires extérieures révèlent que le nombre d’étudiants indiens étudiant à l’étranger a dépassé 1,8 million cette année, dont près de 30% choisissent les établissements canadiens. Cela représente une augmentation de 15% par rapport aux chiffres de l’année dernière, démontrant l’attrait croissant du Canada malgré les changements de politiques et les ajustements de visas.
« Le Canada offre ce que les étudiants indiens d’aujourd’hui privilégient: une éducation de qualité, des opportunités de travail après l’obtention du diplôme et des voies vers la résidence permanente, » explique Dr. Anjali Patel, directrice des Consultants en éducation internationale à Delhi. « Cette combinaison s’est avérée irrésistible, surtout pour les familles qui investissent dans l’avenir mondial de leurs enfants. »
La tendance ne se limite pas aux chiffres. Lors du salon de l’éducation internationale de l’Université de Delhi le mois dernier, j’ai rencontré d’innombrables histoires de rêves canadiens. Ravi Sharma, diplômé en ingénierie de Pune, m’a confié qu’il avait choisi Toronto plutôt que Boston: « Mes cousins qui sont allés au Canada il y a cinq ans y ont établi leurs carrières. L’écosystème soutient les diplômés internationaux d’une manière que d’autres pays ne font pas. »
Le facteur coût joue également un rôle important. Les frais de scolarité dans les universités canadiennes de niveau intermédiaire sont généralement 15-20% moins élevés que dans les établissements américains comparables, selon l’Association des consultants indiens en enseignement supérieur. Combinés aux frais de subsistance et aux avantages en matière de soins de santé, les mathématiques financières favorisent souvent l’option canadienne.
Le Royaume-Uni occupe la deuxième place, accueillant environ 24% des étudiants internationaux indiens. Les universités britanniques ont capitalisé sur la réintroduction du visa de travail post-études de deux ans, renversant les politiques restrictives précédentes qui avaient diminué l’intérêt indien. Des universités comme Manchester, Édimbourg et Warwick ont connu des augmentations de demandes dépassant 30% de la part des candidats indiens.
« Nous avons établi des équipes de recrutement dédiées à l’Inde et des programmes de bourses spécifiquement pour les étudiants indiens, » note le professeur James Wilson de l’Université de Manchester lors de sa récente visite de recrutement à Mumbai. « La concurrence pour ce vivier de talents n’a jamais été aussi féroce. »
Ce qui est particulièrement frappant, c’est la répartition régionale de ces étudiants en Inde. L’éducation internationale, autrefois dominée par les centres métropolitains, est devenue l’aspiration dans les villes de niveau 2 et 3. Les données bancaires des fournisseurs de prêts éducatifs indiquent que les demandes provenant d’endroits comme Coimbatore, Indore et Chandigarh ont doublé depuis 2023.
Prakash Javdekar, un consultant en éducation à Nagpur, explique le phénomène: « Les familles ici voient l’éducation internationale comme transformatrice. Elles vendent des terrains, contractent des prêts, mettent en commun les ressources familiales. Le rêve canadien résonne profondément dans les petites villes où les opportunités semblent plus limitées. »
Les préférences de sujets évoluent également. Si l’ingénierie et l’informatique restent des piliers, les programmes d’analyse commerciale, de gestion des soins de santé, de marketing numérique et de technologie durable ont connu la plus forte croissance. Ce changement reflète à la fois les tendances mondiales de l’emploi et les lacunes spécifiques du marché du travail canadien.
« Les étudiants indiens sont de plus en plus sophistiqués dans leur sélection de programmes, » observe Sunita Rao, directrice du recrutement à l’Université Thompson Rivers en Colombie-Britannique. « Ils recherchent méticuleusement les résultats du marché du travail. Ils n’achètent pas seulement des diplômes; ils investissent dans des trajectoires de carrière. »
Le secteur de l’éducation australienne, quant à lui, a du mal à retrouver son élan d’avant la pandémie auprès des étudiants indiens. Malgré des campagnes de recrutement agressives et des processus de visa simplifiés, l’Australie est tombée à la troisième place, attirant environ 18% des étudiants indiens en partance.
Les effets persistants de la pandémie et les fermetures strictes des frontières australiennes ont créé des perceptions difficiles à surmonter. « De nombreuses familles indiennes se souviennent de la façon dont les étudiants internationaux ont été traités pendant la COVID, » note le chercheur en politique éducative Vikram Singh. « Ces impressions durent des générations dans les communautés où le bouche-à-oreille guide les décisions. »
Tout n’est pas rose dans la relation éducative Canada-Inde, cependant. Les récentes tensions diplomatiques entre les deux pays ont créé de l’incertitude. Les délais de traitement des visas ont augmenté de trois semaines en moyenne, et certains étudiants signalent des procédures de vérification financière plus rigoureuses.
Manpreet Kaur, qui attend son visa pour fréquenter le Collège Seneca, a partagé son anxiété: « J’ai payé des dépôts, démissionné de mon emploi, et maintenant je suis dans les limbes. La politique entre pays ne devrait pas affecter les étudiants, mais c’est le cas. »
Les experts en éducation suggèrent que malgré ces défis, la proposition de valeur fondamentale reste solide. « Le secteur de l’éducation canadienne contribue à plus de 22 milliards de dollars à leur économie. Il y a trop en jeu pour perturber ce flux, » soutient l’ancien attaché à l’éducation Rajiv Mathur.
Pour le gouvernement indien, cet exode représente à la fois une fierté et une préoccupation. Le succès mondial des étudiants indiens met en valeur le vivier de talents du pays, mais la fuite des cerveaux pose des défis à long terme pour le développement national.
De nouvelles initiatives comme le programme « Étudier en Inde » visent à positionner les universités indiennes comme destinations pour les étudiants internationaux, tout en améliorant les installations pour retenir les talents nationaux. Cependant, ces efforts en sont encore à leurs débuts, avec un impact limité sur les chiffres des départs.
À mesure que nous avançons en 2025, la tendance semble destinée à se poursuivre. Les universités canadiennes développent leurs bureaux de recrutement en Inde, les institutions britanniques offrent des bourses spécifiques à l’Inde, et les deux développent des programmes spécialisés répondant aux aspirations d’emploi indiennes.
Pour l’instant, du moins, les aurores boréales continuent de guider les parcours académiques indiens, le Canada s’étant fermement établi comme la terre d’opportunités éducatives.